Algérie

Boycott culturel



Boycott culturel
Lors de ma participation à la conférence intitulée «Secteur culturel indépendant et démocratie» au Caire en décembre 2012, j'avais fait état de la bureaucratie, de la censure et de la diabolisation dont souffraient les citoyens algériens porteurs d'initiatives affranchies du joug du ministère de la Culture.J'avais découvert que cette réalité était souvent méconnue par les artistes et les acteurs culturels des pays du Maghreb, d'Afrique et de la région arabe. En effet, à coups de milliards de dollars, le régime a réussi à vendre à l'étranger une image tronquée de la situation de notre secteur culturel, en utilisant notamment les festivals folkloriques et les hommages faits aux artistes dans le but de capter leur sympathie. Parmi les présents dans la salle de conférences, mon ami, le grand homme de théâtre tunisien, Ezzedine Guannoun, était particulièrement attentif. Il revenait d'Alger où le ministère de la Culture lui avait rendu un hommage solennel. J'ai dit à Ezzedine qu'il n'avait pas besoin d'être honoré par une autorité qui maltraite ses semblables en Algérie. Je lui avais dit aussi que je ne lui en voulais pas, car c'est à nous, activistes culturels algériens, de faire le travail d'information auprès des artistes de la région pour leur ouvrir les yeux sur les pratiques du ministère, comme l'avaient fait auparavant les activistes culturels du Bahreïn, qui m'ont informé de la répression qu'ils subissaient.J'avais alors refusé de répondre à l'invitation de la ministre de la Culture, Shaïkha Mai Al Khalifa, pour participer à l'évènement «Manama, capitale de la culture arabe» en 2012. Maintenant que les élections du 17 avril dernier ont permis au régime de se maintenir, la stratégie hégémoniste du ministère de la Culture va sans doute perdurer pendante encore au moins cinq années, ajoutées aux quinze dernières années qui ont déjà mis notre culture à genoux. Au-delà du travail d'information que nous devons faire pour communiquer sur les dépassements de ce ministère, une campagne de boycott culturel, et des artistes nationaux et internationaux, et du public algérien, de toute activité culturelle initiée directement par le ministère de la Culture paraît une option tout à fait envisagée pour dire notre refus de l'utilisation des arts à des fins de glorification du régime en place.




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