«Même si nous sommes favorables à la loi sur le mariage pour tous, nous n'avons pas du tout pris en compte la politique dans notre décision. Le plus important réside dans le fait que le long métrage délivre un message positif.» Steven Spielberg, président de jury du Festival de Cannes
La consécration de Kechiche au Festival de Cannes va faire des jaloux dans le camp des cinéastes maghrébins! A commencer par les cinéastes algériens. Mohamed Lakhdar Hamina qui a remporté la Palme d'or en 1975, peut néanmoins se targuer d'avoir remporté le prix au nom de l'Algérie avec un sujet algérien et sur la Révolution de surcroît. Mais d'autres cinéastes algériens qui se sont installés en France durant la même période, auraient aimé avoir le même parcours que Kechiche: à commencer par Bahloul qui lui a offert son premier rôle et Merzak Allouache qui entama sa carrière en France en signant Un amour à Paris. Il y a aussi Rachid Bouchareb qui a essayé, à deux reprises sans pouvoir y arriver! Car ils sont nombreux les cinéastes algériens à avoir galéré en France pour trouver des fonds et filmer des histoires qu'ils ont eux mêmes choisies et dont les sujets ne sont pas dictés par une production française toujours à l'affût de l'actualité politique du moment. Les cinéastes algériens qui ont fait le même cursus que Kechiche en France n'auraient sûrement pas accepté les conditions de marketing et de servage imposées par les producteurs français. La majorité des cinéastes algériens installés en France font des sujets algériens ou à connotation algérienne. Même Nadir Moknache qui a été le premier cinéaste algérien à aborder le thème de la sexualité aussi ouvertement dans le cinéma algérien n'a pas osé aller aux frontières du réel du monde bleu de Kechiche. La sexualité est un tabou dans le cinéma algérien et l'homosexualité l'est encore plus. En revanche, dans le cinéma tunisien, le sujet est plus abordé, plus fouiné! Et la consécration de Kechiche fera sans aucun doute des jaloux dans le monde du cinéma tunisien. Le premier qui sera sensiblement touché par la réussite de Kechiche est Nouri Bouzid, cinéaste prolifique et talentueux qui fera jouer Kechiche dans son film Bizness, où il traite de la prostitution masculine! Dans une Tunisie libérale soumise à une dictature politique, il était plus facile de parler de sexe et d'homosexualité que de politique! C'est ainsi que Nouri Bouzid et surtout Farid Boughedir abordèrent conjointement des sujets tabous et sexuels. Kechiche baignait déjà dans un hammam d'interdits en Tunisie comme ce fut présenté dans Halfaouine, avant d'aborder la question de la gay pride dans son film La vie d'Adèle. La révolution arabe initiée par la jeunesse tunisienne était pour Kechiche une manière de faire exploser la révolution sexuelle tricolore! Farid Boughedir l'a déjà pensée, Nouri Bouzid avait déjà commencé, Abdelatif Kechiche l'a fait! Bizarrement Kechiche, s'exprime en France, dans une société toujours à la recherche de son identité sexuelle et une Tunisie qui est passée d'un pays libéral sexuellement à une nation islamiste fermée. Nouri Bouzid qui avait osé toutes les formes cinématographiques, pensait s'exiler en France quand il fut agressé le 9 avril 2011 par un agresseur non identifié, car il voulait exprimer ses positions favorables à la laïcité et rejeter la culture du takfîr.
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Posté Le : 28/05/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amira SOLTANE
Source : www.lexpressiondz.com