La huitième édition du Festival international du théâtre de Béjaïa (FITB) s'est mise, comme de tradition, à l'heure de la commémoration du 1er Novembre avec la représentation de la pièce Bouziane lefhel, de Omar Fetmouche, mise en scène par Azezni Ahcène et jouée par la coopérative théâtrale Sindjab de Bordj Menaïel.L'occasion a fait venir au théâtre officiels et représentants de la famille révolutionnaire, qui ont occupé, une fois n'est pas coutume, la moitié de la salle des spectacles du TRB. Dans un village révolutionnaire, quelque part en Algérie, un caïd fait régner l'injustice en spoliant de pauvres villageois de leurs biens.Son homme de main, son exécutant zélé, Moussa, est un cafetier prompt à l'exécution des ordres. Et le caïd et son homme sont deux personnages qui ne manquent pas d'arrogance et de drôlerie. Malgré leur statut «privilégié» sur l'échelle de la hiérarchie coloniale, le texte les dévalorise en les confinant dans la bouffonnerie. Ils sont aux ordres de «Monsieur Godart», qui annonce la construction d'une caserne militaire dans le douar.Il faudra des terres pour cela, et on imposera aux villageois la loi implacable de la dépossession, de l'expropriation au rabais. Dans le lot, Djafar est intéressé par vendre sa part de l'héritage pour l'amour d'une femme, Zohra, que le caïd lui fait miroiter. C'est la zizanie dans la famille de Djafar. Son frère, Bouziane, s'offusque à l'idée de vendre à l'ennemi la terre des ancêtres. La pièce enfourche la thématique classique de la terre qui va traditionnellement de pair avec celle du nationalisme. Une altercation entre les deux frères éclate, Djafar y meurt, et Bouziane monte au maquis. L'histoire est accélérée avec des sommaires imprévus et des éclipses meublées par des éclairages et de la musique.El caïd et Moussa chantent et boivent à la santé de Suzanne, une Française qu'attendait en trépignant d'impatience le pauvre cafetier. A ce moment, Bouziane apparaît dans le village la nuit de Noël avec ses compagnons d'armes pour surprendre les deux hommes vendus qu'il humilie en les forçant à se dévêtir à moitié. Suzanne, tant attendue, arrive au «bon moment» et aussitôt retourne ses talons à la vue des deux hommes déplumés, doublement rejetés. Les événements s'accélèrent sur scène. Aussitôt Bouziane, le «hors-la-loi», réapparaît dans le village avec sa troupe de moudjahidine, un accrochage s'engage et Bouziane lefhel tombe aux champs d'honneur sous les sons de youyous le glorifiant. Le narrateur qui a introduit la pièce revient pour la conclure avec un discours qui crie le serment de continuer le combat pour la libération du pays.La pièce n'a duré que 40 minutes. Ecourtée pour être au rendez-vous de la salve de minuit du Premier Novembre. Conçue pour être jouée en 1h 15 mn, elle a sacrifié pour les officiels la moitié de son temps d'origine, soit le temps qu'a mis le wali et sa délégation pour arriver au théâtre, avec une heure complète de retard, empêchant la représentation intégrale de Bouziane lefhel. Le public n'a pas pu voir, entre autres, l'inauguration de la caserne, la mort du caïd et l'entrée en scène du fils de Bouziane lefhel pour dire la reprise du flambeau par une nouvelle génération d'hommes d'un autre novembre.
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Posté Le : 02/11/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kamel Medjdoub
Source : www.elwatan.com