Algérie

Bouziane Benachour. Journaliste et dramaturge : «Mon théâtre n'est pas celui des héros»



«Dans les années 1970 et 1980, Alloula était un dieu du théâtre. Il le méritait, sauf que son théâtre a fait beaucoup de tort. Alloula lui-même disait qu’il était dans une sorte d’expérimentation, notamment dans sa trilogie, Legoual, Lejouad et  Litham, produite dans les années 1980. Il m’est arrivé de dire que Alloula n’est pas une statut et qu’il y a d’autres formes de théâtre. Alloula n’est pas le premier dans El Halqa. Kaki l’avait devancé. Alloula et les Allouliens faisaient du théâtre militant», a-t-il ajouté. Bouziane Benachour, qui est dramaturge, journaliste et romancier, a rappelé avoir connu d’autres hommes de théâtre qui ont laissé leurs marques dans le quatrième art algérien. «Je viens du théâtre et j’ai rejoint le journalisme presque par hasard. J’y ai pris goût. J’ai fait du journalisme culturel. J’ai essayé d’écrire sur le théâtre. Et je suis passé à l’écriture théâtrale. Ma première pièce a été montée par le Théâtre régional d’Oran en 1984, Sayad el Melh (Le chasseur de sel), une histoire d’amour des plus banales», a-t-il dit. Il revendique le théâtre de la petite distribution, le théâtre à dimension humaine. «Je suis issu des petites gens. Je suis né dans un quartier populaire à Beni Saf et vécu à Oran. J’aime le théâtre du huis clos. Mon théâtre n’est pas celui des héros, celui des gens humbles. J’essaie, avec mes modestes moyens, de donner la voix à ce qui n’en ont pas. J’ai la même attitude dans mes romans. Ma subjectivité est irriguée par les gens de la marge», a expliqué l’auteur de Chouf ya Ahmed. Bouziane Benachour n’aime pas trop le théâtre à messages. «J’ai rencontré Tayebi Seddiki, grand homme de théâtre marocain, qui m’avait dit : ‘‘Je ne suis pas facteur’’ ! Cela a été une bonne leçon pour moi. J’essaie de rassembler autour du théâtre. Mais, je dois dire que j’ai perdu mes illusions après octobre 1988. Ceux qui pratiquent le théâtre ne peuvent être que tolérants. Le théâtre va ensemble avec tolérance, générosité, amour et solidarité. Qu’on aime le théâtre, on aime les gens», a-t-il appuyé. Il reproche au théâtre produit aujourd’hui son esthétisme et ses complexités inutiles. «J’ai des hypothèses. On veut tuer l’aîné, tuer Kaki, Kateb, Alloula…On veut recopier la parabole et internet. Et, enfin, on prétend faire de l’expérimental en jouant l’importe quoi sur scène. Souvent, cela donne l’effet  inverse», a-t-il observé. Il prépare un nouvel essai sur le théâtre algérien actuel. Il trouve anormal qu’il existe peu d’écrits sur le quatrième art algérien contrairement à des pays tels que l’Egypte, la Syrie, le Maroc ou la Tunisie. «En écrivant mon premier livre sur le théâtre algérien, je me suis rendu compte qu’il y avait peu d’ouvrages et de références, à peine deux ou trois livres ! Les écrits actuels sont insuffisants ou trop académiques», a-t-il regretté. Bouziane Benachour travaille actuellement sur l’adaptation de Carmen, l’opéra comique de Georges Bizet, inspiré de la nouvelle de Prosper Mérimée. «Un vieux rêve», a-t-il concédé, faisant le parallèle entre «Carmen», la belle femme rebelle tant convoitée, et l’Algérie d’aujourd’hui.  Sa dernière pièce Nass Mechria, montée par le Théâtre régional de Tizi Ouzou, sera en compétition lors de la prochaine édition du Festival national du théâtre professionnel à Alger. Bouziane Benachour, journaliste depuis 33 ans, exercé à El Djoumhouria, Algérie Actualités et El Watan. Il a à son actif une dizaine d’ouvrages entre romans et essais : Le théâtre algérien d’octobre 1988 à ce jour, Dix ans de solitude, Hogra, Hallaba, etc. Bouziane Benachour a écrit aussi une quinzaine de pièces de théâtre, comme Kheroub bladi, Mara, mara, Chouf ya Ahmed. Il a reçu le prix Mohamed Dib en 2011. Il envisage d’adapter Carmen.


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