Algérie - Costumes traditionnels

Bouzeguène (Tizi OUZOU) - Le burnous kabyle ressuscité à Houra





Voué à l’oubli, le burnous kabyle a déployé ses larges pans à Houra où il a été ressuscité à travers une mémorable fête les 23, 24 et 25 mai par l’association Yakoubi Ferhat, en collaboration avec le comité de village.

Epique fut la première édition inscrite sous le thème générique «le burnous, culture et tradition», qui a drainé des milliers de visiteurs venus des quatre coins de la région et du pays.

Trois jours durant, les trois sites de la localité, correspondant aux trois factions qui constituent ce village-pilote fonctionnant un peu sous les modèles de régionalisation positive rêvés par des hommes politiques qui y voient une chance pour l’Algérie, ont connu une rare effervescence.

Ce qui aura d’abord frappé l’esprit, c’est l’organisation qui aura prévalu dans ce village de 6.000 habitants, soudé dans sa composante humaine, qui aura anticipé sur la suite à donner à l’événement pour lui éviter l’essoufflement qui mine bien des fêtes régionales montées dans la précipitation.

Les invités appelés à prendre la parole lors de l’inauguration de la fête l’ont bien compris en s’accordant à dire leur satisfaction de voir ce pan de notre identité sorti de l’oubli, promettant, côté APW, Direction de la culture et APC de Bouzeguène et autres sponsors, une aide substantielle.

Et la wilaya, qui a intégré dans son agenda culturel cette fête, la 14e du genre dans la région, sait qu’elle ne sera pas déçue eu égard à sa réelle prise en charge par Houra.

La fête du burnous est perçue ici comme un moyen de revenir à l’identité et aux racines tant il participe à la représentation de l’âme collective de la Kabylie, qui voit à travers cet habit un symbole.

Raison de plus quand on sait que dans ce village, où existent encore des tisseuses dont il reste seulement à transmettre le savoir-faire de génération en génération, il subsiste un séduisant proverbe qui les glorifie «Toutes les femmes savent tisser, mais les éloges vont à Fadhma Ouallouche».

L’historique du burnous, dressé par l’anthropologue et archéologue Karim Stiti lors d’une conférence présentée devant une très nombreuse assistance, dont beaucoup de femmes qui ont participé aux débats, est venu compléter ce qui est colporté sur cet habit traditionnel algérien.

Plus qu’un accessoire destiné à combattre le froid ou un cache-misère, il s’investit de significations et charges symboliques.

Aile protectrice de la femme qui le confectionne, de conjuration du mauvais sort, il est signe de paix et symbole d’honneur.

Et aujourd’hui, le défi est de lui éviter le sort de la robe kabyle, devenue robe d’un jour et de le pérenniser avec cette chance que dans certaines régions du pays, le burnous en laine, tissé par des métiers traditionnels est toujours porté en saisons froides et arboré fièrement lors des fêtes.

Convié à la première édition, Hali Ali, auteur de la mythique chanson «Yedjayid jeddi avernus» (Mon ancêtre m’a légué un burnous), qui en a repris un refrain, illustre toute la symbolique et les valeurs du burnous qu’il exhorte à en prendre soin.

La fête de Houra , où il est également question d’économie et de développement humanitaire aura aussi été l’occasion à de nombreux exposants de faire connaître leurs produits artisanaux, aux auteurs leurs œuvres et aux jeunes poètes de déclamer leurs vers.

Le somptueux défilé de mode, outre qu’il a fait la promotion de la robe kabyle et du burnous confectionné dans le village, a aussi permis une percée en matière de mannequinat mixte. Chose impensable il y a à peine quelques années.

Les centaines de spectateurs ont même eu droit à un spectacle de danse classique d’une école d’Azazga pour concilier modernisme et traditions.

Les visiteurs ont été également conviés à une balade à travers les ruelles du village et à un ressourcement dans les maisons traditionnelles, aux murs crépis à la bouse de vache, le tout sous les airs envoûtants de vieilles tisseuses chantant derrière leur métier les vertus du burnous et de la terre.

La première édition devait se poursuivre hier par une très attendue conférence-débat présentée par Youcef Merahi, suivie d’un récital poétique, d’une remise d’attestations d’honneur et d’un gala pour clôturer cette divine fête, appelée à devenir un événement-phare dans la région.

S. H.


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