Algérie

Bouzedjar : Une localité en panne de développement



Ici, on ne connaît que la sueur du front, la rente étatique, c'est pour d'autres, en particulier, au profit des estivants pour lesquels les autorités s'affairent avant et pendant l'été alors que les quelques maigres projets en direction des résidants à l'année traînent. Bouzedjar est un chef-lieu de commune dont ses habitants vivent principalement de la pêche. Ici, on ne connaît que la sueur du front, la rente étatique, c'est pour d'autres, en particulier, juge-t-on, au profit des estivants pour lesquels les autorités s'affairent avant et pendant l'été alors que les quelques maigres projets en direction des résidants à l'année traînent ou sont en panne. Ironie du sort, c'est jusqu'à l'actualité qui ne se rappelle de l'existence de cette bourgade qu'en saison estivale avec le rush des vacanciers comme si ceux qui y vivent ne méritaient nulle attention. Qui sait le calvaire d'une paisible population menée lentement mais sûrement à la révolte et chez laquelle l'on a déjà inoculé la haine de l'étranger, l'étranger au village ' Ainsi, « l'aménagement urbain, qui aurait dû être à Bouzedjar plus conséquent, ne serait-ce que pour plaire aux estivants et aux potentiels investisseurs en matière de tourisme, a été si chiche que c'en est consternant », indique Ahmed. A ce titre, les regards se portent sur la viabilisation de quelques rues, un chantier qui traîne depuis des mois avec ses chargements de tuf amoncelés ici et là, témoins de l'incurie des gestionnaires. Omar, lui, attire l'attention sur la question de l'eau dessalée à coups de millions de dinars sans compter l'investissement consenti dans l'acquisition d'une usine d'une capacité théorique de 10 000 m3 : « L'usine ne tourne, depuis son installation, qu'à la moitié de son rendement mais encore l'eau qu'elle dessale se perd au niveau du château d'eau où les réparations à répétition sont menées. Pour le constater, il suffit de voir la gigantesque mare autour des vannes qui fuient. Une cross-connexion n'est pas loin. Certains voisins du château ne la reçoivent qu'une fois tous les dix ou quinze jours parce qu'on a mal refait les précédentes canalisations ». Djelloul, pour sa part, témoigne : « On a accompli aujourd'hui salat el istisqa, mais j'ai dû payer 1200 DA pour une citerne d'eau à un privé alors que la commune la livre à 500 DA. La citerne communale n'étant équipée que d'un tuyau de 5 m de long, comme si on n'avait pas les moyens de lui acheter un plus long, ne se déplace que pour ceux dont la bâche à eau n'est pas située à une plus grande distance de la porte de leur maison ».Coupures d'électricitéAhmed renchérit : « C'est aussi salat Sonelgaz qu'il nous faut également accomplir car à la moindre brise de vent, je ne dis pas le vent mais brise, l'électricité prend la clef des champs. Ainsi, en une journée, vous pouvez être victime de dizaines de coupures d'électricité. » Le tout-à-l'égout, on en parle aussi : « Dans la partie basse de l'agglomération, il y a des fosses septiques. Dans le haut, on a commencé à installer les égouts. Mais ce qui est terrible, au lieu de satisfaire tout le monde en ajoutant un à deux kilomètres de canalisation, on se contente d'un frustrant et inique politique saupoudrage qui forcément ne profite qu'aux pistonnés ». Baroudi enchaîne : « Voyez notre centre de santé, ils sont allés le planter tout en haut, au plus haut de la colline. Et comme il n'y a pas de transport, les malades, pour une consultation ou une injection, doivent s'y traîner, haletant, le long d'une pente raide. Pourtant, nous avions un petit centre de santé en bas qui peut au moins servir à la consultation et aux petits soins ! » Tout au long de nos entretiens, pas un de nos interlocuteurs n'a pas demandé à ce qu'on préserve son anonymat, non qu'on ait peur de l'autorité mais pour éviter les querelles avec les élus, parce que celles-ci deviendraient des querelles de famille et les inimitiés tenaces. C'est qu'on est pratiquement tous apparentés les uns aux autres. Et c'est peut-être, et sûrement à cause de cela, que Bouzedjar est sans voix auprès des autorités et que son devenir piétine.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)