Algérie

Bouzaher ou les stigmates de la souffrance



Bouzaher ou les stigmates de la souffrance
Photo : A.Madani
Bouzaher, c'est le nom d'un lieu qui compte beaucoup pour la population de Aïn Defla, en particulier celle qui a vécu la période coloniale. Bouzaher, c'était aussi une ferme agricole utilisée par l'armée française ' durant cette période ' comme un point de passage ou de transit pour les prisonniers torturés. Une torture qui reste gravée dans la mémoire des citoyens qui l'ont vécue dans leur chair et de ceux qui en ont seulement entendu parler. Beaucoup de citoyens connaissent Bouzaher. On le constate aisément en se rendant à Zenadra, située dans la partie nord-ouest du chef-lieu de Aïn Defla. Bouzaher, cette ferme agricole, garde encore de mauvais souvenirs de torture et de traitement inhumain, pour les gens ayant vécus la période coloniale. Ce lieu est comme une machine à remonter le temps. Il permet à la mémoire de revenir vers les moments douloureux où de nombreux citoyens ont vécu tous les genres de supplices. Ce lieu, construit en 1896, a été utilisé comme un endroit de transit où les personnes, soupçonnées d'aider les moudjahidine et de participer à la guerre de Libération, subissaient des interrogatoires sous une torture insupportable. Beaucoup de citoyens se souviennent de leurs proches qui ont subi les chocs électriques, l'eau glacée et autres souffrances difficiles à décrire. Selon Moussa, les personnes arrêtées étaient acheminées vers cet endroit pour subir des interrogatoires permettant de définir si l'individu est impliqué ou pas. Certaines personnes à la fin de ce genre d'actions sont exécutées froidement dans une petite forêt située un peu plus loin vers le nord de cette ferme. «Souvent, on trouvait des cadavres' L'armée française exécutait aléatoirement des innocents avant de les abandonner aux loups dans cette région», dira Moussa. Certaines personnes interrogées à Bouzaher pouvaient aussi être transférées à Ganbou, une prison située à la sortie est de la ville de Aïn Defla ou encore à la prison de Chlef. Femmes et hommes, ayant vécu la période coloniale, se rappelleront pour toujours ce que l'armée française a fait subir aux habitants de cette région. Après l'indépendance, la ferme de Bouzaher a servi dans le secteur agricole avant d'être détruite. A son emplacement, un marché de gros des fruits et légumes devait voir le jour, mais il n'a toujours pas été construit. La population, qui refuse que ce lieu «hanté» par la mémoire de nos martyrs soit occupé par un marché, demande que le site soit restauré et valorisé pour figurer parmi les grands lieux historiques de cette région. Ils proposent qu'une stèle soit construite pour témoigner des souffrances des Algériens qui sont morts pour l'indépendance de l'Algérie. Selon ces citoyens, cette stèle doit être le témoin pérenne pour toutes les générations futures de la résistance du peuple algérien face à son occupant. Elle doit se rappeler encore et encore l'ampleur de la torture et des assassinats perpétrés par le colonisateur. En attendant que des mesures valorisent ce site historique, Bouzaher demeure l'histoire de cette région. Bouzaher demeure ce lieu qui inspire beaucoup de chagrin aux gens qui ont vécu cette époque et rappelle que notre pays doit être préservé, puisque notre liberté a été arrachée grâce à des sacrifices. Cette liberté n'a pas été accordée, et les caves ainsi que les murs de la ferme Bouzaher, même en ruine, gardent encore les stigmates des sacrifices et des souffrances', ceux des hommes courageux qui ont défié l'armée française et qui ont réussi à la chasser de leur pays. C'est grâce à leur volonté et à leur amour de la patrie que l'ensemble des Algériens jouit de la liberté.




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