Algérie

Bouterfa déplore un climat contraignant


Le groupe a réalisé un bilan consolidé de 2050 milliards de dinars, en augmentation de 14% par rapport à 2010, et un chiffre d'affaires
brut de 356 milliards de dinars, il peine néanmoins à recouvrer ses créances évaluées à 32 milliards de dinars.
Remboursement des dettes détenues sur l'Etat, mise en place d'un statut fiscal spécifique et mobilisation des subventions accordées dans le cadre de programmes publics, ce sont autant de dossiers restés en souffrance et qui maintiennent le groupe public Sonelgaz dans une situation critique. «Ces dossiers ont constitué des facteurs aggravants qui ont maintenu la situation financière du groupe dans un déficit similaire à ce lui de 2010», a déploré hier Noureddine Bouterfa, PDG de la holding Sonelgaz, lors de la présentation du bilan 2011 du groupe.
En effet, l'exercice dernier a été clôturé avec un déficit financier de l'ordre de 55,5 milliards de dinars. Ce déficit s'explique aussi par le gel des prix de l'électricité depuis 2005, selon ses propos. M. Bouterfa a fait savoir que le gouvernement sera une nouvelle fois sollicité pour la mise en place de «solutions durables liées au règlement des conditions de couverture financière de ces programmes de développement et la redéfinition des relations qui ne pénalisent plus les finances du groupe». Si le groupe a réalisé un bilan consolidé de 2050 milliards de dinars, en augmentation de 14% par rapport à 2010, et un chiffre d'affaires brut de 356 milliards de dinars, il peine néanmoins à recouvrer ses créances. Celles-ci ont atteint un niveau élevé de 39,5 milliards de dinars, dont 13 milliards détenues essentiellement auprès de l'administration et 19 milliards auprès des clients privés, selon le rapport en question. Pour certains responsables des sociétés de distribution, il est impossible de couper l'électricité à certaines institutions, notamment les écoles ou les hôpitaux. Aucune action en justice n'a été pour autant enregistrée, notamment au niveau de la SDE d'Alger. Par contre, la SDE arrive peine à recouvrer quelques créances en dehors des délais habituels.
Le taux de pertes de l'électricité était de 19,52%, en deçà des objectifs. Dans l'activité du gaz, le taux de pertes s'élevait à 7,1% dues, comme l'électricité, aux problèmes de gestion. Au total, le groupe a investi 215 milliards de dinars, dont 41% en autofinancement et 55% sous forme de crédits bancaires. Sonelgaz, qui compte plus de 7 millions de clients raccordés au réseau d'électricité, perd annuellement plus de 10 milliards de dinars à cause de la fraude et de l'inefficience de gestion.
Outre le problème d'opposition des particuliers de céder leurs terres, M. Bouterfa s'est plaint d'une autre difficulté qui semble pourrir la vie aux cadres du groupe. «Le code des douanes, amendé en 1997, qui est un système de gestion par expédition, constitue un problème contraignant au développement de l'entreprise», a-t-il regretté. Selon lui, des cadres sont soupçonnés de transfert illicite de devises vers l'étranger, en application de l'actuel code des douanes qui interdit les expéditions échelonnées. Ce qui n'était pas le cas par le passé. Selon M. Bouterfa, l'ancien système autorisait l'importateur à donner des valeurs indicatives à certaines expéditions et faisait ressortir la vraie valeur des équipements importés dans le décompte final. Par contre, l'actuel code énonce que chaque expédition doit être déclarée indépendamment du contrat et doit correspondre à sa juste valeur, ce «qui est impossible», d'après M. Bouterfa pour qui un contrat de fourniture d'une usine clés en main est un contrat forfaitaire global où les expéditions sont données à titre indicatif.
Le PDG de Sonelgaz a souligné qu'il y a lieu de régler définitivement cet obstacle par l'entremise d'un texte de loi. Il a déploré aussi la difficulté d'obtenir des autorisations pour la réalisation de projets auprès des collectivités locales qui souvent arrivent avec beaucoup de retard, ce qui impacte, d'après lui, la concrétisation de projets d'investissement.
Selon l'orateur, l'environnement dans lequel évolue le groupe public est en «inadéquation avec les réformes». M. Bouterfa est revenu sur l'affaire dite de surfacturation des factures d'électricité qui s'était soldée par l'acquittement des cadres accusés. «Un faux procès», dira-t-il, en dénonçant un climat de «suspicion à tous les niveaux» qui pèse sur les cadres du groupe. Ceci dit, il a estimé que les différents services de sécurité doivent mener des «enquêtes sérieuses, mais sans pression». Par ailleurs, le PDG de Sonelgaz a évoqué la création d'un groupe rassemblant d'autres acteurs dans la production d'électricité, apparentés à Sonatrach.
Il a aussi annoncé qu'un projet de production d'électricité renouvelable de 1000 MW sera lancé entre l'Algérie et ses partenaires dans le cadre de Desertec.


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