Il exclut, de prime abord, la classe politique, notamment l'opposition à laquelle il n'a, à aucun moment, fait référence dans son message. Idem pour les syndicats autonomes.Dans un message adressé à l'occasion de la journée du Moudjahid, lu en son nom, hier, à Tlemcen par Tayeb Zitouni, ministre des Moudjahidine, le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, a appelé les Algériens à "s'imprégner des valeurs de solidarité et d'unité" que "véhiculent deux événements exceptionnels dans l'épopée de la glorieuse Révolution", à savoir le soulèvement du Nord constantinois le 20 Août 1955 et le Congrès de la Soummam tenu le même mois, l'année d'après, dans la wilaya de Béjaïa. Cependant, pour y parvenir, le chef de l'Etat ne compte pas tant sur l'apport des citoyennes et des citoyens qu'il appelle, plutôt, à une sorte d'effort supplémentaire pour faire face, entre autres, à des difficultés induites, dans leur majorité, par une mauvaise gestion. La mission échoit, selon Bouteflika, "à tous les acteurs du développement, le gouvernement et ses partenaires sociaux et économiques", en vue, enchaîne-t-il, "de mobiliser toutes les énergies et créer de nouvelles ressources complétant celles du pétrole pour préserver à long terme l'indépendance financière de l'Algérie et sa souveraineté sur le plan économique". À travers cette orientation, le chef de l'Etat exclut, de fait, le peuple qui doit être l'émanation et le moteur de toute initiative. Il exclut, de prime abord, la classe politique, notamment l'opposition à laquelle il n'a, à aucun moment, fait référence dans son message. Idem pour les syndicats autonomes auxquels le Président dénie le droit de représentativité, malgré leur légitimité maintes fois prouvée sur le terrain de la lutte syndicale. Pourtant, il reconnaît, toujours dans son message, que "la conjoncture est marquée par de multiples pressions extérieures et principalement par une chute vertigineuse des cours du pétrole depuis trois ans". Concernant toujours ce que le chef de l'Etat a appelé "la bataille du développement économique", qu'il "compte mener à bien", pour "préserver la prospérité sociale de notre peuple", celle-ci, précise-t-il, "nécessite une série de mesures intégrées" que "j'ai déjà évoquées dans le détail, dans mon message à l'occasion de la célébration du 55e anniversaire de l'Indépendance et de la Fête nationale de la Jeunesse". Sur cet aspect aussi, il y a lieu de relever que le premier magistrat du pays qui appelle, plus loin dans son message, à un "consensus national", fait l'impasse sur l'apport qui pourrait émaner de la société pour garantir la victoire de la bataille du développement. Pour le chef de l'Etat, la seule démarche à même de sortir le pays de la crise où il patauge ne peut être autre que "les mesures intégrées" qu'il a lui-même décidées et arrêtées et qu'il a récemment détaillées dans un précédent message.En décidant de faire cavalier seul dans la bataille du développement sans y intégrer peuple, opposition et société civile, le chef de l'Etat ne semble pas donner toutes ses chances à la promotion "du consensus national", qu'il considère comme condition sine qua non pour assurer "le renforcement de l'Etat de droit" et "le développement, la souveraineté et l'indépendance ainsi que toutes les valeurs de notre peuple", dont l'objectif premier est de faire face "aux défis du monde contemporain". On y lit un certain "paternalisme" bien connu chez le régime. Reste maintenant à savoir quel accueil sera réservé par l'opposition et les syndicats autonomes à cet appel du chef de l'Etat dont ils peuvent penser, peut-être à juste titre, qu'il ne leur est pas adressé.Mohamed Mouloudj
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Posté Le : 21/08/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed Mouloudj
Source : www.liberte-algerie.com