Fin du vrai faux suspense autour de la participation (ou pas) du président de la République au sommet de l'UPM à Paris le 13 juillet. Abdelaziz Bouteflika sera, dimanche prochain, dans la capitale française et prendra part activement au sommet fondateur de l'union pour la Méditerranée. Après avoir laissé, des mois durant, planer le doute, entretenu le flou et la confusion, le président de la république s'est finalement décidé à répondre favorablement à l'invitation française. A 5 jours de l'ouverture des travaux du sommet parisien, Bouteflika lâche un « oui » franc. Et c'est au président français, Nicolas Sarkozy, qu'est revenu l'insigne honneur de le rendre public. Les Algériens ont appris donc hier, par l'intermédiaire du président français, la résolution de leur Président sur le projet, encore énigmatique, de l'union pour la méditerranée.
« Le président Bouteflika m'a demandé de rendre publique sa réponse. Il sera présent à Paris pour le sommet de l'union pour la Méditerranée », a déclaré le président français. Propos rapportés par l'agence AFP. Le tête-à-tête entre les deux chefs d'Etat, qui s'est déroulé à l'hôtel Windsor de Toyako Lake (l'île d'Hokkaïdo, Japon), a fait certainement de l'effet. Difficile de savoir, toutefois, ce qui s'est dit réellement entre les deux hommes. Difficile aussi de savoir avec quel(s) argument(s) Nicolas Sarkozy s'est pris pour lever aussi aisément les appréhensions algériennes et satisfaire aux « exigences » de ce partenaire algérien qui se fait tant « désirer ». Sarkozy titille l'ego algérien. « C'est extrêmement important, parce que l'Algérie joue un rôle central », dit-il. Et de lancer une fleur au président : « Le président Bouteflika a une expérience, une autorité qui font que sa présence autour de la table pour le sommet de l'union pour la Méditerranée est indispensable au succès de ce sommet. » Curieusement et en dépit de l'importance de cette annonce faite par le président français, le ministère algérien des Affaires étrangères n'a pas jugé utile de justifier la participation algérienne, désormais acquise, au sommet de Paris, même s'il paraît évident que l'Algérie ne peut se permettre le luxe de rester à la marge des grands ensembles régionaux, comme celui qu'incarnerait éventuellement l'UPM. Une quarantaine de chefs d'Etat participeront à la rencontre de Paris.Le coup de gueule de la LibyeMis à part la Turquie, dont la position demeure encore très réservée et la Libye de Mouammar Kadhafi. Le guide libyen a rejeté le 10 juin dernier lors du sommet arabe de Tripoli et avec virulence l'UPM. Un projet « passager », selon lui. « Nous sommes des pays membres de la Ligue arabe et aussi de l'Union africaine et nous ne prendrons en aucun cas le risque de disperser nos rangs. Il faut que nos partenaires européens comprennent bien cela », déclarait Kadhafi. Et d'ajouter : « si l'Europe veut coopérer avec nous, qu'elle le fasse avec la Ligue arabe ou l'Union africaine (...) nous n'acceptons pas que l'Europe traite avec un seul groupe. » « Nous ne sommes ni des affamés ni des chiens pour qu'ils nous jettent des os », a proclamé le guide de la révolution libyenne. La Tunisie comme le Maroc ont annoncé, quant à eux, précocement, leur participation au sommet de Paris. Le 6 juin dernier, la secrétaire d'Etat auprès du ministre marocain des Affaires étrangères, Mme Latifa Akharbach, l'a clairement signifié à Fès : « Notre position est claire : nous soutenons un projet en cours de formulation, mais à la philosophie duquel nous avons d'emblée adhéré. Nous demandons aussi d'être les coauteurs de ce projet, puisque nous voulons exercer notre entière responsabilité dans l'action et le mandat de l'UPM. » La ruée vers l'UPM ne peut donc épargner l'Algérie, au risque de l'isoler. L'échec de l'Union africaine à former un « gouvernement continental » lors du sommet, qui s'est tenu début juillet à Charm Cheikh en Egypte, n'est certainement pas étranger au « oui » algérien. Autrement dit, les rapports de force auraient été tout autres. Après avoir exprimé très tôt son intérêt pour la « version initiale » de l'UPM, fait remarquer l'Agence France Presse, « Bouteflika avait été déçu par l'arrimage de ce projet à l'Union européenne dans son ensemble, et non seulement aux pays de l'UE riverains de la Méditerrannée, l'Allemagne n'ayant notamment pas voulu rester à l'écart ». L'UPM est née « pour que nous puissions véritablement réaliser des projets méditerranéens », avait ainsi expliqué, à la fin juin, l'ex-chef de gouvernement algérien, Abdelaziz Belkhadem. Mais avec « la participation des 27 pays européens, ce projet a changé, il est complètement différent du projet initial », avait-il estimé.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 08/07/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohand Aziri
Source : www.elwatan.com