Algérie

Bouteflika, la fin d'un règne de 20 ans sans partage


Réitérant son attachement à l'application de la proposition de l'ANP pour une sortie de crise sans tarder, le vice-ministre de la Défense nationale, chef de l'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah a insisté mardi lors de la réunion avec le Haut commandement de l'ANP avec un temps fort pour dire : " Ainsi, nous estimons qu'il n'y plus lieu de perdre davantage de temps et qu'il faut appliquer immédiatement la solution constitutionnelle proposée : à savoir la mise en application des articles 7, 8 et 102 de la Constitution et entamer le processus garantissant la gestion des affaires de l'Etat dans le cadre de la légitimité constitutionnelle ".Cette menace à peine voilée en direction du cercle présidentiel a très certainement été prise en considération par le président Abdelaziz Bouteflika qui, dans la soirée de mardi a pris la décision de présenter sa démission et de la notifier au président du Conseil constitutionnel. " J'ai l'honneur de vous notifier formellement ma décision de mettre fin au mandat que j'accomplis en qualité de Président de la République, à partir de ce jour, mardi 26 Radjab 1440 correspondant au 02 avril 2019. Cette décision que je prends en mon âme et conscience est destinée à contribuer à l'apaisement des c?urs et des esprits de mes compatriotes pour leur permettre de projeter ensemble l'Algérie vers l'avenir meilleur auquel ils aspirent légitimement. Cette décision procède de mon souci d'éviter que les excès verbaux qui marquent malencontreusement l'actualité ne dégénèrent en dérapages potentiellement dangereux pour la protection des personnes et des biens qui relève des prérogatives essentielles de l'Etat ", a-t-il souligné dans sa lettre de démission.Cette démission est le résultat de six semaines de manifestations populaires exigeant le départ du président Abdelaziz Bouteflika et de son entourage, une revendication à laquelle l'état-major de l'ANP s'est associé en proposant l'application des articles 7, 8 et 102 de la Constitution ; dans la soirée de mardi, la capitale Alger et les grandes villes de l'intérieur du pays, les citoyens, les jeunes en particulier sont sortis dans la rue pour exprimer leur joie envers la démission du président Abdelaziz Bouteflika après 20 ans de règne. Cette fois, les paris sont ouverts, dans les milieux politiques algériens, on joue sur l'avenir politique de la période de transition stipulée par la Constitution dans ses articles 7 et 8.
Pour la première fois, le président Abdelaziz Bouteflika baisse la tête sous la pression du peuple et de l'engagement de l'armée à satisfaire aux demandes de la rue pour le changement radical du système. En effet, le président démissionnaire apparemment pris en otage par son entourage et délaissant son pouvoir, peut-être sans le savoir, à son frère Saïd, s'est réveillé pour se convaincre que les manifestations populaires enclenchées depuis le 22 février dernier à travers tout le pays ont sonné l'alarme et qu'elles n'étaient au vrai que l'expression d'un débordement heureusement pacifique, une explosion d'une colère chez un peuple, la jeunesse en singulier désenchantés, indignés. Mais la nouveauté dans le " hirak ", tient manifestement en la persistance de l'ANP et à son engagement à suivre sagement les revendications de la population pour une vie démocratique et politique meilleure.
En d'autres temps, le pouvoir aurait réglé l'affaire des marches populaires en un tour de main. Il lui aurait suffi d'ordonner à la police et à la Gendarmerie nationale de disperser les rassemblements, de réprimer les marcheurs, de mater sur le terrain les fortes têtes. Mais ces pratiques jusqu'ici utilisées par le pouvoir pour étouffer le peuple, avec l'alignement de l'AN P sur les revendications populaires ne semblent plus, depuis maintenant, donner les mêmes résultats qu'autrefois. En tout cas, le climat d'avant le 22 février dernier semble revenir au calme, même si des symptômes de résistance et de complots persistent. A ce sujet, le vice-ministre de la Défense nationale a évoqué mardi des réunions suspectes tenues clandestinement pour comploter contre les revendications du peuple et adopter des pseudo-solutions en dehors du cadre de la Constitution afin d'entraver les démarches de l'ANP et ses propositions de sortie à la crise et, partant, exacerber la situation et la rendre plus compliquée.
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