Algérie

Bouteflika l'a invité à Å“uvrer pour un «partenariat d'exception» Quels chantiers diplomatiques pour Sarkozy ?



Sauf évènement impromptu comme la diplomatie en a l'habitude, le dossierfranco-algérien ne devrait pas être, dans l'immédiat, au menu de l'agendainternational de Nicolas Sarkozy.Entre un calendrier français déjà meublé d'ici à la fin de l'été et lesrendez-vous européens, il est peu probable que le vainqueur s'y attaque avantla rentrée politique 2007-2008.Dès son entrée en fonction, il aura à gérer, au pas de charge, échéancesimmédiates et parapheurs urgents. Nomination d'un Premier ministre -FrançoisFillon selon toute vraisemblance -, d'un gouvernement «resserré» , campagne deslégislatives, suivie des premiers chantiers parlementaires et des conférencesavec les partenaires sociaux.A sa passation, le 16 mai, avec Chirac, il héritera, outre du bureauprésidentiel, du code secret de l'arme nucléaire et des dossiers en suspens.Dont, legs dont il aurait aimé s'en passer, le cas de l'otage français détenupar les Talibans. S'y ajoute un Conseil européen et une rencontre avec lachancelière allemande avec laquelle il a déjà pris date.Sitôt le verdict de l'urne affiché à l'écran, le 6e président de la VRépublique est allé, conformément une vieille coutume française, prononcer sespremières paroles de président. Une allocation d'une quinzaine de minutes dontla moitié consacrées aux questions internationales.Le vainqueur s'est présenté au monde sous différents profils. D'abord eneuropéen convaincu «profondément» par la construction européenne. Puis en «ami»des américains auxquels il a redit l'»amitié renforcée» de la France.Enfin en méditerranéen et en Africain attaché à ses projets d'»Unionméditerranéenne» et de «politique de développement ambitieuse». Face aux caméras des chaînes satellitaires, il a lancé un appel «à tousles peuples de la Méditerranée pour leur dire que c'est en Méditerranée quetout va se jouer». Et redire que «le temps est venu» de mettre en place uneUnion méditerranéenne pour en faire une entité-témoin entre l'Afrique etl'Europe. «Il nous faut surmonter toutes les haines pour laisser la place à ungrand rêve de paix et à un grand rêve de civilisation». Pour l'heure, les analystes ne disposent pas d'éléments suffisants pourse permettre une lecture exhaustive de sa future politique étrangère. Dans uninventaire des «urgences diplomatiques» de l'Elysée à l'heure du changement delocataire, l'éditorialiste du Monde en relève quatre. Du moins d'ici à la finde l'été. Il s'agit, par ordre de gravité et d'importance, du sort de l'otage«afghan», du prochain sommet du G8, de l'agenda européen sous présidenceallemande et de la relation avec la Russie de Poutine.Des autres dossiers, bilatéraux ou multilatéraux, les observateurs n'ensavent pas grand-chose. Il ne disposent pas d'éclairages pertinents pours'essayer à des projections. Candidat, Sarkozy, il est vrai, a eu l'occasiond'en évoquer un certain nombre. Mais cela s'est fait dans un contexte électoralpesant pour être lue à la lettre. La tonalité des propos a évolué au gré desauditoires et des électorats. Sur l'Algérie, par exemple, sa perception du passé et de l'avenir n'a pasété la même selon qu'il s'adressait aux journalistes étrangers accrédités enFrance, à l'hebdomadaire Jeune Afrique, à la presse algérienne lors de sadernière visite à Alger dans les habits du «ministre-candidat» ou lors de sesmeetings dans le sud de la France. «Peu soucieux de cohérence, son langage s'est dédoublé et multiplié»,observe Gilles Manceron, auteur de nombreux travaux sur la séquence colonialedont un remarquable essai sur l'enseignement de la guerre d'Algérie encollaboration avec Hassan Remaoun.Dans une analyse mise en ligne sur le site de la section de Toulon de laLigue des droits de l'homme, l'historien a décortiqué les propos du candidatUMP sur la colonisation et l'Algérie. En l'occurrence, explique-t-il, Sarkozy adéveloppé un discours à plusieurs vitesses. Il a eu un langage pour les meetings, un deuxième, plus nettement«nostalgérianiste» , pour les besoins des lettres destinées «à gagner lesfaveurs des nostalgiques de la colonisation», et un troisième «réservé àl'exportation». Véhiculé via des médias algériens, ce dernier visait, «sansrien démentir du reste, à atténuer l'effet des précédents».Dimanche soir, à l'heure de savourer son succès, Sarkozy recevait de sesfuturs pairs étrangers aux quatre coins du monde appels téléphoniques etmessages. Rituels protocolaires, les messages n'en contenaient pas moinsquelques indications sur lesquelles le Quai d'Orsay et son futur «Sherpa» -conseille diplomatique - plancheraient déjà. S'adressant à un «homme d'engagement et de conviction», le président Bouteflikaa affirmé «pouvoir compter» sur le nouveau locataire de l'Elysée pour «impulserensemble» les relations bilatérales et leur «conférer une ampleur et uneprofondeur correspondant aux ambitions» nourries par les deux pays.Contrairement aux messages échangés avec Chirac ces deux dernières années, lechef de l'Etat n'a pas fait état du traité d'amitié. Dans un texte d'unevingtaine de lignes, il a parlé, pour toute perspective, de «partenariatd'exception». Evoquée, pour la première, dans la «Déclaration d'Alger» signée àl'occasion de la visite d'Etat de Chirac à Alger en mars 2003, la formule aété, depuis, citée à satiété dans le discours officiel bilatéral. Bouteflika a invité Sarkozy à «unir» ses efforts aux siens pour«maintenir et développer» la coopération bilatérale         . Une coopération «qu'il convient d'exploiter efficacementen vue du partenariat d'exception». Les deux hommes se sont vus à plusieurs reprises ces dernières années.Depuis son arrivée à El Mouradia, Bouteflika s'est entretenu, tour à tour àAlger, avec le «président par intérim du RPR», le ministre de l'Intérieur, leministre de l'Economie et des Finances, puis à nouveau le ministre del'Intérieur.  


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