Algérie - Revue de Presse

Bouteflika fait sauter tous les fusibles



Avec la création du poste de Premier ministre, le chef de l'Etat s'offre enfin un « second » qui ne risque pas d'avoir la « présomptueuse idée » de lui disputer la casquette de chef sur le pouvoir exécutif. La révision de la Constitution a signé la concentration des pouvoirs entre les mains d'une seule et même personne, le président de la République. Ce qui était jusque-là une pratique sans fondements juridiques, depuis son investiture en 1999, a fini par avoir la couverture de la Loi fondamentale. Au-delà de l'objectif de lui garantir un troisième mandat, qui reste la principale raison des amendements adoptés par le Parlement, la révision de la Constitution a confirmé certaines attributions que Bouteflika s'était empressé de disputer à ses différents chefs de gouvernement. Aujourd'hui, avec la création du poste de Premier ministre, le chef de l'Etat s'offre enfin un « second » qui ne risque pas d'avoir la « présomptueuse idée » de lui disputer la casquette de chef sur le pouvoir exécutif. L'exécutant sans marge de man'uvre qu'est le Premier ministre transforme le chef de gouvernement en simple coordinateur appelé à appliquer à la lettre ce que le chef de l'Etat est seul à décider.Déchu du droit de présenter un programme, de signer des décrets ou même de convoquer un conseil de gouvernement sans en référer au Président, le Premier ministre joue un rôle secondaire de coordinateur de l'équipe gouvernementale. Si le chef de gouvernement avait comme prérogative de signer des décrets exécutifs, le Premier ministre ne peut le faire sans l'approbation du président de la République, comme le stipule le texte de l'actuelle Loi fondamentale. Si le chef de gouvernement présidait le conseil de gouvernement, le Premier ministre ne peut réunir le gouvernement qu'après avoir été délégué par le président de la République. Si le chef de gouvernement nommait aux emplois de l'Etat, le Premier ministre ne peut le faire qu'après approbation du président de la République. Le chef de gouvernement, selon l'ancienne Constitution, présentait les membres du gouvernement qu'il avait choisis au président de la République qui les nommait ; aujourd'hui, le président de la République nomme les membres du gouvernement après consultation du Premier ministre. Et de programme du gouvernement, le Premier ministre se contentera d'un plan d'action à présenter au Parlement. La notion de déclaration de politique générale à présenter annuellement devant l'Assemblée populaire nationale a disparu. Ainsi, l'actuelle Constitution a mis sur un registre de légalité ce qui était une pratique institutionnelle depuis l'avènement de Bouteflika.Les raisons d'une telle démarche de légalisation de cette pratique admise par les derniers chefs de gouvernement, résident dans l'élimination de tout risque de réactualisation d'un scénario à la Benbitour ou à la Benflis. Le premier avait tenté d'user de ses prérogatives de chef de gouvernement en signant des décrets exécutifs, le second avait commis « l'affront » de se présenter à la présidentielle. Le statut de Premier ministre a réduit à sa plus simple expression ce poste de soi-disant chef d'une équipe gouvernementale obéissant au doigt et à l''il au Président. Toutefois, dans ce schéma bien ciselé de l'Exécutif en vue de donner sa pleine mesure au régime présidentiel sans partage enfanté le 12 novembre 2008, les boucs émissaires deviennent difficiles à désigner. Le Premier ministre exécutant et non responsable, ne portera pas le chapeau de l'échec du plan présidentiel. Le Président, qui est désormais seul chef, est seul comptable du travail de l'équipe gouvernementale et n'aura plus de fusibles à sacrifier.


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