Abdelaziz Bouteflika a réagi, jeudi dernier, pour la seconde fois, à l'impressionnante déferlante populaire qui conteste sa candidature pour un cinquième mandat. Après son message à la Nation accompagnant le dépôt de son dossier de candidature, le 3 mars dernier, il intervient une nouvelle fois, via un autre message, adressé à l'occasion de la journée internationale de la Femme et à la veille du troisième grand vendredi des marches et manifestations anti-5e mandat.Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Cible prioritaire, sinon exclusive de la contestation, Bouteflika adopte une déroutante attitude, présentant cet élan populaire, massif et généralisé non pas comme un désaveu, mais comme un aboutissement de sa propre politique et un appui à ses réformes annoncées.
L'image est franchement surréaliste : chef de l'Etat, détenant tous les leviers du pouvoir et régnant sur le pays sans partage depuis vingt ans, incarnant de fait, tout à la fois, le pouvoir, l'Etat et le système, Bouteflika «s'extrait» de cet inédit face-à-face entre la contestation populaire et le pouvoir pour se proposer comme l'ultime arbitre. «Je m'engage à changer le système», annonçait-il en substance dimanche 3 mars . Jeudi dernier, dans son message aux femmes, il ajoutait : «Nous avons enregistré, il y a quelques jours, la sortie de nombre de nos concitoyens et concitoyennes, à travers les différentes régions du pays, afin d'exprimer pacifiquement leurs opinions, et nous nous félicitons de cette maturité de nos concitoyens, y compris de nos jeunes, et du fait que le pluralisme démocratique pour lequel nous avons tant milité, soit désormais une réalité palpable.» Dans ce qui est désormais clairement établi comme étant la position officielle du pouvoir face aux manifestations, Bouteflika met en garde contre «des parties insidieuses» qui voudraient «susciter la fitna et provoquer le chaos». Exactement comme le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et, surtout, le chef d'état-major, Bouteflika écrira dans son message que «néanmoins, nous nous devons d'appeler à la vigilance et à la prudence quant à une éventuelle infiltration de cette expression pacifique par une quelconque partie insidieuse, de l'intérieur ou de l'extérieur, qui pourrait, qu'Allah nous en préserve, susciter la fitna et provoquer le chaos avec tout ce qu'ils peuvent entraîner comme crises et malheurs».
Plus explicite encore que Gaïd Salah, «l'encore» candidat du pouvoir pour l'élection du 18 avril met en garde, aussi bien contre un cauchemardesque retour «à la décennie noire», qu'à celui d'un cataclysme analogue à celui qui a frappé bien des pays arabes. Imperturbable, en dépit de gigantesque contestation populaire contre sa candidature, le candidat Bouteflika écrira, tout bonnement encore dans son message de jeudi dernier : «Nous avons besoin de préserver la stabilité pour se consacrer, peuple et pouvoir, au parachèvement de l'?uvre de construction et d'édification et pour réaliser davantage de succès et de progrès.» Toujours en tant que candidat, Bouteflika ajoutera encore : «Nous sommes face à de nombreux défis économiques, sociaux et politiques afin de permettre à l'Algérie d'accéder à son légitime niveau de prospérité au profit de son peuple et de marquer sa présence économique sur les marchés internationaux, et partant, asseoir davantage sa place dans le concert des nations.» Bref, et pour bien résumer cette dernière sortie de Bouteflika, l'homme livre un seul message : «J'y suis, j'y reste !»
K. A.
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Posté Le : 09/03/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kamel Amarni
Source : www.lesoirdalgerie.com