Si Bouteflika diminué physiquement par sa maladie conserve malgré tout une lucidité intacte comme le prétendent son entourage et ses partisans, il ne peut que se rendre à l'évidence que les Algériens ne veulent plus de lui à la tête du pays. Leur refus de cautionner le projet d'un cinquième mandat qu'il aurait décidé de briguer a surmonté toutes les peurs réelles ou distillées à fin dissuasive ils l'expriment en investissant depuis le 22 février les rues et places des villes du pays.Hier, les marches et rassemblements anti-cinquième mandat ont pris une dimension si extraordinaire dont le « lucide » président et ce qui lui reste de fidèles partisans ne peuvent en tirer que l'enseignement qu'ils ont constitué un référendum populaire révocatoire ne pouvant avoir pour conséquence acceptable que leur effacement non négociable de la scène politique nationale. Pour Bouteflika qui se pensait « sauveur » de la patrie qui à ce titre lui est redevable d'une reconnaissance que ne saurait entamer les contestations de sa reconduction pour un cinquième mandat, les vagues humaines extraordinaires qui ont déferlé dans la rue pour exiger son départ et celui du régime sont des scènes dont il n'a pas dans son extravagante mégalomanie imaginé qu'elles puissent avoir lieu en Algérie lui régnant.
Connaissant l'homme qui avant même d'accéder au pouvoir tançait le peuple algérien en le menaçant de rentrer chez lui s'il n'obtenait pas un plébiscite plus que massif pour sa candidature et qui a clamé ne pas vouloir être un président « trois quarts », il est impensable qu'ayant encore sa lucidité et le pouvoir de dicter ses décisions au sommet de l'Etat et à son entourage il accepterait de persévérer dans le projet d'un cinquième mandat que la rue rejette en des formes qui ont irrévocablement mis à bas la stature qu'il a pensé être la sienne. L'hypothèse d'un Bouteflika lucide dont l'ego surdimensionné ne peut qu'être affecté par « l'ingratitude » qu'est l'intifada populaire qui le vise avec son régime induit qu'il y réponde comme il a menacé de le faire en 1999.
Hélas, l'homme qui git sur un lit d'hôpital à Genève alors que son pays est en pleine insurrection citoyenne pacifique mais massive au-delà de toute prévision avancée et déterminée à atteindre ses objectifs, ne doit avoir absolument aucune conscience qu'une telle insurrection est en cours et qu'il en est la cible au même titre que le régime qu'il incarne. La vacance ainsi créée au sommet de l'Etat en ces cruciaux moments que vit la nation confirme qu'il y a confiscation du pouvoir par des parties extraconstitutionnelles qui ont fait du gisant Bouteflika le paravent de leurs agissements. Les manifestants qui battent le pavé leur clament qu'ils ne sont pas dupes de ce qu'elles ont manigancé à travers l'insoutenable projet du cinquième mandat et les ont englobées dans le dégagisme absolu qu'ils revendiquent. Ces parties devraient faire preuve de la lucidité qu'elles prêtent à Bouteflika pour admettre que l'insurrection citoyenne dont le pays est le théâtre a sonné le glas du système dont elles veulent la pérennité et la fin de l'homme politique qui en est la dernière incarnation. Faute de quoi l'histoire retiendra contre elles qu'elles auront été consciemment à l'encontre de leur peuple.
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Posté Le : 02/03/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kharroubi Habib
Source : www.lequotidien-oran.com