Algérie

BOUTEFLIKA DEFEND SES REFORMES '' Le plaidoyer du vendeur de fèves ''



BOUTEFLIKA  DEFEND SES REFORMES '' Le plaidoyer du vendeur de fèves ''
Le plaidoyer du vendeur de fèves



Après avoir ignoré le tollé soulevé dans la classe politique par d'abord le mode opératoire décrété par lui pour procéder à des réformes, puis par les contenus de celles-ci jugés inappropriés aux attentes, Bouteflika y a finalement répliqué à trois occasions en une semaine. La première fois dans son discours inaugural de l'année universitaire à partir de Laghouat, la seconde au cours du Conseil des ministres de dimanche dernier, et enfin mercredi dans son allocution d'ouverture de l'année judiciaire. En ces trois occurrences, Bouteflika s'est attaché à récuser les critiques faites contre sa démarche et les réformes auxquelles elle a abouti. C'est devant le parterre des magistrats qu'il a le plus longuement développé des réfutations du procès d'avoir initié de fausses réformes en rien porteuses de changement profond que lui font ses détracteurs.



Mercredi, il a défendu contre eux ses réformes en faisant valoir implicitement que même s'il est possible qu'elles aient « des lacunes et des insuffisances », elles sont celles qui éviteront à l'Algérie de voir se rééditer chez elle l'expérience d'un raz de marée islamiste comme il s'en est produit en Tunisie, en Libye et en Egypte suite aux changements brutaux intervenus dans ces pays.



Pour Bouteflika donc, il y avait nécessité de procéder à des réformes politiques, mais avec comme limites à celles-ci qu'elles rendent impossible le « retour de l'Algérie à des expériences qu'elle a déjà vécues » : comprendre par là l'arrivée d'une vague islamiste qu'il sait redoutée, y compris par ses détracteurs les plus radicaux. De son point de vue, il aurait été suicidaire d'opter dans le contexte algérien pour des réformes plus profondes que celles à laquelle il a procédé, et par conséquent cela justifie la « politique des petits pas » vers plus de démocratie qui est la sienne.



De même qu'il s'est justifié de ne pas avoir suivi ceux qui l'ont pressé d'ouvrir le champ politique au tout démocratique et tout de suite, Bouteflika a rejeté l'accusation d'avoir procédé à des réformes sur injonctions étrangères. Il a tout au plus admis qu'en la matière, l'Algérie faisant partie du monde et s'en influençant inévitablement, elle a tiré les enseignements de ce qui se passe autour d'elle, mais en les « adaptant à ses spécificités, ses besoins et ses exigences ».



En ses trois interventions sur les réformes qui ont été engagées, Bouteflika s'est montré « droit dans ses bottes », confiant d'avoir par son initiative répondu non à la demande d'acteurs politiques du sérail, mais à celle du peuple qui ne veut nullement être entraîné vers une autre aventure et que l'on marchande l'indépendance du pays.



Ainsi donc, Bouteflika a clos à sa manière le débat et les controverses suscitées par ses réformes. En opposant une fin de non-recevoir aux appels lui demandant d'en réviser les contenus « liberticides » qui vont corseter la démocratie, la liberté d'expression et la pratique politique en Algérie. L'on retiendra surtout qu'il est apparu assuré d'avoir fait le bon choix, et à l'évidence dans la peau d'un homme d'Etat tenant fermement la barre de commande et sachant où mener le navire Algérie en ces moments de gros temps qui soufflent sur le Maghreb et le monde arabe.



C'est la posture des « hommes providentiels » pour qui leurs peuples n'ont pas à vouloir et à aller chercher ailleurs ce que, par clairvoyance innée, ils leur apportent. Ou, plus exactement, celle du vendeur de fèves qui ne trouve que qualités à son produit.

Kharroubi Habib


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