Bouteflika de nouveau à l'hôpital de Grenoble

Cette nouvelle hospitalisation "pour contrôles médicaux" du président Bouteflika intervient à un moment où la chronique politico-médiatique s'est emparée de la question d'un 5e mandat successif.Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, s'est rendu, hier, à Grenoble, pour subir des contrôles médicaux périodiques, a annoncé la présidence de la République dans un court communiqué diffusé en début d'après-midi. "Son Excellence M. Abdelaziz Bouteflika, le président de la République, a quitté le pays ce lundi 7 novembre 2016 pour une visite privée à Grenoble en France, durant laquelle, il effectuera des contrôles médicaux périodiques", a, en effet, informé la Présidence sans autres précisions. Le journal français Le Dauphiné Libéré a confirmé, peu après 17h (heure française), l'arrivée du chef de l'Etat algérien sous escorte à la clinique d'Alembert à Grenoble. La même publication, citant ses sources propres, croit savoir que Bouteflika "doit rester hospitalisé plusieurs jours en vue d'une éventuelle intervention chirurgicale".Le président Bouteflika a séjourné à deux reprises dans cette clinique française où exerce un de ses médecins traitants, le docteur Jacques Monségu, lorsqu'il fut hospitalisé au Val-de-Grâce à Paris, suite à un accident vasculaire cérébral (AVC), au printemps 2013. Il y a séjourné une première fois du 13 au 14 novembre 2014 et une seconde fois juste une nuit, le 4 décembre 2015.Cette nouvelle hospitalisation "pour contrôles médicaux" du président Bouteflika intervient à un moment où la chronique politico-médiatique s'est emparée de la question du 5e mandat que des hommes politiques qui lui sont proches, à l'image du tout nouveau secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Djamel Ould Abbes, ont entrepris de remettre au goût du jour. Connu pour sa proximité jamais démentie avec le chef de l'Etat, le successeur d'Amar Saâdani s'est employé, immédiatement après sa désignation-plébiscite à la tête du FLN, à injecter dans le débat politique la possibilité d'un autre mandat pour l'actuel locataire d'El-Mouradia. Acculé par les sollicitations des médias, Djamel Ould Abbes a fini, de proche en proche, au fil de ses interventions publiques, par troquer l'allusion prudente contre la quasi-affirmation engageante.Samedi dernier, tout heureux de se présenter devant la presse à l'hôtel El-Aurassi pour rappeler le bannissement politique, jusqu'à nouvel ordre, d'Abdelaziz Belkhadem,le secrétaire général du FLN a invité l'opinion à le prendre au sérieux lorsqu'il soutient que Bouteflika pourrait éventuellement briguer un autre mandat. "Je ne suce pas mon pouce", avait-il affirmé, comme pour affirmer qu'ils'exprime en personne politiquementresponsable.D'ailleurs, Ould Abbes ne s'est pas suffi d'assertions politiques, lesquelles sont le propre de tout homme politique, mais a également (re)mis sa blouse de toubib pour délivrer un "bulletin" de santé du Président, prédisant même que celui-ci pourrait se remettre à marcher dans peu de temps. On ne sait ce que vaut cet avis médical, mais il a une grande portée politique. Il signifie que la santé de Bouteflika, qui a achevé le troisième mandat présidentiel malade et consommé la moitié du quatrième convalescent, sur une chaise roulante, s'améliore nettement, et que, de ce fait, rien ne l'empêcherait de prétendre à renouveler son bail pour El-Mouradia en 2019.D'ailleurs, n'est-ce pas cette image d'un Président qui retrouve sa santé que Bouteflika a voulu donner de lui lorsqu'il inaugure coup sur coup un centre de conférences à Club-des-Pins et l'Opéra d'Alger et effectue, deux jours de suite, une visite d'inspection à la Grande mosquée d'Alger et un recueillement à El-Alia ' Les observateurs de la scène politique l'ont en tout cas ainsi décodé.SOFIANE AIT IFLIS