Bouteflika au sommet de l'Opep à Ryadh Entre politique et hausse des cours

Le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, est attendu aujourd'hui à Ryadh, en Arabie Saoudite, pour prendre part au 3ème sommet de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Prévu samedi et dimanche, ce sommet, troisième seulement depuis la création de l'Organisation en 1960, prend toute son importance de la pertinence des questions qui y seront soulevées. La capacité de l'Opep à répondre à la demande mondiale de pétrole, la dévaluation du dollar et l'engagement de l'Organisation à participer dans le futur à la lutte contre le réchauffement de la planète, constituent en effet quelque-uns des principaux thèmes discutés avant-hier par les ministres des Etats membres. La déclaration finale de ce sommet de l'Opep devrait comporter «une annonce forte sur l'environnement», a indiqué hier à l'AFP une source au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. La déclaration finale se focalisera sur «les ressources pétrolières sur le long terme, et il y aura une annonce forte sur l'environnement», a indiqué cette source. Les ministres du Pétrole, de l'Economie et des Affaires étrangères des 12 pays membres de l'Opep devaient finaliser hier cette déclaration qui sera publiée à l'issue du sommet. Autre point important pour ce 3ème sommet de l'Opep, le retour de officiel de l'Equateur comme membre de l'organisation, qu'il avait, pour rappel, quittée en 1992, devenant ainsi son 13ème membre. A la veille du sommet de ses chefs d'Etat, l'Opep restait plus que réticente, hier, à augmenter ses quotas de production, malgré un baril de brut toujours proche des 100 dollars et les risques croissants d'escalade entre les Etats-Unis et l'Iran. La question des prix élevés de l'or noir (plus de 90 dollars à Londres et 93 dollars à New York) ne devrait pas être abordée frontalement, mais les observateurs ont en ligne de mire la réunion ministérielle d'Abou Dhabi prévue le 5 décembre prochain.  Interrogé sur les intentions du cartel à Abou Dhabi, notre ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a écarté l'éventualité d'une hausse de production. «Nous avons assez d'approvisionnement (pétrolier) pour le moment», a-t-il réaffirmé hier. «Nous l'avions dit lors de la dernière réunion» de l'Opep à Vienne le 11 septembre. Mais malgré cela, «nous avons accepté une hausse de production» d'un demi-million de barils par jour et «les prix sont en fait montés», a-t-il poursuivi. L'Opep a notamment revu en baisse avant-hier ses prévisions de demande pétrolière mondiale pour 2008, tablant sur une baisse de la demande mondiale dans la foulée du ralentissement économique aux Etats-Unis. «Nous ne pensons pas que les prix du pétrole vont monter», ni qu'ils iront au-delà de 100 dollars, a ajouté M. Khelil, affirmant que l'Opep tablait sur une baisse des cours à partir du deuxième trimestre 2008. Il juge que la récente flambée des prix a été provoquée par «la crise» géopolitique résultant des risques d'invasion turque en Irak et des tensions autour du programme nucléaire de Téhéran. La présence au sommet du président vénézuélien Hugo Chavez, partisan d'une politique «dure» sur les prix et d'une rhétorique anti-américaine, et celle du président iranien Mahmoud Ahmadinejad donnent un ton hautement politique au sommet. Le secrétaire général de l'Opep, Abdullah el-Badri, s'en est défendu avant-hier, rappelant que «l'Opep est une organisation non politique». Mais le ministre vénézuélien du Pétrole, M. Rafael Ramirez, l'a ouvertement admis hier: «Le fait que nous soyons là signifie que c'est un événement politique». Hugo Chavez a été encore plus clair avant son départ pour Ryadh, souhaitant que l'Opep aille «au-delà du domaine purement énergétique» et se dote de «visées politiques et géopolitiques».