A l'instar des autres villes, Tizi Ouzou avait hier son air de fête pour accueillir le président candidat.
Bouteflika n'a eu aucune difficulté hier à convaincre les Kabyles qui
l'ont d'ailleurs fortement acclamé. Les grandes artères de Tizi Ouzou
débordaient de ses portraits. A son arrivée vers 11h, le candidat a été
accueilli par les joueurs de la JSK et leur président Mohand-Cherif
Hannachi, la mère du boxeur Hamani et des personnes comme l'homme
d'affaires Haddad ou Amara Benyounès. Il a traversé la rue Houari
Boumediène (ex-Mondial) en direction de la maison de la culture Mouloud
Mammeri sous des airs musicaux variés, des «Bou-te-fli-ka Oh ! Oh ! Oh
!» et des «anwa wigui d'Imazighen !» (Qui sont ceux-là ? Des Amazighs
!).
«Nous avons marre, nous avons souffert, on n'a rien
gagné, aujourd'hui nous le soutenons !», expliquent en une phrase ses
soutiens kabyles.
C'est par des versets coraniques récités
par le 1er prix de Forssen El Koraân, Yacine Imokrane, que le meeting
électoral a été ouvert. La salle était bondée de monde et scandait
«Assa, azeka, Bouteflika yela, yela !» (Aujourd'hui, demain,
Bouteflika, c'est lui !). Ould Ali, son directeur de campagne dans la
région, rappelle sa promesse de création d'une académie et d'un haut
conseil pour l'amazighité.
«Je ne vois pas l'Algérie sans la
Kabylie et la Kabylie sans l'Algérie. En aucune manière, des patriotes
qu'on est, on n'a pensé discuter un seul instant l'unité nationale et
l'indivisibilité de l'Algérie. Votre accueil est digne de Tizi Ouzou et
du fier Djurdjura !», leur a lancé Bouteflika. «Je suis interpellé par
la mort et la chahada, je ne peux pas ne pas m'incliner devant les
martyrs de 2001», a-t-il souligné. Pour lâcher «Du poste où j'étais, je
ne sais pas à ce jour qui, d'un côté ou d'un autre, a provoqué cette
tragédie.» Un aveu lourd de sens à propos des événements qui ont secoué
la Kabylie pendant plusieurs années. Il précise «Quand j'ai quelque
chose à dire, je le dis en face, je n'ai jamais frappé quelqu'un dans
le dos, quand je me trompe, je n'ai pas de difficulté à faire mon mea
culpa.» Il sensibilisera davantage l'assistance quand il dira «Après
l'accueil que vous m'avez réservé, je pourrais dire je peux mourir
tranquille.»
Il répétera trois fois qu'il travaillera pour
«la réconciliation nationale et l'unité nationale.» Il leur rappelle
que «des programmes ont été faits ici, vous l'avez mérité et vous
méritez plus, beaucoup plus !» Il leur demande: «Nous avons une
difficulté majeure à laquelle je vous convie de nous aider, nous avons
un programme pour la Kabylie, nous sommes prêts à acheter au prix
coûtant les terres pour construire des réalisations d'utilité
publique.» Il les gratifie aussi par «Tébessa est à vous, Maghnia (...)
comme Alger est à vous.» Il leur dédie même un «Arfâa rassek ya ba, ya
ma !» A la salle qui lui dit «Ya raïs », il répond «Rafaâ rassi daymen,
ouallah ma nhoto (j'ai toujours la tête haute, je le jure que je ne la
baisserais jamais !)». Son autre aveu «Je pleure des larmes de sang
dans la nuit mais dans la journée, je ris, je ne veux pas que mes
ennemis me voient en train de pleurer !» Il leur fait savoir que «Je
suis venu vous voir si vous étiez décidés à continuer la route avec moi
(...) Sinon, changez de cap.» «Jamais !», lui répond la salle. «Moi,
c'est la continuité. Pour progresser, il faut la paix, la sécurité et
la stabilité. Nous devons régler des dossiers qui restent pendants et
ça doit se faire immédiatement !» Dossiers qui concernent ceux à qui il
dit «Nous n'avons envers eux aucune haine, aucune rancoeur, dans le cas
où ils veulent rejoindre la communauté nationale, nous sommes tous,
l'armée et les services de sécurité, avec eux. Il s'agit de vie ou de
mort pour nous. On ne se rend pas, sinon on l'aurait fait à la France,
pendant 130 ans, le peuple ne s'est jamais rendu !» Au passage, il
saluera Louisa Hanoune «pour le travail qu'elle fait pour les femmes.
Je voudrais l'assurer que sa voie socialiste est au fond de notre coeur
(...) mais le monde a changé, nous sommes obligés de faire ce que fait
le monde. Nous sommes un pays qui reste très pauvre par rapport aux
pays riches.» Il rappelle ses priorités: «Quelle que soit la position
dans laquelle je serais, je défendrais la réconciliation nationale
(...)» Il dit aux Kabyles «Vous vous êtes sentis un peu déprimés par
rapport à la communauté nationale, vous ne saviez pas si vous étiez
fautifs où ce sont eux qui l'ont été avec vous ? Vous faites partie de
la famille algérienne.» Tout en choisissant «la dignité d'abord», le
candidat leur dira «avec vos voix, vous allez prouver que l'Algérie
existe et qu'elle est debout.» Son message aux Kabyles: «L'Algérie est
amazighe (...)». En ajoutant en arabe «Vous l'avez dit avec dureté et
la faucille a coincé dans la jarre. Aujourd'hui, nous avons libéré la
faucille de la jarre.»
Il remercie les Kabyles pour lui
avoir, a-t-il dit, «rempli les piles, elles étaient un peu vides. Je
continue ma campagne en disant aux autres wilayas, l'Algérie se porte
bien.»
Il sera aujourd'hui à Tamanrasset, Illizi et Laghouat.
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Posté Le : 28/03/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Envoyée Spéciale à Tizi Ouzou : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com