Algérie

Bouteflika à Tiaret et Tissemsilt : «Il faut qu'ils reconnaissent ce qu'ils ont fait»



Bouteflika demande aux dirigeants de l'ex-FIS d'avouer leur faute publiquement devant le peuple, «que ce soit à partir des capitales étrangères ou d'Alger.»

Le candidat était hier à Tiaret où il a été accueilli à l'aéroport Abdelhafid Boussouf par la société civile et plus tard par Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN. Il prendra vingt minutes pour un bain de foule très animé sur la rue Tahri Bouabdellah (route de Sougueur) et vingt autres pour s'adresser aux Tiaretis qui l'attendaient à la Maison de la culture. C'est Mustapha Chérif, ancien ministre et ancien ambassadeur, qui l'a accueilli pour avoir organisé pendant trois jours dans la capitale de la vallée du Sersou, un séminaire sur la réconciliation nationale et la paix. Ce thème sera abordé par le doyen de la faculté des sciences sociales de Tiaret. Abed Cheriet lira au candidat les recommandations du séminaire dont l'une considère, selon lui, que la charte pour la paix et la réconciliation nationale est «un nouveau pacte national.» Et que son approfondissement devra se faire à travers la réforme de l'Etat, de la justice et de l'Education.

«Ce qui m'a surpris, répond Bouteflika, c'est que vous vous exprimez sur la réconciliation nationale comme je le veux moi-même. Seulement, je considère que je suis en avance par rapport à la feuille de route que vous m'avez présentée.»

Dés le premier jour de sa campagne électorale, le candidat avait prévenu qu'il fera de la réconciliation nationale son cheval de bataille durant le prochain quinquennat. Il affirme à cet effet, qu'il doit aller «au fond des choses.» Et c'est par bribes qu'il a décidé de dévoiler le fond de sa pensée à ce sujet. Si à Bechar, il avait dit que les islamistes qui ont recouru à la violence «nous ont fait mal, que Dieu leur fasse mal (hlektouna, Rabi yahlekoum)» et à Sétif, il avait estimé le laïc plus musulman que l'islamiste qui lui, «politise l'Islam», à Tiaret, il avancera encore d'un pas pour exiger des dirigeants de l'ex-Fis d'avouer leur faute publiquement devant le peuple. «Il faut qu'ils reconnaissent, devant le peuple, ce qu'ils ont fait. Il faut qu'ils se rendent compte qu'ils ont fait du mal et l'avouent publiquement, à partir des capitales étrangères ou d'Alger. » Il rendra hommage « au peuple qui leur a donné une leçon et au nom du peuple, je rends hommage à l'ANP et aux services de sécurité.» Le candidat rappellera que «l'Etat algérien a été fondé sur les principes de l'Islam. » Il est donc normal, pour lui, que des partis basés sur l'Islam existent dans le pays mais à l'image «de celui qui est dans le gouvernement, qui représente l'Islam d'une manière digne et respectable.» Bouteflika a tenu ainsi à faire des éloges au MSP, sans le citer certes, mais l'allusion est on ne peut plus claire. Elle l'est d'ailleurs tout autant que celle qui l'a poussé hier à exiger, sans les citer aussi, des dirigeants de l'ex-FIS d'avouer leur faute devant le peuple. Il insistera beaucoup sur ce volet en notant qu'«il se pourrait que des Algériens intègres aient dévié du droit chemin, ils doivent avouer leur faute devant le peuple, s'ils ne le font pas, ils peuvent rester là où ils sont ! » Ils exigent donc des politiques de l'ex-FIS de demander pardon à la nation.

Des interférences de la salle l'énerveront beaucoup jusqu'à recourir plusieurs fois à son fameux «Riyah ! (Assieds-toi !)» qui avait fait les beaux jours de sa campagne électorale en 1999 pour son premier mandat. «Riyah ! ça fait 10 ans que vous parlez et moi je vous écoute, aujourd'hui, c'est ma journée, c'est moi qui parle ! » a-t-il crié.

Bouteflika exprimera son respect aux patriotes qu'il rassure de «la disponibilité de l'Etat à préserver leurs droits comme il l'a fait pour les Moudjahidine, pas dans le sens de créer des classes mais par reconnaissance à ce qu'ils ont fait.»

 Il revient à la réconciliation nationale pour assurer que «les portes du dialogue sont toujours ouvertes.» Il estime que «c'est un sujet très sensible, l'application de la loi ne doit pas être fixée à un mois ou à un autre, ce sont des groupes et des groupes qui pourront en bénéficier lorsqu'ils décideront de se repentir.» Il survolera un autre chapitre, celui qui le laisse dire que «nous sommes le seul pays au monde qui a des politiques et autres personnes qui complotent contre lui à l'étranger.» Il interroge «quel courage ont-ils pour le faire ? »

Content d'être accueilli par des foules denses, il dira aux Tiaretis que «Tlemcen m'a réservé un accueil fabuleux, la ville semble avoir retrouvé son charme d'antan ». Le candidat lâchera «je peux dire au Conseil Constitutionnel que j'ai été élu par les villes que j'ai visité. Mais je respecte les lois, je vais aux élections. Je vous en conjure, choisissez celui que vous voulez, peut-être que vous trouverez celui qui saura faire mieux que moi. Réfléchissez avant de voter mais votez !»

A 13h, Bouteflika a pris son bain de foule à Tissemsilt, tout au long de la rue du 1er novembre. Aujourd'hui, il se rendra à Ouargla et à Oued Souf où il laissera, dans des rencontres de proximité, libre cours à ses idées.






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