Algérie

Bouteflika a soigneusement éludé la question de la présidentielle



Abdelaziz Bouteflika a présidé, jeudi, la traditionnelle cérémonie de signature de la loi de finances pour 2019, ainsi qu'une réunion du Conseil des ministres, la dernière de l'année 2018. Ces deux événements ont eu comme lieu la majestueuse salle de réunions du Conseil des ministres, au palais d'El-Mouradia où l'on a admis, exceptionnellement, les autres hauts responsables des institutions législatives, l'Assemblée populaire nationale et le Conseil de la nation.Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Visiblement, l'on a sensiblement allégé le programme de cette sortie présidentielle, la première depuis deux mois à l'occasion de la commémoration de la fête nationale du 1er Novembre. Comme d'habitude, et à l'occasion de chacune de ses sorties publiques depuis 2013, et davantage encore en cette fin 2018, les images destinées au journal télévisé de l'ENTV primaient sur toute autre considération. Bouteflika, qui avait dû annuler, ces deux derniers mois, pas moins de trois audiences avec des invités étrangers, était particulièrement «attendu» pour cette incontournable épreuve : la signature de la loi de finances, qu'il fallait obligatoirement effectuer avant le 1er janvier. Un exercice réussi, Bouteflika apparaissant physiquement nettement mieux que lors de sa dernière sortie du 1er novembre dernier. A l'occasion aussi, il a présidé une réunion du Conseil des ministres. Une réunion des plus classiques, dont l'ordre du jour n'était constitué que de points d'ordre «technique». Autrement dit, pas la moindre annonce politique spectaculaire comme le prévoyaient certains observateurs. Même les observations et autres interventions croustillantes de Bouteflika, qui émaillaient d'habitude les communiqués du Conseil des ministres, furent, cette fois, réduites de manière drastique. Tout juste, lit-on dans le communiqué du Conseil des ministres de jeudi, «le président de la République (?) invite tous les acteurs de la société à concourir à la politique de prévention de la corruption en rapportant ces faits lorsqu'ils sont établis, de sorte à permettre à la justice d'intervenir avec les moyens efficaces mis à sa disposition pour appliquer la loi qui réprime sévèrement ce fléau». Cette remarque est faite, précise le communiqué, à l'issue de l'examen et l'approbation d'un projet de loi complétant la loi de 2006 relative à la prévention et à la lutte contre la corruption. A signaler, par ailleurs, que le Conseil des ministre a eu à examiner et à adopter d'autres projets de loi relatifs, respectivement, «aux activités spéciales», «aux activités nucléaires civiles», « à l'activité de médecine vétérinaire et à la protection animale» ainsi qu'à un projet de loi portant «amendement de la loi fixant les règles générales de l'aviation civile». De même que des décrets présidentiels relatifs à des contrats dans le domaine des hydrocarbures. Politiquement, il était surtout question de donner, à travers cet ordre du jour, l'image d'un fonctionnement ordinaire des institutions ponctuée par la signature, dans les délais, de la loi de finances pour 2019. Sciemment, Bouteflika a, complètement, «dépolitisé» ce Conseil, ce qui est tout, sauf innocent en pareil contexte. Pas un mot sur «les réalisations», encore moins, ne serait-ce qu'une maigre allusion aux échéances politiques majeures qui pointent à l'horizon. En d'autres circonstances, il aurait été inimaginable que Bouteflika rate une telle opportunité pour évoquer une présidentielle censée intervenir dans quelques semaines seulement. Ce qui conforte, au besoin, la thèse de la nouvelle feuille de route, tracée depuis quelques semaines en haut lieu et consistant à «contourner» le rendez-vous électoral en question via une «conférence nationale» et, surtout, une révision de la Constitution. On croit savoir, à cet effet, que Bouteflika donnera plus de «visibilité» à l'occasion d'une adresse à la Nation, que des sources fiables prévoient pour début de l'année.
K. A.


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