Algérie

Bouteflika à Ouargla et Oued Souf : «Nous sommes tous des salafistes !»



Le Président candidat promet, à partir de Ouargla, la création d'une académie et d'un Haut Conseil pour l'amazighité.

«Je suis venu pour vous parler de réconciliation nationale», a clamé hier Bouteflika à ses soutiens qu'il a rencontrés vers 12 h à Ouargla sous une tente chauffée par un soleil déjà tapant. Après un message à la tendance wahhabite quand il a fait, à partir de Tiaret, allusion aux politiques de l'ex-FIS, leur exigeant de demander pardon à la nation, il lancera un pic à un autre courant pour noter que « nous sommes tous des salafistes, mais pas selon la perception qui est répandue en Algérie et ailleurs. Que vous a fait l'Algérie pour l'avoir plongée dans la violence durant les années 90, et elle continue d'en souffrir ? Je vous en prie, répondez !».

Il estime que l'unité nationale est étroitement liée au rétablissement de la paix. Ce qui l'amène à rappeler que «nous sommes amazighs et l'Islam nous a arabisés !». Transition toute faite pour que le Président candidat promette à ceux qui «chantent l'authenticité (que) si le sujet dépend d'une académie amazighe, nous la créerons ! Ou d'un Haut Conseil pour l'amazighité, nous le créerons ! Si c'est pour Ennayer, on le fête tous !».

Et pour convaincre son électorat qu'il est prêt à faire tout pour rendre la confiance au pays et au peuple, il lâche sa fameuse « Arfaâ rassek ya ba !» (lève ta tête, père). Je ne trouve pas, a-t-il dit, «une expression plus significative que celle-là.»

Autre promesse du candidat : «Il faut qu'on diminue considérablement l'écart qui existe entre le Nord et le Sud». Et pour titiller les Ouarglis, il lancera avec un sourire : «On dit de vous que vous ne travaillez pas beaucoup, le moment est venu pour vous mettre au travail !».

A la voix féminine qui s'est élevée un peu avant pour lui demander de dire aussi ou plutôt (c'est selon) : «Arfîi rassek ya ma !», Bouteflika rectifie alors : «Vous avez raison, il est possible que la vraie renaissance de l'Algérie viendra par la femme. On doit d'ailleurs reconnaître qu'elles sont majoritaires». Une voix masculine lui lance : «La majorité est pour toi !». Il répond sans hésiter : «Je parle de la majorité des femmes par rapport aux hommes.

Et s'il y a une majorité (ndlr : dans l'élection), elle te fera marcher par l'oreille !» Mais, martèle-t-il, «Avec moi ou contre moi, votez quand même ! Je veux que le président algérien, qu'elle soit la dame qui est dans la compétition (...) ou moi, soit élu à la majorité pour que notre voix porte, en Palestine ou en Irak. Notre voix s'est enrouée parce que nos rangs sont divisés».

L'assistance lui promet que « les voix de Ouargla ne seront que pour vous, vous êtes notre cavalier sur qui nous misons». Une jeune femme s'exclamera du milieu de la salle «La wilaya de Ghardaïa est avec vous, nous sommes là aussi !».

Avant son intervention sous la tente, le candidat avait pris un bain de foule tout au long de la rue principale de la ville de Ouargla. Il a même esquissé quelques pas de danse lorsqu'il arrivera au niveau d'une troupe de karkabou.

Aux environs de 14 h, il salua la population de Oued Souf. Bouteflika arpentera ainsi pendant une dizaine de minutes la rue Mohamed Khemisti, dont l'asphalte était d'une fraîcheur qui datait d'à peine la veille de son arrivée...

Le Président candidat visitera aujourd'hui Béjaïa et Jijel, où amazighité et réconciliation nationale devraient faire bon ménage.






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