Algérie

Bouteflika à Ouargla: Du nouveau pour les enseignants universitaires



C'est, en principe, aujourd'hui, à partir de Ouargla que le président de la République annoncera l'entrée en vigueur d'une importante augmentation des salaires du corps enseignant universitaire avec effet rétroactif à partir de juillet 2008.

 Le chef de l'Etat effectue aujourd'hui une visite «d'inspection et de travail» à Ouargla qu'il veut faire coïncider avec l'ouverture de l'année universitaire. Si l'an dernier, Bouteflika avait choisi la capitale des hauts plateaux, Sétif, pour marquer cette ouverture par son annonce d'une augmentation conséquente des salaires des enseignants universitaires, aujourd'hui, il confirmera son entrée en vigueur avec un effet rétroactif à partir de juillet 2008. C'est en tout cas ce qui se dit au niveau du corps universitaire qui se rappelle quand le président avait demandé à ses représentants de «trouver une astuce pour qu'il puisse les augmenter sans pour qu'il soit obligé d'augmenter l'ensemble des corps de la fonction publique.» En effet, le corps enseignant universitaire a été quelque peu «désindexé» de la fonction publique, a eu droit à un point indiciaire différent du reste des corps, pour que le gouvernement puisse lui «aménager» une augmentation de salaires qualifiée d'ores et déjà d'appréciable. «C'est pratiquement le double du salaire que l'enseignant universitaire va recevoir, c'est important pour une corporation qui est pratiquement démotivée à cause de ses problèmes sociaux et de ses conditions de travail au niveau des universités», nous dit un responsable. L'on dit qu'avec cette augmentation, les enseignants universitaires seront comptés «un peu» parmi les fonctions supérieures de l'Etat.

 Le président de la République procédera ainsi à l'inauguration de l'année universitaire au niveau de l'université Kasdi Merbah de Ouargla. «Les choses vont mal et on manque de tout dans cette université», se plaignent des étudiants. Le problème le plus important est celui de l'encadrement. «C'est comme toutes les universités du pays, l'encadrement est faible et mauvais, et le nombre d'étudiants est effarant. Voyez ce qui se passe au niveau de la fac de droit de Ben Aknoun, il y a 40.000 étudiants, à Dely Brahim il y en a 32.000, à Bouzaréah 30.000, alors que la norme dans le monde et au plan régional, c'est 20.000 étudiants», estime un responsable local. Pis, l'on rappelle qu' «on devait respecter des critères pour l'ouverture des universités à travers le pays, par exemple on ne pouvait le faire sans avoir prêt à l'emploi au moins cinq doctorants, mais on a fait l'impasse, on a choisi de faire dans le populisme sans faire attention au reste qui est le plus important, à savoir la ressource humaine qu'on a complètement délaissée». En plus, «avec toutes ses lacunes et ses insuffisances au niveau de l'université, on a introduit le LMD. On se moque d'ailleurs de cela en qualifiant cette option de Laissez-Moi Dormir (LMD)», ironise un professeur d'université sur un ton empreint d'amertume. Des représentants des syndicats UGTA et CNES se sont déplacés d'Alger pour participer à la cérémonie d'ouverture de l'année universitaire tout autant que des représentants d'associations estudiantines. Ne manqueront à l'appel -peut être- que les syndicats hospitalo-universitaires parce que, nous dit un syndicaliste, «ils en veulent au ministre de la Santé».

 La visite de Bouteflika à Ouargla a jusqu'à hier soir gardé tous ses secrets. Les journalistes accrédités ne savaient pas quel était son programme jusqu'à une heure tardive de l'après-midi. Contraintes de bouclage des journaux obligent, il a fallu glaner des informations ici et là pour en tirer quelques bribes sur ce que devait faire le président dans cette région. «Il a choisi Ouargla parce que toutes les autres années, il procédait à l'ouverture de l'année universitaire dans une des universités du Centre, de l'Est ou de l'Ouest, donc au nord, aujourd'hui, c'est le tour des régions du Sud», explique un responsable local. Il a été dit hier que le chef de l'Etat devrait inaugurer aujourd'hui un hôpital algéro-cubain, un centre anti-cancer, une station d'épuration des eux usées et une cour de justice. Ouragla étant la région qui souffre le plus de la remontée des eaux, le président en touchera certainement un mot sur l'évolution des travaux qui ont été projetés pour régler cet épineux problème. Il semble quand même que cette visite n'a pas été préparée depuis longtemps et même dit-on qu'elle aurait été décidée à la dernière minute. Il est important de rappeler que Ouargla est une région où les problèmes sociaux sont profonds. La population crie au régionalisme prononcé lorsqu'il est question de chômage ou plutôt d'embauche. L'on se rappelle les émeutes qui ont enflammé la ville parce que ses jeunes ont toujours reproché aux responsables de Hassi Messaoued de ne recruter que des gens d'un centre bien précis.

 L'on susurrait hier que le chef de l'Etat devrait se réunir aujourd'hui avec le commandement militaire de la région. Il est vrai que Ouargla est quelque peu le désert et que la contrebande y a pris refuge. Mais il y a aussi les échos qui remontent d'un Sahel mouvementé et manquant gravement de sécurité. Une réunion avec les militaires en faction dans la région serait certainement pour aborder entre autres ces points importants et sensibles. Bouteflika garde aussi en tête que la commémoration du 1er Novembre est à nos portes et qu'il faille s'enquérir de la situation qui prévaut dans les casernes...




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