Algérie

Bourses : La BCE évoque des risques mais les actions montent



Londres exceptée, les principales Bourses européennes ont terminé en hausse jeudi, la forte progression du secteur des semi-conducteurs l'ayant emporté sur les déclarations de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE) prenant acte de la dégradation de la conjoncture économique.
À Paris, le CAC 40 a clôturé sur une progression de 0,65% (31,58 points) à 4.871,96 points et à Francfort, le Dax a gagné 0,53%. L'indice EuroStoxx 50 a pris 0,46%, le FTSEurofirst 300 0,25% et le Stoxx 600 0,22%. A Londres, le FTSE 100 a perdu 0,35%. La BCE a laissé sa politique monétaire inchangée à l'issue de sa première réunion de l'année mais lors de sa conférence de presse, son président, Mario Draghi, a reconnu que la balance des risques entourant les perspectives de croissance penchait désormais à la baisse. Ce changement de diagnostic a d'autant moins surpris les investisseurs qu'il est intervenu quelques heures seulement après la publication des premiers résultats des enquêtes mensuelles IHS Markit auprès des directeurs d'achats, venus confirmer le ralentissement de l'activité du secteur privé. L'inflexion du discours de la BCE ne l'a pas encore conduite à prendre de nouvelles mesures de soutien mais elle pourrait le faire début mars en s'appuyant sur ses nouvelles prévisions de croissance et d'inflation, sans doute en annonçant de nouveaux prêts à long terme et à taux faibles aux banques. "Aucun impact de ce changement dans l'évaluation (des risques-ndlr) n'a été annoncé aujourd'hui, même si la possibilité de nouvelles opérations de refinancement à plus long terme ciblées (TLTRO) a semble-t-il été évoquée par un certain nombre de responsables, ce qui sous-entend assez clairement que l'on peut s'attendre à l'annonce officielle de TLTRO lors de la réunion de mars", commente ainsi Anna Stupnytska, économiste de Fidelity International. Florian Hense, de Berenberg, estime de son côté que la BCE pourrait infléchir au deuxième trimestre son discours sur l'évolution future des taux d'intérêt.

Valeurs & indicateurs
Les déclarations de Mario Draghi et la révision à la baisse des anticipations d'évolution des taux d'intérêt ont pesé sur les valeurs bancaires: l'indice Stoxx des banques de la zone euro, qui gagnait plus de 1% à la mi-journée au plus haut depuis début décembre, a fini sur un repli de 0,58%. L'allemande Deutsche Bank a perdu 1,89%, l'espagnole Caixabank 1,84% et la française BNP Paribas 0,47%, l'une des baisses les plus marquées du CAC 40. A la hausse, le secteur des hautes technologies a pris 2,16%, profitant à plein des prévisions jugées rassurantes de STMicroelectronics, dont l'action a bondi de 10,12%. Le fabricant franco-italien de semi-conducteurs a entraîné dans son sillage plusieurs valeurs du secteur comme AMS (+7,04%), Siltronic (+7,68%) ou ASM International (+5,99%). Renault a gagné 1,55% après la nomination officielle de Jean-Dominique Senard, l'actuel président de Michelin, comme nouveau président du groupe au losange, et de l'actuel patron opérationnel Thierry Bolloré au poste de directeur général, tournant ainsi la page de l'ère Carlos Ghosn. En Europe, l'indice PMI "flash" composite de la zone euro, qui regroupe le secteur manufacturier et celui des services, est tombé à 50,7 en janvier, son plus bas niveau depuis juillet 2013, contre 51,1 en décembre. Il est en retrait par rapport aux estimations du consensus Reuters, dont la médiane le donnait à 51,4. Aux Etats-Unis, les inscriptions au chômage sont tombées à 199.000 la semaine dernière, leur plus bas niveau depuis novembre 1969, mais ce chiffre pourrait être revu à la hausse car il intègre des estimations pour plusieurs Etats dont la Californie. Très logiquement, les déclarations de Mario Draghi sur l'augmentation des risques économiques, qui risquent d'éloigner un peu plus le début de la remontée des taux, ont fait reculer les rendements des emprunts d'Etat de la zone euro. Celui du Bund allemand à dix ans, référence pour l'ensemble de la région, a fini la journée à 0,180%, en baisse de plus de quatre points de base et au plus bas depuis deux semaines. Son équivalent français a cédé près de cinq points pour retomber sous 0,59% et la baisse a dépassé sept points pour le rendement à dix ans espagnol et huit points pour l'italien. La probabilité estimée sur le marché monétaire d'une hausse de taux cette année a encore diminué, revenant à moins de 40% contre 45% auparavant.

Wall Street finit irrégulière
La Bourse de New York a fini sur une note irrégulière jeudi, le Nasdaq étant soutenu par les valeurs des semi-conducteurs alors que le conflit commercial sino-américain et le "shutdown" qui s'éternisent ont freiné le reste de la cote. L'indice Dow Jones a cédé 22,38 points, soit 0,09%, à 24.553,24 points tandis que le S&P-500, plus large, a grappillé 3,63 points ou 0,14% à 2.642,33.
Le Nasdaq Composite, à forte pondération technologique, a avancé de 47,70 points (0,68%) à 7.073,46. Le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, a déclaré que Washington et Pékin étaient encore loin de trouver un accord commercial mais a ajouté croire à un compromis. A un peu plus d'un mois du 1er mars, la date butoir fixée par Pékin et Washington pour qu'une solution soit trouvée, une délégation chinoise est attendue la semaine prochaine à Washington pour une nouvelle série de négociations, a-t-il ajouté. Le "shutdown", la fermeture partielle des services fédéraux américains sur fond de bras de fer entre la Maison blanche et le Congrès, est pendant ce temps entré dans son 34e jour, du jamais vu. L'impasse budgétaire a amené JP Morgan à réduire sa prévision de croissance pour le premier trimestre, à 1,75% au lieu de 2,00%, et le groupement professionnel Global Automakers a averti sur de possibles retards de lancement de nouveaux modèles de voitures, faute de certification de l'agence fédérale EPA dont 95% du personnel est au chômage technique. "Il y a beaucoup d'incertitudes s'agissant des tarifs douaniers et du shutdown mais en même temps on a des résultats de sociétés assez solides", commente Tim Ghriskey, responsable des investissements chez Inverness Counsel à New York. "Il y a beaucoup d'argent qui ne demande qu'à être investi mais tout le monde a peur d'un tweet négatif. Le marché est vraiment à la merci d'événements au jour le jour." "Le marché va rester dans des marges relativement étroites jusqu'à ce qu'il y ait des nouvelles concrètes", renchérit Oliver Pursche, chez Bruderman Asset Management à New York. "Il n'y a pas de raison de vendre mais pas non plus de raison d'acheter." La prudence des investisseurs a été renforcée par les déclarations de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), prenant acte de la dégradation de la conjoncture dans la zone euro, entre autres à cause du ralentissement de la croissance chinoise. Quelque 6,94 milliards de titres ont changé de mains à comparer à une moyenne de 7,88 milliards sur les 20 dernières séances.

Valeurs & indicateurs
Huit des 11 grands indices sectoriels S&P ont fini en hausse, la meilleure performance étant pour les technologiques (+0,93%) dopées par le compartiment des semi-conducteurs où Xilinx (+18,44%) et Lam Research (+15,70%) ont brillé après des résultats trimestriels meilleurs que prévu. Texas Instruments s'est adjugé 6,91% après une publication moins mauvaise que certains analystes craignaient et en dépit d'un avertissement sur la demande chinoise, cruciale pour le secteur. L'indice des semi-conducteurs de la Bourse de Philadelphie a bondi de 5,73%, sa meilleure performance depuis le 26 décembre. Intel s'est octroyé 3,80%, de loin la meilleure performance du Dow Jones, avant ses résultats publiés à la clôture mais le titre du numéro un américain retombait lourdement en après-Bourse, de 7%, après des prévisions décevantes pour le trimestre en cours. Egalement en vue pendant la séance, l'indice Dow Jones des Transports a pris 1,11%, soutenu par des résultats meilleurs qu'attendu de trois compagnies aériennes. Les déceptions du jour sont venues du groupe minier Freeport-McMoRan et du spécialiste des épices et assaisonnements McCormick & Co, en baisse de respectivement 10 et 13% après des résultats inférieurs aux attentes. Hors S&P, la compagnie d'électricité californienne PG&E s'est envolée de 75% à 13,95 dollars en fin de séance après les résultats d'une enquête qui la mettent hors de cause dans l'incendie de forêt "Tubbs" en 2017.
Le nombre d'inscriptions au chômage aux Etats-Unis a baissé de 13.000 à 199.000 la semaine dernière, au plus bas depuis la mi-novembre 1969 il y a près de 50 ans, a annoncé le département du Travail. Mais la statistique surestime sans doute la vigueur du marché du travail car les données de six Etats, dont la Californie, ont dû être estimées à cause du jour férié lundi dernier, a averti le ministère. Les tensions commerciales et les inquiétudes persistantes sur la croissance mondiale, alimentées jeudi par les annonces en provenance de la zone euro, ont accru la demande pour les obligations souveraines et fait du même coup refluer les rendements. Le taux des Treasuries à 10 ans a touché un plus bas d'une semaine de 2,700% avant de finir autour de 2,714%, contre 2,755% mercredi soir.


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