Algérie

Bourse : Les raisons d'une lente agonie



Les entreprises quittent la bourse et quand elles sont cotées, elles rachètent leurs actions à tour de bras. La relance du programme d'achats d'actifs de la BCE devrait inciter encore davantage les entreprises à opter par le financement obligataire plutôt que de lever des capitaux en bourse.
Le marché des actions cotées est-il appelé à disparaître ' Compte tenu des tendances à l'?uvre ces dernières années, certains commencent à se poser la question.
Les introductions en Bourse ne compensent plus les sorties de la cote. En Europe, 2019 s'annonce même comme la pire année depuis 6 ans , en matière d'IPO (initial public offering, le terme anglo-saxon consacré pour introductions en bourse). Et les entreprises, lorsqu'elles sont cotées, rachètent leurs actions à tour de bras. Jusqu'ici le phénomène était essentiellement américain. En 2018, les entreprises du S&P 500 ont racheté pour plus de 1.000 milliards de dollars de leurs propres actions.
Cette année, en 10 mois, Apple a déjà racheté 75 milliards de dollars de ses propres actions, Microsoft, 40 milliards, Bank of America 30,9 milliards et JPMorgan Chase 29,4 milliards, selon TrimTabs.

Iliad va racheter près de 20% de son capital
La fièvre des rachats d'actions est désormais planétaire. Dernier exemple en date, l'annonce par Iliad d'un projet d'offre publique de rachat d'actions représentant près de 20 % du capital de la société. Une proportion inhabituellement élevée pour une sociétéeuropéenne. Les rachats d'actions ont la cote en Europe En résulte, depuis quelques années, une véritable contraction du marché des actions cotées - les anglo-saxons parlent de " de-equitization ". Les entreprises se tournent beaucoup plus volontiers vers le private equity. Les capitaux levés et non investis dans l'univers du non coté sont d'ailleurs considérables. Il dépasserait aujourd'hui les 2.000 milliards de dollars, parmi lesquels 60 % destinés au seul capital-investissement.

Atrophie du marché actions
Pour Patrick Artus chez Natixis, le remplacement des actions cotées par les actions non cotées -private equity, entreprises familiales- apparaît comme une évidence. " Les entreprises sont découragées par les cours boursiers qui ne représentant pas correctement leur valeur fondamentale. Dans ces conditions, les coûts de la cotation ne sont plus justifiés. " L'atrophie du marché actions inquiète les stratégistes de Bank of America Merrill Lynch. " La conséquence à long terme est que les marchés seront moins en mesure de donner des informations sur l'évolution de l'économie en temps réel. " Avec pour conséquence, davantage de volatilité, lorsque les marchés réaliseront soudainement que la donne a changé. Or le phénomène serait appelé à s'amplifier. La principale - et habituelle - suspecte, selon eux ' La Banque centrale européenne. Elle a renoué avec les rachats d'actifs sur le marché obligataire depuis le 1er novembre et ses interventions - à un rythme annoncé de 20 milliards d'euros par mois - devraient à nouveau pousser les prix à la hausse. C'est ce qui s'était passé en 2017, lors de la précédente phase de quantitative easing (assouplissement monétaire). Les investisseurs évincés du marché de la dette de bonne qualité par la BCE s'étaient reportés en nombre sur les titres plus risqués, non éligibles au programme de rachat (high yield, emprunts subordonnés, dette hybride...).

Expansion rapide du marché du crédit
La hausse des prix - ou, ce qui revient au même, la baisse des rendements - s'était alors transmise à l'ensemble des marchés de dette, incitant les emprunteurs à profiter de coûts d'emprunts extrêmement avantageux. " Il est évident que les marchés du crédit vont connaître une nouvelle phase d'expansion rapide ", avancent les stratégistes de BofA-ML. Depuis début 2014, le marché de la dette en euro dédiés aux entreprises notées en catégorie dite d'investissement (au moins triple B) a gonflé de 75 %. Et rien qu'en 2019, il a crû de 10%, de 2.100 milliards à 2.400 milliards d'euros. " L'écart entre le coût des actions et celui de la dette est au plus haut depuis 100 ans ", soulignent les analystes de BofA-ML. Dans ces conditions, un retour en grâce des actions semble compromis et les entreprises cotées devraient être toujours moins nombreuses. En 10 ans leur nombre a déjà baissé de près de 25 % en Europe, d'un peu plus de 10.000 à environ 8.000.


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