Algérie

Bourdieu et la société kabyle revisités



Bourdieu et la société kabyle revisités
L'éminent sociologue Pierre BourdieuLes intervenants ont mis l'accent sur le fait que Bourdieu et Feraoun ont présenté la femme kabyle comme étant soumise et obéissante..Le nom du sociologue et écrivain français Pierre Bourdieu a été souvent associé à celui de Mouloud Mammeri quand il s'agit de la Kabylie et de la société kabyle. Cette fois-ci, à l'occasion d'un colloque scientifique organisé, hier et avant-hier, à l'hémicycle de l'Assemblée populaire de wilaya de Tizi Ouzou, c'est au romancier Mouloud Feraoun, auteur entre autres de «La terre et le sang» et de «Les chemins qui montent» que le nom de Bourdieu a été associé et ce, dans l'optique d'une étude comparative de la société kabyle dans l'oeuvre du sociologue français Pierre Bourdieu et celle du romancier algérien Mouloud Feraoun. C'est le cas, entre autres, lors de la conférence animée par l'universitaire Nadia Gada.D'ailleurs, le thème générique choisi pour ce colloque scientifique, organisé par l'APW de Tizi Ouzou en collaboration avec l'association «Défi» de la commune d'Irdjen (daïra de Larbâa Nath Irathen) est: «Pierre Bourdieu et la société Kabyle». Nadia Gada, docteur en littérature, a relevé dans son étude que, s'agissant de Mouloud Feraoun, la vision par rapport à la société kabyle est plutôt autochtone alors que chez Bourdieu, elle est étrangère.L'intervenante, dans le même sillage, a mis en exergue les éléments de divergence et les parallélismes entre l'oeuvre analytique du sociologue français et le roman «La terre et le sang» du romancier algérien, enfant de la Kabylie.Toutefois, les éléments communs aux oeuvres des deux intellectuels sont nombreux d'après la même analyste. Nadia Gada a rappelé que Pierre Bourdieu, à l'instar de Mouloud Feraoun, «aborde l'organisation politique et sociale de la Kabylie basée sur la solidarité, l'économie solidaire et le droit coutumier». De même qu'ils présentent le village kabyle comme «une entité qui se caractérise par la domination à travers une tradition rigoureuse et des règles strictes qui régissent la vie communautaire et qui doivent être appliquées par les villageois sous peine d'être mis en quarantaine et excommuniés».Lors du même colloque, les intervenants ont mis l'accent sur le fait que Bourdieu et Feraoun ont présenté la femme kabyle, de l'époque bien sûr, comme étant soumise et obéissante à l'homme. «Elle est pourtant la reproductrice de cette structure sociale, en la transmettant à ses enfants et en veillant à l'application des règles qui la régissent», a-t-on indiqué. Dans l'oeuvre de Mouloud Feraoun, la société est en mouvement et n'est pas figée. Elle est dynamique et évolue, à travers de timides transgressions de ce droit coutumier, commises par certains individus, au risque d'être reniés par la communauté, alors que chez le sociologue Pierre Bourdieu, la société kabyle reste une structure non statique, ont expliqué par ailleurs les participants au colloque de Tizi Ouzou.Le colloque sur Bourdieu à Tizi Ouzou a vu également l'implication du laboratoire des langues et cultures étrangères de l'université Mouloud-Mammeri. La vice-présidente de l'Assemblée populaire de wilaya de Tizi Ouzou, qui intervenait à l'ouverture des travaux du colloque, a souligné que l'APW, en initiant ce genre de rencontres scientifiques, vise aussi à faire de cette assemblée un espace culturel et scientifique. C'est dans ce souci qu'a germé l'idée d'organiser un colloque scientifique sur le sociologue Pierre Bourdieu qui s'est longuement penché sur la société kabyle, a indiqué la numéro deux de l'APW de Tizi Ouzou.Parmi les universitaires et autres chercheurs conviés à communiquer, lors de ce colloque de deux jurnées, on peut citer la professeure émérite de l'université de Paris 8, Zineb Ali Ben Ali. Mohand Akli Rezzik, représentant d'un laboratoire de recherches, le docteur Nadia Gada, enseignante au département d'anglais de Tizi Ouzou, Aïni Betouche, du département de français, Belkacem Mostefaoui de l'Ecole supérieure de journalisme d'Alger, Fatma Zohra Nedjal, de l'Ecole supérieure des arts d'Alger, Saïd Chemakh, maître de conférences au département de tamazight, Nora Belgacem, maître de conférences au département interprétariat ainsi que des participants algériens venus de l'étranger. C'est le cas de la doctorante Sabrina Azzi de l'université du Quebec au Canada.


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