Une vingtaine de carrières d’agrégats de Bouzegza, implantées sur une surface d’environ 4 km2 à cheval entre les communes de Keddara-Bouzegza et Kharrouba, au sud de Boudouaou (wilaya de Boumerdès) cause des destructions écologiques massives et irréversibles. Ce constat est fait par tout le monde. Des écosystèmes et l’habitat de certains animaux sauvages comme le singe Margot sont, en effet, détruits.
Sur ce grave problème, Le Soir d’Algérie a publié, le 10 octobre 2016, une enquête complète (2 pages) sous le titre «Bouzegza, une citadelle révolutionnaire saccagée, la mémoire nationale souillée».
«A-t-on besoin de concasser les ossements de nos chouhada pour fabriquer du gravier et du béton?», c’est la question que nous avait posée, à l’époque, Amrouche Saïd du haut du kef (falaise) Boukerdane d’où avaient été jetés, parfois encore en vie, les corps de moudjahidine que l’armée française torturait dans ses sinistres locaux de ThalaKhelifa, actuellement Keddara-Bouzegza.
Kef Boukerdane est maintenant une carrière de production de gravier. Des jeunes des communes de Keddara et Kherrouba qui voient, en plus de l’atteinte à l’environnement et les pertes économiques, la santé des populations se détériorer par des explosions quotidiennes et de la poussière, tentent, depuis des années, dans l’adversité, de s’opposer à ce qu’ils considèrent comme un massacre. Certains d’entre eux ont été emprisonnés, d’autres menacés.
Enfin, des élus de l’APW essayent, timidement, mais en vain, d’alerter, à leur tour, qui de droit sur ce saccage. Dans ce cadre, lorsque l’APW de Boumerdès avait abordé, dans sa dernière session de 2020, les questions diverses de son ordre du jour, l’élue Kissoum demanda officiellement l’institution, par vote de l’Assemblée, d’une commission d’enquête sur le massacre écologique que cause l’exploitation jugée douteuse de ces carrières alors que les communes ne tirent que des miettes au plan financier.
«Qu’ils gardent leur argent et qu’ils partent», nous a confié un jour l’actuel maire de Keddara-Bouzegza.
Le président de l’APW, Azzedine Gana, a rejeté la demande de l’élue Kissoum. Pour lui, c’est à la commission permanente de l’APW chargée de l’environnement de faire un rapport. Premièrement, le président Gana, ignore-t-il que les questions d’une commission d’enquête dont la constitution est autorisée par l’article 35 de la loi 12/07 sur la wilaya ont plus de valeur juridique que celle d’une simple commission permanente? Secundo, pourquoi n’a-t-on pas demandé, par le passé, à cette même commission de faire son travail? La réponse est dans l’implication de certains hauts dirigeants dans un secteur juteux mais ô combien destructeur. Le niet du président a grandement indigné les élus qui appréhendent la fin de leur mandat sans résultats tangibles. Cette indignation est exacerbée par un autre refus pour une autre commission d’enquête.
Cette fois c’est l’élu Ibaouni Hamoud, également vice-président de l’Assemblée, qui a demandé «une commission d’enquête ayant pour objectif d’établir un rapport sur l’état déplorable dans lequel se trouve l’hippodrome international Émir-Abdelkader de Zemmouri, lequel avait coûté des milliards au Trésor public et qui se trouve à l’abandon».
Sur le sujet, le Soir d’Algérie avait publié en 2014 les résultats d’une enquête. Il est question dans ce dossier de dilapidation et de détournement du foncier très convoité de cette infrastructure. Et pour cause, c’est un terrain plat de 90 hectares situé dans une ZET (Zone d’extension touristique). À l’élu Ibaouni, le président de l’APW a promis de transmettre des informations sur le dossier.
«Il n’a aucune information et il n’en aura aucune car il y a des intérêts en jeu. Tout le monde se tait. J’ai plusieurs fois tenté de m’informer, malheureusement, je n’ai trouvé nulle trace de ce dossier et ce, dans toutes les institutions de la wilaya», nous confiera amèrement Ibaouni.
Pour notre interlocuteur, «le président de l’Assemblée veut gagner du temps pour des raisons obscures».
Ces deux rejets sont significatifs. C’est une démarche du président de l’APW qui consiste à ne rien faire qui puisse gêner certains hauts responsables et entrepreneurs, surtout dans l’affaire des agrégats, et finir la mandature comme elle avait commencé : sans presque rien à mettre dans le bilan.
Abachi L.
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Posté Le : 05/01/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Abachi L.
Source : lesoirdalgerie.com du lundi 4 janvier 2021