Algérie

Boumerdès La loi du gourdin



Il ne se passe pas un jour sans que desagressions ne soient signalées, ne faisant nullement la différence entre leshommes et les femmes et ceci pour une banale place de stationnement. Tout lemonde est unanime pour dénoncer ce qu'il est désormais appelé la loi dugourdin.  Lephénomène prend de l'ampleur devant l'inertie de l'Etat, cette dernièrejustifie cela par le manque de moyens humains afin de placer à chaque coin derue un policier tant les espaces accaparés par ces «outlaws» des temps modernessont nombreux et les services communaux, à leur tête les P/APC, qui semblents'en réjouir de cette situation car les jeunes ne viennent pas leur casser lespieds au niveau de la commune. D'ailleurs beaucoup d'entre ces maires octroientun soi-disant papier qui donne droit à la gestion de cet espace public. Soit,cela occupe les jeunes devant l'augmentation galopante du chômage mais, voilàles nouveaux maîtres des lieux ne se gênent pas pour fixer les règles et leprix du droit de stationnement à défaut vous subissez les foudres du gardien sice n'est pas la couleur de son gourdin. Hélas, le différend prend quelquefoisdes tournures dramatiques. Il y a une année, un écart de langage entre unautomobiliste qui voulait se garer et un jeune qui faisait office de gardiensans autorisation aucune tourna au drame. Ce dernier ne se gêna aucunement pourplanter un tournevis en plein abdomen du malheureux automobiliste en pleincentre de Boudouaou. Le défunt laissa derrière lui une femme et trois enfantsen bas âge au moment où l'agresseur médite au coin d'une prison sur son geste.On pensait que cette agression allait tempérer l'ardeur agressive des«prioritaires des parkings» mais au contraire, certains d'entre eux, devanttoute résistance de payer, vous rappellent à l'ordre en vous balançantl'histoire de Boudouaou qui, pour eux, est justifiée. Loin de s'arrêter à cela,d'autres passent carrément à l'acte car deux mois après, la ville de BordjMenaïel allait connaître les mêmes circonstances, ce qui devait être un échangeverbal entre un citoyen qui voulait se garer et un gardien se terminatragiquement pour l'automobiliste qui s'est vu planter un cran d'arrêt dans lecoeur. Le malheureux laissa derrière lui une veuve et des enfants. Ces actessont légion aux quatre coins du pays et la presse relève quotidiennement lesfaits d'armes de ces rois du gourdin mais sans réaction des pouvoirs publics.Des quartiers entiers sont entre les mains de ces bandes, certains poussent lebouchon plus loin puisqu'ils louent ces espaces à d'autres. La porte del'hôpital de Thénia a été transférée sur la ruelle Anou du fait des travaux.Ceci a créé un véritable cauchemar pour tous ceux qui transitent par cetteétroite ruelle. Les vendredis, il est impossible de passer, car chaque jeune ason espace qu'il doit faire fructifier le temps d'un après-midi sans se soucierdu désagrément qu'il cause aux riverains. Et pourtant à une cinquantaine demètres de là, un espace pouvant accueillir une centaine de voitures resteinoccupé devant l'ancienne entrée de l'infrastructure hospitalière. Lecentre-ville de Boumerdès, qui connaîtra dans quelques jours une affluencerecord estimée par les services du tourisme à 12 millions d'estivants, va aussiconnaître la loi des «parkeurs». L'an passé, durant la même période, descentaines d'accrochages ont eu lieu parfois à un jet de la présence policièremais sans réaction et il est temps de mettre le holà à ce genre de situation sion veut réussir sa saison estivale. Aujourd'hui, devant l'incapacité despouvoirs publics à prendre des mesures draconiennes devant ce genre de nouveaubanditisme, et comment ne pas le nommer ainsi au moment où il ne reste à cesracketeurs qu'à se servir directement dans vos poches. Eux qui exigent les 30,40 ou 50 DA sans rougir. A défaut d'une réelle stratégie en ce qui concerne lagestion de ces lieux de stationnement où la loi du gourdin règne en maîtreobligeant le pauvre père de famille à payer à défaut de se faire... payerchèrement sa place, on n'est pas à l'abri d'autres drames. En fait, nous sommestous responsables car chacun de nous, pour éviter d'être agressé, s'acquittesans rechigner de 50 DA. Un collègue justifie son acte: «Je lui donne 50 ou 100DA et évite que mon pare-brise ne vole en éclats.» Cela résume l'état d'espritde l'Algérien qui ne cesse de subir et qui ne guère s'implique. C'est lapolitique de «Takhti rassi» mais pour combien de temps ?


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