Dans la région de Boumerdès, les intempéries qui sévissent depuis cinq jours ont exacerbé le mécontentement des citoyens. «Notre pays ne peut malheureusement pas faire face à des situations d'urgence. Il suffit qu'il pleuve pendant quelques jours pour que tout s'arrête. Il a neigé pendant trois jours et toute la wilaya, pour ne pas dire tout le pays, se retrouve bloquée», commente Saïd, un commerçant de Boudouaou. Et le constat n'est pas exagéré, à Kharouba, par exemple, la colère a été telle que les habitants ont mis le feu au siège de leur APC. Les routes coupées, le manque de vivres, les coupures d'électricité, la pénurie de gaz butane, et, par-dessus tout, «l'absence de l'Etat», ont fini par avoir raison de la patience des populations.
Ceci n'est pas un incident isolé, car à quelques dizaines de kilomètres de là, à Haouch El Makhfi, un quartier de près de 20 000 habitants dans la commune d'Ouled Heddadj, toujours dans la daïra de Boudouaou, les habitants ont, pendant la nuit de lundi à mardi entre 20h et 23h, fermé la RN5 à la circulation, pour réclamer le gaz de ville, mais surtout le revêtement des routes du village. Ils ont reconduit la manifestation le lendemain en milieu d'après-midi, faute d'avoir été entendus.
Comme seule réponse à leur action et revendications, l'Etat a mobilisé les forces antiémeute pour disperser la foule et libérer le seul axe routier qui relie l'est du pays à la capitale et à l'Ouest. Il ne fallait pas de blocages supplémentaires, car les routes sont déjà coupées à la circulation par la neige et la pluie dans plusieurs endroits du pays. Dans la commune de Hamadi, les habitants ont fermé à la circulation, mardi, la rocade Boudouaou-Zéralda pour protester contre les coupures intempestives et répétées d'électricité.
Aux Issers, des dizaines de familles, dont les habitations n'ont pas pu résister aux intempéries, ont été temporairement hébergées au centre de santé de la ville. Jusqu'à hier, en milieu de journée, leur problème n'a pas été définitivement résolu. Comme à l'accoutumée, pour loger ces citoyens, le problème se pose en termes de «résidence légale permanente» sur le territoire de la commune ou de «squat et constructions illicites». En effet, les autorités ne voudraient pas àªtre «mises devant le fait accompli par des habitants qui s'installent provisoirement et guettent la moindre occasion pour se faire attribuer un logement, alors que d'honnêtes citoyens ont introduit leurs demandes et attendent patiemment, malgré toutes les difficultés, d'être légalement logés», dit un responsable local. Car beaucoup de cas pareils n'ouvrent toujours pas droit à un logement aidé de l'Etat.
A Taourga, les citoyens s'en sont pris au P/APC qu'ils ont séquestré, avant-hier, dans son bureau jusqu'en début de soirée, lui reprochant de n'avoir pat été suffisamment présent à leurs côtés. Le chef de daïra a, pour sa part, réagi hier à notre article se rapportant à cet incident et a soutenu avoir eu des «entretiens mûrs et responsables avec les citoyens de Taourga». «Je n'ai pas cessé de me déplacer à Taourga pendant ces 4 jours d'intempéries et je suis resté en contact avec des citoyens de la commune pour me tenir informé de tout. Je suis de près la situation, et je peux vous dire que je ne dors pas tranquillement», dit-il.
Ailleurs dans la wilaya, même si on n'a pas enregistré d'action de protestation, d'autres signes de détresse sont plus que visibles.
Depuis samedi, c'est la ruée sur le gaz butane, dont les prix ont flambé. Les stations Naftal et autres commerces sont pris d'assaut par des centaines de citoyens dans l'espoir de trouver une bonbonne de gaz. A Chabet El Ameur, Afir, Dellys, Taourga, Kedara, Kharouba, Ouled Heddadj, Boudouaou, Tidjelabine, Ammal, Beni Amrane, Cap Djinet, des citoyens font état de pénurie de gaz. «Beaucoup se rendent dans les villes de la périphérie est d'Alger, comme Rouiba, Bab Ezzouar pour s'approvisionner en gaz butane», témoigne un autre habitant de Boudouaou.
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Posté Le : 11/02/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Kamel Omar
Source : www.elwatan.com