Algérie

Boumerdès face à un chômage endémique



Dispositifs défaillants et désillusion Vu les multiples problèmes que rencontre la jeunesse locale, il semble que beaucoup reste à faire en matière d?emploi à Boumerdès. En dépit de l?infléchissement de la courbe du chômage, cette wilaya reste confrontée à une situation économique et sociale peu reluisante qui ne fait qu?empirer au fil des ans. Ainsi, selon les chiffres fournis par le directeur de la direction de l?emploi, Mahmoud Debieb, 25 885 postes d?emploi ont été créés durant l?année écoulée, dont 7209 dans le cadre des différents dispositifs mis en place par les pouvoirs publics (Ansej, Angem, Cnac?). Par secteur d?activité, notre interlocuteur note la prédominance du secteur du bâtiment et des travaux publics et de l?hydraulique avec 4902 postes créés, suivi du secteur de l?artisanat et des services avec 6491 emplois. Le secteur de l?agriculture englobe quant à lui 1754 ; tandis que dans celui de l?industrie, l?on a créé 1655, postes. Le secteur administratif a fourni durant la même année pas moins de 3071 emplois. Ainsi, l?année 2007 a connu, selon notre interlocuteur, une légère baisse du taux de chômage. « Après avoir atteint 14% en 2005 et 13,20% en 2006, celui-ci est descendu à 11,73 en 2007 », indique-t-il. Néanmoins, les bataillons de chômeurs qui déambulent sur les placettes publiques et partout ailleurs démontrent une autre réalité. Et les dossiers des demandeurs d?emploi qui s?entassent au niveau des différents organismes et employeurs illustrent parfaitement cette réalité. des mensualités humiliantes Le constat est effarant et les dispositifs mis en place pour lutter contre le chômage se sont avérés contraignants et inefficients. Parmi ces dispositifs lancés pour juguler le chômage, il y a lieu de citer le CPE, l?Esil, Tup-Himo, l?IAIG et les différents dispositifs de microcrédits, à savoir Algérie Blanche, Angem, Cnac et Ansej. En effet, dans le cadre des emplois salariés d?initiative locale (Esil), notre interlocuteur fait état de près de 1465 nouveaux « salariés » recrutés dans les secteurs de l?administration et des services. Avec une rémunération de 2800 DA, les jeunes bénéficiaires de ce dispositif finissent toujours par quitter leur poste avec souvent une idée « d?exploitation et d?asservissement ». « C?est de la pure exploitation », fera remarquer Kamel qui a eu à exercer dans le cadre dudit dispositif. Il en est de même pour le dispositif d?Indemnité pour activité d?intérêt général (IAIG), lequel a été conçu pour atténuer le taux de paupérisation parmi les couches défavorisées. En dépit de la compensation de 3000 DA, ce dispositif, qui a généré 1954 emplois, reste très convoité par les chômeurs, notamment ceux âgés entre 35 et 50 ans. « Les services sociaux sont harcelés à longueur d?année par les demandeurs de ce type d?emploi, et les APC ne sont pas habilitées à les intégrer », précise un élu à l?APC. Pour le troisième dispositif nommé TUP-HIMO, le bilan 2007 de la direction de l?emploi note qu?il a absorbé quelque 1650 chômeurs. Ces derniers perçoivent 1000 DA par mois. S?agissant du dernier dispositif, à savoir le contrat de préemploi (CPE), un nombre important des universitaires que nous avons rencontrés se disent confrontés à énormément de bureaucratie avant de bénéficier d?un contrat. Malgré la rémunération « modique » qui ne dépasse pas 6000 DA pour les TS et 8000 DA pour les licenciés, la demande ne cesse de croître et les dossiers en attente prolongée s?entassent à l?Anem. De l?avis de Nourdine, ce dispositif « ne répond plus aux aspirations des universitaires en quête d?emploi ». Il a vu la création de plus de 1164 postes d?emploi. Un chiffre qui reste en deçà de la demande et les postulants qui ne cessent d?affluer sur l?Anem et la direction de l?emploi en est une parfaite illustration. « Nous n?avons plus le choix et nous sommes contraints d?accepter des contrats qui peuvent aller jusqu?à deux ans, mais seuls ceux qui sont dans les petits papiers des responsables finissent par décrocher des contrats », ajoute Nourdine qui attend désespérément la revue à la hausse du salaire annoncée par les pouvoirs publics. Ce dispositif se présente toutefois comme une sorte de stage de qualification post-universitaire. Le microcrédit face à la galère bancaire Même l?Anem, dont l?objectif est d?accompagner les chômeurs en quête d?emploi, se limite, selon quelques postulants au travail administratif, par l?enregistrement des demandes et le renouvellement des cartes. « C?est au chômeur de trouver tout seul un poste d?emploi, il s?adressa ensuite à l?Anem qui exige le visa de l?entreprise en question », note Rachid. Un autre jeune, titulaire de 3 diplômes, précise, quant à lui, qu?il a déposé 3 demandes depuis 2003, mais aucune suite n?a été donnée à son dossier. Approché, le directeur de l?Anem nous explique qu?il n?est pas habilité à nous entretenir au sujet des difficultés rencontrées par les chômeurs et le nombre de postes créés. « Même les entreprises publiques ne passent plus par l?Anem pour recruter, ce qui minimise les chances d?avoir un emploi pour les demandeurs », indique un fonctionnaire de cet établissement sous couvert de l?anonymat. Pour ce qui est des dispositifs du microcrédit, le bilan établi par la direction de l?emploi donne le chiffre de 539 postes créés dans le cadre de l?Angem, 49 par la Cnac et 112 dans le cadre de la formule Blanche Algérie. S?agissant du dispositif Ansej, le directeur indique : « Nos services ont eu à traiter 1104 dossiers dont 920 ont été déclarés éligibles. » Selon lui, par moins de 533 postes d?emploi directs ont été créés durant l?année écoulée. Néanmoins, ce dispositif, censé accompagner les jeunes chômeurs dans la création de leur entreprise, connaît aujourd?hui une multitude de contraintes qui bloquent parfois les jeunes promoteurs dans leurs démarches. « Il est vrai que des centaines de jeunes ont pu créer leur entreprise, mais des milliers de dossiers ont été rejetés depuis la création de ce dispositif en 1998 », relève-t-il. Le crédit bancaire se présente comme le véritable obstacle des jeunes promoteurs. En effet, notre source indique que pour 920 dossiers jugés éligibles, seuls 270 accords bancaires ont été reçus et 210 seulement ont été financés durant l?année écoulée. Les moins chanceux obtiennent toujours une fin de non-recevoir de la part des différentes banques. « Il y a plus de trois mois que j?ai déposé le dossier au niveau de la BDL, et j?attends toujours la réponse », déclare Mourad qui souhaite l?intervention de l?Etat auprès des banques pour faciliter l?obtention du crédit. « Les banques nous demandent au préalable un contrat de location du local de cinq années, ce qu?aucun propriétaire de local ne peut faire », ajoute-t-il. Outre la galère bancaire, les postulants sont confrontés à l?indisponibilité de locaux et aux travaux d?Hercule dans la constitution de leur dossier. « Pour l?obtention d?un simple papier, nous sommes obligés de fournir des tonnes de documents », se plaint un jeune qui caresse l?espoir de créer un laboratoire de photographie depuis des années.


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