Algérie

Boumerdès à la poursuite de son «hub» de la pêche



Le littoral de Boumerdès a manqué le grand dessein du nouveau terminal portuaire du centre proposé à la réalisation à la fois par CMA-CGM et par Cevital, mais que l'Etat refuse. Compensation ? Un pôle régional de la pêche est projeté à Zemmouri. L'incidence sur l'emploi et le marché du poisson est prometteuse. En attendant, l'activité halieutique est enlisée dans un archaïsme tenace. Le responsable de la pêche à la wilaya en parle.

Le plan quinquennal 2010/2014 prévoit un grand pôle régional de la pêche à Zemmouri. Les bonnes nouvelles sont rares pour cette partie de la wilaya de Boumerdès prise en tenailles entre les effets du séisme de 2003 et la perpétuation de l'insécurité qui fait réfléchir les investisseurs. Le pôle en cours de réalisation, explique M. Kadri, directeur de la pêche et des ressources aquatiques à la wilaya de Boumerdès, porte essentiellement sur l'extension sur trois hectares du port de Zemmouri afin d'augmenter sa capacité d'accueil, la réalisation d'une zone d'activité s'étendant sur 20 hectares. «Elle comportera des ateliers de fabrication de la quincaillerie maritime, des ateliers de réparation et/ou de fabrication de filets de pêche, un atelier de montage de moteurs marins, des unités de fabrication d'aliment aquatique, des pêcheries et des espaces de vente en gros». Ouverte au capital privé, la zone d'activité contient également des unités de transformation des ressources aquatiques et un bassin de reproduction des espèces pélagiques d'une capacité de 1500 tonnes/an. Le nouveau pôle régional de la pêche de Zemmouri devrait créer 3000 postes de travail permanents à 2014 à ajouter aux 4000 déjà existant dans la filière. «Il va susciter une dynamique certaine dans la région. Le premier défi est de satisfaire en produits de la mer les besoins du marché local à des prix abordables. Ce défi, nous le relevons dès maintenant» Les projets de la wilaya ne se localisant pas tous à Zemmouri, il est également prévu, outre le travail de désensablement du port de Dellys et la création d'abris de pêche dans la région d'El Kos ainsi qu'à Boudouaou El Bahri, l'installation de pêcheries modernes au niveau des trois ports de pêche que compte la wilaya et la mise en place d'espaces de vente équipés au niveau des grandes villes de la région notamment.

Une gestion et des rendements faibles

La disponibilité des infrastructures et de la main-d'Å“uvre sont loin de suffire au décollage de l'activité de la pêche à Boumerdès. La gestion est la première mise en cause. «Au sein même du secteur, on confie, par exemple, la gestion du transport au ministère des Transports, les infrastructures au ministère des Travaux publics et les prérogatives vétérinaires au ministère de l'Agriculture» explique le premier responsable de la pêche à la wilaya. Conséquence son département est le parent pauvre sur un quai où «pour réparer un éclairage au sein d'un port, il faut faire une requête auprès de la direction des travaux publics et attendre, ce qui n'est pas normal.» Les incitations pour élargir le rayon d'opération des bateaux de pêche sont faibles. Responsable, les indemnités d'assurance du matériel sont insignifiantes, «les pêcheurs ne cherchent pas à explorer de nouvelles zones de pêche. Ils travaillent uniquement dans les couloirs qu'ils connaissent bien pour éviter que leur matériel ne soit altéré.» Une autre carence bride la productivité des professionnels de la pêche : "les pêcheurs n'exploitent pas à bon escient le matériel et ne bénéficient presque pas des hautes technologies utilisées dans le domaine à cause de leur manque de formation.» Pour la plupart ils travaillent sans assurance et ne vivent que de ce qu'ils gagnent. S'ils ne pêchent pas, ils ne peuvent pas vivre. A cet effet, les pêcheurs revendiquent une mutuelle et une caisse. Une forte recommandation des assises du secteur de l'année passée.

Un sardinier, c'est 18 personnes au minimum

Le faible rendement des pêcheurs a une incidence sur le marché du poisson. L'offre y est insuffisante. D'où des prix du poisson souvent hors de portée pour les petites bourses. Prix moyen 400 dinars le kilo pour le poisson bleu la saison dernière à Zemmouri… vue sur quai. Les habitants de la wilaya de Boumerdès profitent donc peu de leur façade maritime pour élargir leur consommation de protéines animales. Pour le directeur de la pêche de la wilaya «l'équation est très simple: lorsque il y a produit, ça se vend bon marché, lorsqu'il n'y en a pas, les prix augmentent. Ceci sans perdre de vue, bien entendu, la nécessité de réguler le marché à travers la mise en place d'espaces de vente aux enchères publiques des produits de pêche. Cela sera réalisé à l'horizon 2014." Il reste que la performance économique de la filière de la pêche reste «en dedans». L'équipage d'un sardinier est au minimum de 18 personnes, une nuit de pêche coûte en moyenne 5000 da en carburants. Et les résultats ne sont jamais acquis. «Ne faut-il pas se demander de quoi vivent les pêcheurs lorsqu'ils reviennent les filets vides ?» s'inquiète pour eux M. Kadri. Mais il refuse de souscrire à cette "fatalité". "Il faut faire un grand travail de formation dans les métiers de la pêche. L'institut qui a été récemment ouvert au niveau de Zemmouri El Bahri va sans doute contribuer à la dynamisation du secteur. Mais ce qui est primordial, c'est d'aller vers davantage de professionnalisation et surtout l'attribution de prérogatives au secteur. Notre espoir est grand et le défi à relever n'en est pas moins."




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