Algérie

Boulevards Emir Abdelkader et Charlemagne: Des habitants et des commerçants dénoncent l'insécurité



Jadis fierté des Oranais, le boulevard Charlemagne s'est malheureusement transformé au fil du temps en un véritable lieu de rencontre pour les délinquants, côtoyant des revendeurs à la sauvette de boissons alcoolisées. Ce n'est plus le lieu où s'épanouit la badauderie comme il fut un temps. En l'absence d'une opération véritable d'assainissement, même des femmes de mÅ“urs légères, parmi lesquelles figurent des adolescentes, sont venues ternir encore plus le paysage de cette prestigieuse artère, qui n'avait rien à envier à celles des métropoles d'outre-mer. Réputé détenir un lugubre palmarès en matière d'agressions à l'arme blanche, le boulevard Charlemagne, devenu malfamé, n'est désormais emprunté que par des badauds avertis pour le besoin d'un achat dicté par la nécessité. L'existence d'une boulangerie et d'un établissement de commerce versé dans la vente de l'alimentation générale justifie une certaine affluence, durant la matinée seulement, composée essentiellement de ménagères et de pères de famille.

Certaines autres activités commerciales ont carrément disparu ou sont en passe de l'être. C'est le cas d'un commerçant, qui était établi en ce lieu depuis plus de 25 ans. Il a finalement mis sa clé sous le paillasson. « Il est impossible de travailler dans de pareilles conditions. Nombre d'altercations ont opposé mes employés et moi-même à ces délinquants. J'ai en vain saisi toutes les autorités, en joignant mes requêtes avec des pétitions dûment paraphées par des habitants et des gérants de commerce. Notre but était de contribuer à redorer le blason terni de cette partie du centre-ville de la capitale de l'Ouest.» Le même son de cloche s'est fait entendre chez un restaurateur. « Nombre de mes clients ont été agressés par les mêmes délinquants, qui nous narguent à longueur d'année. Je ne peux pas intervenir par crainte de représailles », a fait remarquer notre interlocuteur. Les jours fériés et le vendredi notamment, les lieux se transforment en un véritable marché informel de boissons alcoolisées. Des individus au louche acabit proposent, à la criée, des bouteilles d'alcool aux automobilistes de passage. A la tombée du soir, il est déconseillé de s'aventurer sur ce boulevard où prévalait quelques années auparavant une ambiance conviviale. Ce malheureux état de fait a poussé nombre de familles à déménager.

Le même climat délétère prévaut également sur l'autre prestigieux boulevard Emir Abdelkader, surtout après le début des travaux du tramway. Les habitants et les commerçants sont unanimes à revendiquer une présence dissuasive et une opération des forces de l'ordre. « C'est intolérable et contraire à toutes les morales ce qui se passe sur ce boulevard. Les vols à l'arraché et les agressions à main armée sont devenus l'essentiel de l'ambiance. Ces délinquants nous narguent et nous ne pouvons intervenir de peur d'enfreindre la loi », a fait remarquer le gérant d'une cafétéria. Ironie du sort, la fermeture partielle de cette artère, située en plein cÅ“ur de la ville, semble constituer un certain avantage pour ces délinquants. La dégradation de la situation a même poussé nombre de pères de famille demeurant dans cette zone à se procurer des armes blanches pour se défendre éventuellement.

 «Ces individus, armés de coutelas, entraînent leurs victimes dans les paliers de nos immeubles pour les délester de leurs biens. Je les ai surpris à plusieurs reprises dans la cage d'escalier occupés à perpétrer leur forfait. Ils imposent leurs lois », s'est insurgé un locataire d'un immeuble situé sur le boulevard. Des automobilistes ont été également attaqués en s'arrêtant au niveau des feux tricolores.

 Les ruelles transversales convergeant vers le boulevard Emir Abdelkader sont aussi logées à la même enseigne. Les établissements de commerce, qui y sont installés, baissent leurs rideaux dès la fin de l'après-midi. « La clientèle se fait rare au fil des jours. Nombre de nos clients ont été agressés en plein jour. Si cette déplorable situation persiste, nous serons dans l'obligation de fermer boutique», a affirmé le gérant d'un commerce, qui a révélé que plusieurs doléances, dénonçant l'insécurité et paraphées par des commerçants et des habitants, ont été adressées aux autorités locales concernées. « Je suis entre le marteau et l'enclume. Ma famille insiste pour que je vende notre appartement mais, hélas, je n'ai pas encore trouvé où partir », a expliqué un père de famille résidant au niveau d'une de ces ruelles.

 Selon nos interlocuteurs, cet état de fait a même eu des répercussions néfastes sur l'immobilier dans cette partie du centre-ville. « Cette situation de déliquescence a poussé de nombreux locataires des immeubles situés dans les alentours immédiats de cette artère à brader leurs logements », expliquent-ils encore. Toujours est-il que les principales revendications de ces familles et de ces commerçants se résument sur une véritable opération d'assainissement et la présence en permanence d'un véhicule des forces de l'ordre dans un cadre dissuasif.




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