Algérie - Bouira

Bouira Une école régionale des beaux-arts inaugurée



Publié le 30.03.2024 dans le Quotidien l’Expression

La visite, jeudi, de la ministre de la Culture et des Arts dans notre wilaya a été un formidable coup de projecteur pour le secteur.
Le secteur sombrait depuis quelques années dans la grisaille créée autour de lui par une certaine inertie. Arrivée vers neuf heures au niveau de la wilaya, elle a, par sa seule présence, su installer ce climat de confiance, de connivence et de synergie entre tous les acteurs qui activent dans les différents domaines. Artistes peintres, artisans, poètes, écrivains, chanteurs, gens de théâtre, acteurs, metteurs en scène, mais aussi fonctionnaires, responsables ou présidents d'association, chacun a eu droit à un sourire, une poignée de mains et le mot magique qui rappelle que le monde des arts et des lettres est le monde par excellence de la création et de l'innovation, de la fraternité et du partage, bref, un monde où l'action se combine harmonieusement et copieusement avec la fiction. Mais la ministre Soraya Mouloudji n'était pas venue que pour échanger des poignées de mains et tenir des discours, aussi aimables et encourageants soient-ils. Son agenda pour cette journée était vaste, et s'il lui a permis d'aller au-devant de tout le monde, le sourire aux lèvres et la main tendue, dans le même temps, il a comporté un grand nombre de travaux comme les inaugurations de nouveaux projets et les inspections d'autres ayant subi ou subissant encore des opérations de réhabilitation. Bref, le secteur a l'air de sortir d'une longue léthargie.

La ministre a commencé, ce matin, sa visite par le théâtre de plein air de 230 sièges. Non loin de la Ccls et de la gare ferroviaire. Le geste inaugural de la ministre lui a permis de recouvrer un nom, celui du moudjahid Mechdou Salah. Le même geste a également doté d'un nom l'école régionale des beaux-arts où elle s'est rendue: Djebid Abid, un chahid de la première heure. La salle de conférence a reçu celui du journaliste et dessinateur Arezki Larbi.

La structure équipée d'un resto, d'un amphi d'une capacité de 100 élèves, de huit ateliers et salles de classe pourra accueillir 300 personnes à la prochaine rentrée. La ministre s'y est longuement attardée, prenant même une photo souvenir après avoir écouté un orchestre placé en plein air, accompagnant une chanson chabie et une autre chanson en kabyle. Il faut dire que sa visite a été en grande partie motivée par cette inauguration considérée par elle comme un phare dans le domaine culturel. La bibliothèque moderne de Aïn Bessem, dotée de 600 sièges et de 1500 livres, a reçu, quant à elle, le nom du chahid Allache Ahmed. La structure à deux étages se partage en diverses activités culturelles pour enfants et adultes, les premiers, en bas, les seconds en haut. Ici, une remarque: pourquoi les portraits de l'écrivain Kaddour M'Hendsadji et du poète Messaour Boulenar, qui sont pourtant de la région, ne figurent pas dans le hall de la bibliothèque parmi des auteurs dont nombre sont moins connus? À la porte d'Alger, dont l'arc de triomphe n'est pas sans évoquer celui des Champs Elysées, la ministre est entrée de plain- pied avec l'histoire. Ce n'est pas seulement Sour El Ghozlane qu'elle a eu en face d'elle. Mais plongeant dans le passé, elle a pu faire connaissance avec Aumale qui tient son nom d'un duc (le duc d'Aumale) et d'Auzia, un nom romain au temps où la cité comptait parmi les municipalités les plus florissantes de la Rome antique. Ses vestiges romains (ses trois portes, celle d'Alger, au nord, celle de Sétif à l'est, en réhabilitation, bientôt livrée, et celle, enfin, de Boussaâda, au sud, son mur d'enceinte et qui ont connu tous des opérations de rénovation), ont été comme un livre d'histoire ouvert devant la ministre, fascinée par un patrimoine d'une incommensurable richesse qui s'est constituée à travers quatre époques: romaine, arabe, ottomane et française.

En revanche, le théâtre de plein air de 2500 sièges, belle architecture en plein centre-ville, qui est comme une démonstration que l'attachement au passé n'a jamais nui dans l'esprit de ses habitants à leur volonté d'être à l'avant- garde du progrès, a reçu le nom de Djamel Amrani. Et là, encore comment ne pas faire une autre observation? Comment a-t-on fait pour ne pas se souvenir du poète Boulenouar qui n'a pas seulement été un grand poète, mais aussi un vrai révolutionnaire? Ne devait-il pas garder toute sa vie des desquelles de son séjour en prison? Sour El Ghozlane était sa ville! Il y a vécu. Il y est enterré. La mosquée El Atik, baptisée Si Hamidou, et construite en 1753, à l'époque ottomane, a permis à la ministre de se rendre compte de l'état dans lequel elle a été laissée par les familles qui y vivaient avant leur relogement ailleurs, et d'y tenir son point de presse. ...À ce stade de sa visite, elle a résumé tout ce qu'elle a fait pendant la journée, et ce qui lui restait encore à faire, exprimant par là son entière satisfaction devant ce qui a été réalisé comme projets et travaux de réhabilitation. Pour la Maison de la culture de Bouira, elle a accordé 120 millions pour sa réhabilitation.

À El Hakimia la ministre a marqué une halte devant le tombeau du combattant romain dont l'état a nécessité quelques travaux. Ici il est essentiel de relever une contradiction: par quelle alchimie verbale, en effet, le mausolée de Takfarinas s'est transformé en tombeau du combattant romain? À M'Chedellah, la ville des érudits, les M'Chedellis, la ministre a inauguré la salle de cinéma devant un public d'autant plus enthousiaste qu'il a toujours tenu à son cinéma.

La direction de la culture a fait dons d'équipements cinématographiques de type DCP. La mosquée Ath Ibrahim, dans la même daïra, trône au sommet d'une grande colline. Construite par les habitants de ce hameau où le temps semble s'être figé, elle date de 1652! Cette visite ministérielle pour un secteur qui a tout particulièrement souffert du confinement imposé pendant deux ans et demi par le Covid est un bol d'oxygène. Il faut juste en espérer d'autres afin que la dynamique enclenchée puisse s'y poursuivre.

Ali DOUIDI



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