C'est un homme visiblement désespéré que nous avons reçu dans notre bureau. Il s'agit de Yahiaoui Abderrezak, garde communal, qui a épousé sans hésiter la lutte antiterroriste en 1999 dans la localité de Roudha à environ 10 km à l'est de la municipalité de Taourirt (extrême est de Bouira).
Avec un dossier médical et une carte d'invalidité à l'appui, l'homme se dit être lésé dans ses droits socioprofessionnels par la délégation de wilaya chargée de la gestion de son dossier. L'homme garde toujours les séquelles traumatisantes du terrorisme intégriste. Les trois balles qu'il garde à ce jour, malgré lui, logées dans son corps suite à un accrochage avec les terroristes survenu le 29 novembre 2000 peuvent d'ailleurs en témoigner. Après avoir toujours réussi avec ses collègues à repousser la bête immonde intégriste qui sévissait dans les alentours de son village, Abderrezak a été un jour touché par des tirs de mitraillette dans une embuscade tendue par des terroristes. Le hic dans toute cette histoire, c'est qu'une fois transféré en urgence à l'hôpital de M'chedallah, et dans le souci de juguler l'urgence, les médecins d'alors, selon lui, avaient suturé ses blessures béantes sans pour autant avoir procédé à l'extraction desdites balles.La première s'est logée dans la mâchoire, la deuxième dans le front et la troisième lui a transpercé la clavicule. C'est, dit-il, un véritable calvaire qu'il vit au quotidien et au fil des années. Cela dure depuis le début de l'année 2001. Pis encore, il affirme que l'idée d'aller extraire ces balles aujourd'hui le terrorise davantage, sachant que des chirurgiens spécialistes le lui avaient déconseillé, car, selon eux, cela pourrait lui être fatal. « Aujourd'hui, malgré mon statut de victime du terrorisme et après quatre ans d'arrêt de travail et sans ressources, le délégué de wilaya a pris la décision de m'enrôler dans mon ancien poste sans pour autant avoir daigné étudier mon dossier médical d'incapacité physique et surtout prendre en compte le taux d'invalidité mentale de 90% que m'a attribué le psychiatre au regard de mes troubles », fulmine-t-il tout en réclamant une mise en retraite anticipée avec une rémunération digne. « Je ne refuse pas de reprendre les armes mais mon état de santé et mon invalidité mentale plaident pour une retraite méritoire qui ne saurait, moyennant des miettes, balayer d'un revers de la main mes sacrifices », poursuit-il, non sans dépit. Notons en définitive que bon nombre d'éléments de ce corps de la garde communale, connu par le nom de G 40, aspirent à une régularisation à l'instar de 11 éléments du village de Ouled Bouali (sis à 50 km à l'est de la wilaya de Bouira) ayant déposé les armes après un malentendu avec leur chef. Depuis, ils vivent hélas dans la précarité sans que cela n'émeuve les autorités concernées.
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Posté Le : 10/09/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ahcène Saoudi
Source : www.elwatan.com