S’il y a un métier qui fait son apparition occasionnellement pour ne pas dire une fois par an, c’est-à-dire à l’approche de l’Aïd el-Adha, c’est bien celui de rémouleur, l’aiguiseur ou l’affûteur des lames et autres couteaux.
A Bouira, et à l’occasion de cette fête du sacrifice et c’est parce que, c’est devenu une tradition, des pères de famille, prennent tout ce qui est couteau chez eux pour l’aiguiser afin qu’il soit prêt pour le jour J, et c’est parce que certains sont à l’affût de la moindre occasion pour l’enrichissement rapide, le métier de rémouleur en pareille occasion, est tout indiqué.
Depuis plusieurs jours, pas une rue ou autre coin bien situé dans la ville de Bouira, ne soit pris d’assaut par ces nouveaux artisans qui, munis de leur petite table équipée d’un petit moteur et une courroie reliée à une meule, sont là à attendre leurs clients.
Des clients qui sont en fait déjà là, et qui se comptent par dizaines pour ne pas dire par centaines et qui font l'affaire du siècle oh pardon, de l’année de ces rémouleurs.
Ce mercredi, munis d’un sachet de couteaux de différentes formes, nous nous sommes rapprochés de l’un de ces artisans installés aux côtés d’un autre à la sortie du marché couvert de l’ancienne gare routière. Inutile de vous dire que notre artisan ainsi que son collègue, ne chôment pas du tout et mieux encore, nous étions étonnés de trouver sur place des gens qui faisaient la chaîne pour faire aiguiser leurs couteaux et autres machettes et haches.
Pour notre part, nous avons laissé notre sachet au rémouleur qui nous donnera rendez-vous dans moins d’une demi-heure pour éviter l’attente inutile. Effectivement, une demi-heure plus tard, nous avons récupéré notre sachet avec des couteaux tous bien affûtés et le tout, pour la somme de 400 DA. 400 DA pour quelques minutes de travail! Et notre monsieur semble des plus heureux devant cette meule devenue, l’espace de quelques jours, une véritable machine à sous.
Car et selon des indiscrétions, ce métier rapporte à ces artisans des dizaines de millions de centimes; soit un revenu annuel d’un cadre moyen en Algérie. En effet, quand nous avons demandé le détail des prix par couteau, notre rémouleur nous expliquera que les petits couteaux et autres canifs, sont affûtés à 50 dinars l’unité, les grands couteaux et autres poignards, à 100 dinars l’unité et enfin, les machettes et autres haches, à 150 dinars.
Et quand on sait que les 400 dinars que nous avons payés pour l’affûtage de deux poignards et quatre petits couteaux, l’étaient pour un temps qui n’a pas dépassé 10 minutes, et sachant que ce travail débute, surtout ces derniers jours, depuis le petit matin jusqu’à une heure tardive de la nuit au niveau des quartiers et autres cités populaires, l’on comprendrait aisément combien ces rémouleurs gagnent par jour…
Ainsi, en l’espace de quinze jours, ces artisans occasionnels gagnent jusqu’à 40 voire 50 millions centimes; presque le revenu annuel d’un cadre moyen en Algérie.
Et par-dessus tout, cet artisan occasionnel est considéré par les pouvoirs publics comme un chômeur sans aucun revenu. Pour la simple raison que ce métier temporaire n’est pas comptabilisé par l’Etat comme étant un métier.
Y. Y.
Posté Le : 31/08/2017
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: ter-pinter... ; texte: Y. Y.
Source : LeSoirdAlgerie.com du jeudi 31 août 2017