Algérie

Bouira : pourquoi tant de répression '



À Tizi Ouzou, à Béjaïa, à Sétif ou à Boumerdès, des marches ont été organisées et aucun débordement n'a été enregistré. À Bouira, la répression des manifestants n'a fait qu'attiser la violence.Depuis une semaine, la wilaya de Bouira vit au rythme de la contestation autour de la promotion et de la généralisation de l'enseignement de tamazight. Des marches sont organisées de manière quasi quotidienne par des étudiants et des lycéens et sont systématiquement interdites, voire réprimées par les forces de sécurité, comme ce fut le cas lundi dernier, où plusieurs étudiants, ont été interpellés lors de la marche avortée, initiée par le Collectif libre des étudiants de l'université de Bouira. Les détenus, ont été, certes, tous relâchés durant la soirée d'avant-hier, mais cette vague d'arrestations, n'a fait qu'envenimer la situation.
En effet, lundi soir, des jeunes de la localité de Raffour (est de Bouira), ont fermé la RN26 en incendiant des pneus, dans le but de dénoncer les arrestations dont ont été victimes leurs camarades. Hier encore, certains lycées de la région Est de Bouira, à l'instar de M'chedellah, d'El-Adjiba et d'Ath Laqser, étaient paralysés par une grève des élèves, qui ont protesté pour la promotion de tamazight. Contrairement aux autres wilayas à l'instar de Béjaïa, Tizi Ouzou ou encore Boumerdès, où la contestation estudiantine s'est relativement estompée et surtout s'est déroulée dans le calme et la sérénité, à Bouira, la violence a pris le dessus. En effet, depuis le 11 décembre, date de l'empêchement de la marche initiée par le Collectif national pour la défense de l'identité amazighe (CNDIA), on observe un effet "boule de neige", lequel ne cesse de prendre de l'ampleur.
Une chronologie des événements et des faits tangibles peuvent expliquer cette spirale de la violence qui n'augure rien de bon. Tout d'abord, "la frilosité" des services de sécurité. Il est vrai que si la commission de sécurité, présidée par le wali de Bouira, avait autorisé la première marche des étudiants, laquelle, faut-il le rappeler, s'est transformée en affrontements entre les étudiants et les forces de l'ordre, rien de tout cela, ne serait probablement arrivé.
À Tizi Ouzou, à Béjaïa ou à Sétif, des marches autorisées ont eu lieu et aucun débordement n'a été enregistré. Ensuite, il y a un phénomène spécifique à Bouira, celui des organisations dites "satellites", qui parasitent et sapent le travail des comités initiateurs de ces marches. D'ailleurs, la flambée de violence au sein de l'université Akli-Mohand-Oulhadj de Bouira, qui a conduit à sa fermeture la semaine passée par le rectorat, résulte de la "provocation" de certaines organisations estudiantines, qui avaient "nargué" les étudiants ayant marché le 12 décembre dernier, pour le la promotion de tamazight.
Ces mouvances estudiantines ont clairement fait dans la manipulation, à des fins inavouées. Les choses auraient pu s'arrêter-là, si un autre élément n'avait pas jeté de l'huile sur le feu : l'intox et le manque de communication.
En effet, dans la soirée du 12 décembre, une folle rumeur avait circulé sur les réseaux sociaux, indiquant qu'une jeune étudiante aurait été agressée par des étudiants au niveau de la résidence universitaire des 140-Logements. Il n'en fallait pas moins pour que le lendemain, les rues de Bouira, se transforment en théâtre de "vendetta". Une rumeur sans fondement, à laquelle les services concernés n'avaient pas cru bon d'apporter un démenti catégorique, laissant ainsi, la ville de Bouira s'embraser sur la base d'une intox. Toujours au chapitre du manque de communication des autorités publiques, ni le wali de Bouira ni les services chargés du maintien de l'ordre n'ont jugé utile d'organiser une conférence de presse, en dépit de la gravité de la situation.
À ce titre et voulant avoir l'avis du premier magistrat de la wilaya, au sujet de ces marches à répétition et leur répression systématique, nous avons adressé, hier, nos questions au chargé de communication de la wilaya, qui a assuré les avoir transmises au wali. Or ce dernier, n'a pas daigné y répondre. En définitive, le "cocktail" répression, manipulation, intox et manque de communication, a été des plus détonants pour la wilaya de Bouira et a généré une spirale de violence, dont l'issue demeure encore incertaine.
RAMDANE BOURAHLA


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