Les vergers de pêchers qui faisaient la renommée de la région d’Ath Mansour dépérissent. Les arboriculteurs sollicitent l’aide de l’Etat.
La revalorisation du produit agricole du terroir dans la wilaya de Bouira ne semble pas constituer une priorité des pouvoirs publics. Le programme pompeusement annoncé par la DSA pour que ces produits, dont les cerises, la pêche blanche d’Ath Mansour, la figue sèche, les fraises, les oranges, etc., retrouvent leur place, n’a pas porté tous ses fruits.
Depuis plus d’une décennie, la superficie de ces vergers stagne. Pis, d’autres produits qui font la particularité de certaines régions sont en voie de disparition.
Il s’agit en premier lieu de la pêche blanche d’Ath Mansour. D’année en année, le verger rétrécit comme une peau de chagrin. Ce fruit charnu et succulent, de couleur blanche frappée de rouge, ne stimule guère les responsables en charge du secteur de l’agriculture.
Le constat peut se faire sans grande peine. Il suffit de traverser de long en large la région d’Ath Mansour pour se rendre compte que les terres où poussaient des vergers verdoyants de pêchers sont devenues des terrains vagues qui sont à la merci des crues de l’oued Sahel. Le parfum de la pêche blanche que l’on pouvait sentir à des dizaines de mètres a totalement disparu.
Sur le marché, ce fruit est introuvable. Les centaines de jeunes qui vendaient la pêche blanche sur les bords de la RN 05, pendant l’automne, il y a une vingtaine d’années, n’y sont plus aujourd’hui.
La grande majorité des agriculteurs qui cultivaient cette variété locale qui constituait leur seul gagne-pain n’ont plus la force de continuer. Quant à ceux qui restent, ils font dans la résistance.
Meziane Mohamed Ameziane, pépiniériste, fait partie de cette minorité qui travaille sans relâche pour préserver la pêche blanche d’Ath Mansour.
Depuis un peu plus de dix ans, M. Meziane n’a pas cessé de demander de l’aide aux autorités. Histoire d’agrandir son entreprise. Mais les pouvoirs publics ne l’entendent pas de cette oreille. Que des promesses non tenues.
«J’avais demandé à ce qu’on me donne une parcelle de terrain qui me permet de travailler et y installer ma pépinière. Mais ils m’ont proposé des terrains très éloignés et qui sont inaccessibles», souligne le pépiniériste.
Cependant, cela n’était qu’un début. L’agriculteur qui trime d’arrache-pied pour tenir en vie ce patrimoine agricole qui faisait la renommée de la région des décennies durant, se voit mener en bateau par l’administration.
Voire même affaibli. En 2007, la Conservation des forêts de Bouira lui avait fait une commande de produire 250.000 plants. Le pépiniériste a tout fait pour que le produit soit prêt dans les délais.
Problèmes en suspens
«J’ai fait tout ce qu’ils m’ont demandé. Quand les plants étaient prêts, le Conservateur de l’époque m’avait dit d’attendre une année. Les plants ont donc dépassé leur taille normale qui est de 17 à 25 cm. Le comble, c’est qu’ils m’ont laissé tomber après», regrette M. Meziane.
Depuis, l’agriculteur ne cesse de frapper à toutes les portes pour faire valoir ses droits. Ses requêtes sont restées à ce jour sans réponse.
«J’avais un grand espoir de relancer la pêche blanche d’Ath Mansour et aussi faire travailler les jeunes de la région. Mais, hélas! Celui qui veut travailler n’aura aucune aide et celui qui ne travaille pas bénéficie de tout le soutien de l’Etat», ajoute-t-il.
Les pertes qu’il a subies l’ont considérablement affecté.
«Je ne demande pas des milliards. Je veux juste qu’ils m’indemnisent pour rembourser mes dettes et pouvoir travailler», dit-il.
En ce qui concerne la pêche blanche d’Ath Mansour, le pépiniériste garde précieusement un peu plus de 40.000 noyaux. Pour permettre à ces noyaux de pousser, il faudra tout un programme de développement. Ce qui peine à se concrétiser depuis de longues années.
Toutefois, quelques vergers de la pêche d’Ath Mansour ont poussé dans certaines wilayas du pays, notamment à Batna, Bordj Bou Arréridj, Sétif.
À Bouira, aucun pêcher n’a été planté depuis de longues années. Le programme de développement des produits du terroir que la DSA voulait lancer a été vite abandonné.
«L’idée a commencé à germer en 2003. Qu’on le veuille ou non, la région d’Ath Mansour est une région de la pêche blanche. Le produit du terroir est connu. Il s’est vendu même en France. Et actuellement beaucoup de personnes dans cette région ne connaissent pas ce produit», estime un ancien membre de l’APW.
La pêche blanche d’Ath Mansour perd beaucoup de ses qualités quand elle sort de son terroir.
Selon M. Meziane, «pour préserver le goût et la particularité de la pêche d’Ath Mansour, il y a des techniques et tout un savoir-faire.»
L’un de ces secrets pour que le fruit garde sa qualité et sa particularité, réside de prime abord dans l’endroit où le plant doit pousser. M. Meziane dit que cette variété doit pousser dans la région d’Ath Mansour.
Pour Rachid Moresli, directeur des Services agricoles de Bouira, le manque de ressources hydriques affecte le programme de développement de la pêche blanche d’Ath Mansour en particulier et de l’arboriculture en général dans cette région.
«L’arboriculture s’est développée quand la région disposait de la ressource hydrique. Depuis quelques décennies, l’oued Sahel a connu une sécheresse et la culture de la pêche nécessite de l’irrigation», dit-il.
«Nous voulons des quotas d’irrigation pour cette zone avec le projet des grands transferts qui se font à partir du barrage Tilesdit», a-t-il ajouté.
Ali Cherarak
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 02/07/2014
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: © El Watan ; texte: Ali Cherarak
Source : El Watan.com du lundi 30 juin 2014