Algérie - Bouira

BOUIRA La sécurité alimentaire au centre d’une rencontre avec les agriculteurs



BOUIRA La sécurité alimentaire au centre d’une rencontre avec les agriculteurs
Publié le 02.03.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie

YAZID YAHIAOUI

Lors de la crise de la Covid-19, le monde entier a pris conscience d’une réalité : pour cause d’un confinement dû à cette pandémie, des mécanismes mondiaux qui faisaient croire jusque-là en une solidarité internationale infaillible, ont soudainement cessé pour faire place à la préférence nationale et au repli sur soi. Depuis, la sécurité alimentaire est devenue le véritable levier d’une souveraineté nationale.

Yazid Yahiaoui - Bouira (Le Soir) - L’Algérie, l’un des grands pays consommateurs de blé avec plus de 11 millions de quintaux par an, a été parmi les pays qui ont depuis longtemps pris les devants. La politique des pouvoirs publics pour une sécurité alimentaire a débuté depuis les années 1990, pour se voir accentuée durant les années 2010, puis récemment, depuis la pandémie de la Covid-19, comme une priorité dans la politique étatique. Des mécanismes d’aide au profit du monde agricole se sont multipliés et des recherches scientifiques sur le climat et les variétés et autres semences sont régulièrement menées tant dans les laboratoires que sur le terrain pour trouver des palliatifs aux changements climatiques, puis permettre aux agriculteurs de continuer à travailler dans ce secteur sérieusement menacé par ces aléas climatiques, la cherté et la rareté des semences.

«La CNMA comme outil indispensable pour le développement de la filière des grandes cultures et la garantie de la sécurité alimentaire»
Les autorités du pays ayant conscience de ces enjeux, ont multiplié les mesures en faveur du monde agricole avec plusieurs facilitations pour l’acquisition des matériels mais aussi et surtout, des mesures incitatives concrètes comme celles consistant à augmenter les prix d’achat des céréales auprès du paysan, et récemment encore, la gratuité de la semence et des engrais au profit des céréaliculteurs.

Pour accompagner ces mesures, la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA), qui est un acteur incontournable pour la garantie de la sécurité alimentaire du pays, et sachant que l’agriculteur est l’un des acteurs du développement économique et social du pays, a initié des rencontres régionales avec le Conseil interprofessionnel de la filière des céréales et l’Institut national des sols, irrigation et drainage (INSID), pour sensibiliser les céréaliculteurs sur l’importance des assurances agricoles et en tant qu’outil essentiel pour la pérennité de leurs investissements et la survie de leur activité.

Cette rencontre régionale qui a regroupé 13 wilayas du centre du pays, au niveau de la salle des conférences de l'hôtel «AB Park» de Bouira, en présence des autorités locales, et des dizaines d’agriculteurs venus de ces wilayas, et qui est placé sous le signe «La CNMA comme outil indispensable pour le développement de la filière des grandes cultures et la garantie de la sécurité alimentaire», a été l’occasion pour débattre des défis auxquels la filière céréalière est confrontée, mettre en lumière des politiques adaptées pour réduire leur impact et analyser ensemble la situation en vue de dégager des solutions efficaces.

À ce sujet, le DG de la CNMA, M. Cherif Benhabylles qui est également président de l’Organisation africaine des assurances (OAA) a , lors de son allocution, appelé les agriculteurs à se regrouper autour de la CNMA qui est là pour leur apporter aide et assistance financière, en les aidant à faire face aux catastrophes auxquelles ils sont confrontés pendant l'exercice de leurs activités ; des catastrophes tant techniques concernant les pannes et autres accidents de leurs engins et autres matériels utilisés, les bâtiments et autres locaux, que naturels, comme les incendies, les inondations, la grêle, les gelées, la sécheresse, et autres.

«Une assurance calamités naturelles dans un proche avenir»

M. Cherif Benhabylles réitérera son appel lors des débats, en réponse aux agriculteurs qui se posaient des questions sur certaines catastrophes qui restent jusque-là non assurées. Il parlera d’un nouveau produit qui est en proposition et qui consiste justement en la sécheresse et les pertes sèches que subissent les céréaliculteurs, ou quelquefois, la perte de rendement due à cette sécheresse.

Là dessus, M. Abdelghani Benali, S/G du CNIFC, qui a présenté une communication sur les différents types d’assurances disponibles au niveau de la CNMA et de ses antennes régionales, CRMA, est revenu sur ce produit avec nous en aparté, en expliquant qu’il s’agit «d’un produit relatif à l’assurance des grandes calamités comme la sécheresse qui était jusque-là considérée comme faisant partie des grandes catastrophes auxquelles les pouvoirs publics octroient exceptionnellement des budgets. Désormais, l’assurance ‘’Calamité’’ pourra être prise en charge au niveau de la CNMA en invitant les céréaliculteurs à souscrire à cette assurance qui sera déclinée sous différentes facettes. «Tout cela fera l’objet d’une proposition aux pouvoirs publics pour approbation avant son application», dira-t-il.

Par ailleurs, lors de cette rencontre fort enrichissante pour les agriculteurs, une autre communication a été très bien appréciée : il s’agit de celle de M. Negri Cherif, directeur du l’INSID. M. Negri qui a sillonné le pays d’est en ouest et du nord au sud, a présenté une communication dans laquelle il a montré, via une présentation data show, l'ampleur des changements climatiques dans le pays, avec un rétrécissement conséquent de la bande nord concernant les précipitations depuis 1950 à nos jours. M. Negri qui a impressionné tous les présents expliquera à ce sujet à l’endroit des céréaliculteurs, la nécessité de prendre en compte cette réalité pour s’adapter et adapter les types de variétés culturales à cultiver, et surtout celles à abandonner. Il dira que les précipitations qui sont en dessous de 300 mm par an comme c’est le cas pour plusieurs régions du pays, principalement la région ouest depuis Oran jusqu’à Tlemcen, ainsi que le sud des wilayas de Sétif, Bordj-Bou-Arréridj, M’Sila en entier et le sud de Bouira, de Tébessa, Khenchela, devront cesser de cultiver le blé qui demande beaucoup d’eau pour un meilleur rendement, et se contenter par exemple de l’orge, l’avoine, ou encore les légumineuses comme les lentilles et les pois chiches.

Il parlera également des régions sud qui doivent être prises en compte pour les grandes cultures avec l’irrigation surtout que l’eau souterraine existe en grandes quantités, mais également l’arboriculture, pour ces zones à faible taux de précipitations pour remplacer les grandes cultures. Des régions au-dessous de 300 mm qui doivent adopter de l’arboriculture comme l’olivier, le pistachier, l’amandier, le caroubier, qui sont rustiques et résistent aux grandes chaleurs. Le même principe devra être adopté pour le Barrage vert qui vient d’être relancé par les pouvoirs publics.

M. Negri Cherif qui est considéré à juste titre par les céréaliculteurs comme un véritable philanthrope, tant il a toujours été au service des agriculteurs, toujours disponible, se déplaçant quand il le faut, et donnant des conseils à distance dans d’autres cas, a été agréablement surpris en se voyant honoré par les agriculteurs de Médéa, présents à cette rencontre régionale.
Y. Y.

YAZID YAHIAOUI



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