Algérie - Kadiria

Bouira - L’agrumiculture en régression



Bouira -  L’agrumiculture en régression


La filière agrumicole perd graduellement sa consistance dans la wilaya de Bouira, en raison du rétrécissement de la superficie cultivée et du manque d’irrigation.

La culture des agrumes dans la wilaya de Bouira connaît un déclin ces dernières années. Selon les chiffres communiqués par les responsables de la direction des services agricoles (DSA) de Bouira, lors d’un conseil de wilaya consacré récemment au secteur agricole, la superficie qu’occupe la filière agrumicole n’est que de 490 ha. Elle est classée en dernière position après la viticulture en matière de superficie.

La majorité des exploitations agrumicoles à Bouira est localisée essentiellement dans les communes du nord-ouest de la wilaya, à savoir Kadiria et Lakhdaria. Auparavant, de vastes orangeraies couvraient le plateau de la commune de Kadiria. Malheureusement, lors de la réalisation du tronçon de l’autoroute Est-Ouest, des dizaines d’hectares d’orangers ont été rasés, laissant la place au bitume.

Ali Bourahla, un septuagénaire à la retraite, originaire de Kadiria, est un dévoué de l’agrumiculture dès son enfance. Depuis l’année 2000, il devient usufruitier d’une vaste orangeraie. Il cultive plusieurs variétés, dont particulièrement la célèbre et succulente Washington.

«Chaque année, j’assiste au rétrécissement des orangeraies. Le sirocco de l’été dernier a causé d’énormes dégâts sur les vergers à Bouira. Les répercussions sur la récolte des oranges sont visibles. Elle a beaucoup diminué. Même le feuillage de ces agrumes a perdu sa couleur vert foncé», dit-il avec regret.

Les déboires de ce vieux fellah ne se limitent pas à ce point, car il aurait pu sauver la récolte si l’eau était disponible en abondance.

«Les forages ont nettement diminué, alors que les agrumes ont besoin d’importantes quantités d’eau. Mes voisins des vergers d’à côté ont dépensé des sommes faramineuses dans le creusement des puits, mais qui ont rapidement tari. Les pertes sont énormes. Cette situation pousse les plus acharnés des agriculteurs à abandonner le travail de la terre».

La main- d’œuvre aussi se fait de plus en plus rare. Selon le constat de notre interlocuteur, les jeunes ne sont pas intéressés par l’agriculture.

«Ceux qui s’aventurent dans le créneau de l’agrumiculture savent que c’est un investissement à long terme. Il n’y a pas une relève qui assurera la continuité de notre travail», dit-il.

Par ailleurs, le vieillissement des agrumes dans les deux régions de Lakhdaria et Kadiria est aussi un facteur qui affecte directement la production. La plupart des orangers productifs actuellement, ont été plantés depuis près d’une quarantaine d’années. L’on ajoute à ce facteur celui des différentes maladies qui affectent les agrumes.

La vente des oranges fait l’objet de spéculation, notamment celles de bonne qualité. Elle dépasse la barre des 250 DA le kilo, alors que le prix d’achat chez l’agriculteur ne dépasse pas les 120 DA.

La récolte des agrumes durant la saison 2016/2017 à Bouira atteint 24.898 quintaux. La wilaya occupe la 20e position à l’échelle nationale en la matière. Sa part dans la production nationale n’est que de 0,2%. Ce qui est insignifiant, malgré les potentialités de la wilaya.

Interrogé sur le manque d’eau d’irrigation soulevé par les agrumiculteurs de la région de Kadiria, le DSA de Bouira affirme que cette région demeure moins irriguée par rapport à d’autres localités.

«Nous sommes en train de réfléchir au placement d’un réseau d’irrigation dans la plaine des Issers. Nous allons gagner au moins 900 ha de terres agricoles à irriguer. Pour le moment, le wali a affecté 2 forages dédiés spécialement à l’irrigation».

En attendant la concrétisation de ce nouveau réseau d’irrigation, l’agrumiculture à Bouira continue de perdre du terrain.


Photo: La majorité des exploitations agrumicoles à Bouira est localisée dans les communes de Kadiria et Lakhdaria

Omar Arbane


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