Algérie

Bouira, futur pôle agroalimentaire Elle attire de plus en plus d'investisseurs



Bouira, futur pôle agroalimentaire Elle attire de plus en plus d'investisseurs
Idéalement située au centre du pays, à une centaine de kilomètres d'Alger, elle relie l'Est à l'Ouest et s'ouvre sur le Sud. Ce n'est pas tout, elle est traversée par le chemin de fer et deux axes routiers névralgiques que sont la RN 5 et l'autoroute Est-Ouest.Pour compléter cette belle brochette d'atouts, cette terre de Hauts-Plateaux, au pied du Djurdjura, dispose d'un patrimoine foncier que l'on courtise assidûment à l'heure où le foncier industriel se fait rare. Dans la réalité, Bouira n'a jamais été plus qu'un carrefour. L'ancien Souk Hamza, le bordj turc qui a donné son nom à la ville, a été érigé au croisement de routes importantes qui desservent l'Est et l'Ouest, le Nord et le Sud.
La légende raconte que les voyageurs qui venaient de l'Est, pour se rendre à Alger, redoutaient de traverser ces contrées hérissées de lentisques gigantesques. Quand ils ne se faisaient pas dépouiller par les bandits de grands chemins, ils risquaient de se faire dévorer par les nombreux lions qui infestaient ses territoires. Aujourd'hui, il n'y a plus de caravanes de voyageurs apeurés. Les automobilistes roulent à tombeau ouvert sur l'autoroute Est-Ouest mais, en général, ils ne connaissent de Bouira que cette façade hideuse de maisons inachevées que l'on aperçoit de loin. Dans le meilleur des cas, ils ont déjà visité Tikjda, la célèbre station d'altitude. La ville, gros bourg provençal, reste méconnue. Pourtant, cette situation d'inertie qui a toujours caractérisé «Tuvirets», comme on l'appelle en amazigh, est en train d'évoluer doucement mais sûrement. Plutôt que de chercher à capter une partie de ces millions d'automobilistes pressés qui ne font que traverser son territoire, la wilaya cherche à attirer des investisseurs créateurs de richesse et d'emplois.
Et elle a déjà réussi en partie, car ils sont quelques-uns à être venus de Béjaïa la voisine, fuyant une vallée de la Soummam étouffée par une circulation automobile démentielle, pour poser leurs pénates sur ces terres de prédilection de la pomme de terre et du mouton. Cevital, Sovac, Soummam, Ifri-Olives, La Belle, pour ne citer que ces groupes, ont déjà acquis des assiettes de terrain et s'apprêtent à lancer des projets, si ce n'est déjà fait. Au prix de 4 DA le mètre carré, alors que cette même unité de mesure est cédée à 20 000 DA à Akbou, quand, par miracle on arrive encore à dénicher un terrain pouvant accueillir un projet industriel. «Il y a des abattements importants. Le terrain est pratiquement cédé au dinar symbolique», souligne un homme d'affaires. A la direction de l'Industrie, de la petite et moyenne entreprise et de la Promotion de l'investissement de la wilaya de Bouira, où nous nous sommes rendus, on est conscient que Bouira peut très bien devenir un pôle industriel important dans un très proche avenir. L'un des premiers industriels à avoir pris conscience de cette possibilité est le magnat Issad Rebrab. Il a déjà lancé deux grands projets à Bouira. Une très grande centrale d'achats côtoyant l'autoroute et un hypermarché à la sortie ouest de la ville.
Située à une quinzaine de kilomètres au sud de la ville de Bouira, au-lieudit Sidi Khaled, sur le territoire de la commune Oued El Berdi, sur la route de Sour El Ghozlane, la zone industrielle de Bouira est d'une superficie globale de près de 400 hectares. Elle dispose de l'eau, de l'électricité, du gaz et d'un accès à l'autoroute. De plus, elle est à un jet de pierre de la rocade des Hauts-Plateaux. Sur place, nous constatons que beaucoup de terrains sont livrés aux excavatrices et autres engins de terrassement. Nadjib Achouri, le premier responsable de la direction citée plus haut est formel : «Le foncier industriel est encore disponible. On peut encore répondre aux besoins de nombreux industriels qui peuvent apporter une plus-value en matière d'emplois et de création de richesse, mais nous avons une nette préférence pour l'industrie de production pas les services», dit-il. Le message est clair. Boudjemaâ Ifri, gérant d'Ifri-Olives témoigne pour sa part qu'il y a une volonté des autorités locales d'accompagner les investisseurs, en leur facilitant et leur simplifiant au maximum les démarches administratives. Le Calpiref local, le Comité d'aide à la localisation et à la promotion de l'investissement et de la régulation foncière a déjà traité 175 dossiers d'investissement. 75 dossiers ont d'ores et déjà été retenus.
Evidemment, Bouira est une région de tout temps connue pour sa vocation agricole, et ses potentialités dans ce domaine ne peuvent qu'encourager une industrie agroalimentaire. C'est le créneau de prédilection d'Ifri-Olives qui vient d'acquérir une importante assiette de terrain pour lancer un complexe agroalimentaire de production de protéine animale et végétale déjà baptisé Ifri-Bio. Il s'agit de produire des plats cuisinés bio : soupes, frites surgelées, purée de pomme de terre, produits de terroir divers. «Il s'agit d'inciter les agriculteurs locaux à produire plus et mieux. Imaginez que Bouira dispose de près de 90 000 hectares dédiés à la production de la pomme de terre et il n'existe aucune conserverie pour ce tubercule», souligne M. Boudjemaâ. Ifri-Bio, ce complexe agroalimentaire dédié aux produits bio va, selon son concepteur, offrir des débouchés pour les produits du terroir et aux variétés locales de toute la région.
«Nous voulons créer un véritable partenariat avec les paysans locaux», dit-il. Dans un premier temps, le projet va générer 600 emplois directs et permanents. Toujours selon notre pionnier du produit du terroir, cette offre d'usine va inciter les agriculteurs locaux à cultiver la tomate, le poivron ainsi que toutes les potentialités qu'offrent des terres fertiles et des ressources hydriques importantes. Située dans la même aire géographique que Béjaïa avec laquelle elle partage la haute vallée du sahel-Soummam et une partie de la chaîne du Djudjura, Bouira ambitionne de devenir un pôle agroalimentaire important. Comme sa s'ur jumelle de l'Est. En tout état de cause, les deux wilayas sont des vases communicants. En attendant de partager un peu plus qu'une vallée : une autoroute.


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