Algérie

Bouira Ces entreprises fer de lance de l'économie



Bouira Ces entreprises fer de lance de l'économie
Publié le 02.10.2023 dans le Quotidien l’Expression
Par Ali DOUIDI

L’air est d’une limpidité de cristal. On s’attend tout naturellement qu’il soit traversé par un vol de pigeon ou le cri de quelque passereau. Mais rien n’accueille nos sens sollicités par tant de beauté que le silence. Un silence si profond qu’il paraît insolite en ce paysage qui tient à la fois de l’urbain et du rural. Amar Khodja, quartier en pleine expansion, ne semble, en effet, se distinguer en rien du reste de la ville qu’il prolonge vers l’ouest jusqu’à la gare routière.
Le salon a attiré beaucoup de monde
C'est dans ce dernier bâtiment qui donne sur la RN18, en allant vers Aïn Bessem que l'école de formation professionnelle vient de s'installer récemment. Avant c'était à Farachati, nous dit-on. Que gagne à cette nouvelle adresse cet établissement qui comptabilise trente ans d'expérience dans ce domaine? Plus d'espace sans doute et plus de silence, condition sine qua non à tout apprentissage.


Nous ravalons notre déception et grimpons quatre à quatre les volées de marches qui nous conduisent jusqu'au deuxième étage. Moins pour nous prouver à nous-même que nous sommes en forme que pour chasser de notre esprit l'idée que cette superbe journée ne soit que le résultat d'une sécheresse qui a ruiné notre agriculture et une partie de nos forêts. Les céréaliers qui ont les yeux rivés au ciel arborent le même front soucieux qu'en janvier, février, mars et avril derniers. Et les oiseaux qui ne trouvent aucun grain, aucun vers à se mettre sous «la dent» n'ont pas l'air plus gai.

Au deuxième étage, la directrice Leila Merzouki reçoit, ce samedi matin, une dizaine d'invités parmi les entreprises privées. Nous en faisions partie, l'ayant rencontrée jeudi matin sur la place Wissam où elle exposait à ces portes ouvertes organisées par la Formation professionnelle.

Un cours de marketing

Le cours auquel nous assistons sur invitation de la directrice porte sur la boutique online. Le prof qui porte la barbe n'a pas un seul poil ni seul cheveu blanc. Quand il affirme devant la trentaine d'élèves que c'est son dernier cours, car il part dès le lendemain en retraite, nous croyons à une blague. Cependant, il ne blague pas et quand l'annonce est faite, il ne suscite aucune réaction parmi la salle. Le prof qui ne paraît pas avoir trente ans s'exprime dans un français irréprochable et quand il termine son cours, il lit dans les yeux de chacun ce sentiment de respect et d'admiration qui salue tout cours magistral.

Le cours a commencé par la nécessité de créer une niche sur un réseau social connu et choisi en fonction des objectifs que l'on se propose d'atteindre. Cette niche n'est donc autre chose qu'un moyen de cibler un public donné. Placer ce produit sur cet espace promotionnel revient à connaître la psychologie de ce public et à l'inciter à acheter. La niche devient ainsi une zone d'influence pour la vente d'un produit. C'est curieux a dit le prof à ce propos: moins la niche est grande et plus important est le bénéfice. Pour montrer que le ciblage doit être précis, il a cité un produit d'usage courant chez l'élément féminin: le rouge à lèvres.

La première stagiaire interrogée sur ce cours est une ingénieur qui connaît ce cours par coeur pour l'avoir déjà fait dans un stage précédent. «C'est simple et c'est clair. Nous avons tout compris et tout saisi.» «C'est génial, commente une deuxième qui affirme elle aussi qu'elle avait bien assimilé le cours. Le troisième est un grand garçon. Voilà ce qu'il écrit sur un papier qu'il nous remet: «Un cours magistral. Il correspond à la demande du marché du travail. Un grand merci pour le prof.»

Ce prof qui s'appelle Oussama Maachi possède des qualités pédagogiques indéniables. Il circule entre les élèves, posent des questions en s'adressant à tous et revient sur chaque étape avant de passer à la suivante pour s'assurer qu'il a bien été compris. On sent qu'il a bien préparé son cours avant de venir l'exposer devant ses élèves.

Nous prenons congé de nos stagiaires, qui sont toutes des filles, à l'exception de ce grand garçon dont nous avons parlé et de ce prof aux allures d'adolescent.

Ambitions et enjeux économiques

Le couloir est bondi de monde. Des gens venus en visiteurs et des stagiaires qui profitent de ce salon pour chercher un emploi. La directrice nous oriente vers deux stands qui excitent notre curiosité. Nous avons beau avoir été avertis, jeudi dernier, de cette exposition, nous saisissons tout de même mal le rapport entre un établissement d'apprentissage et une entreprise chargée de la commercialisation de produits finis comme le yaourt Danone ou autres produits laitiers pour enfants. Les explications fournies par Nassim, le chargé de cette entreprise Distribusam remettent un peu de cohérence dans notre passage sans transition d'un cours sur la façon de faire le commerce d'un produit sur Internet et d'en tirer des bénéfices, et un stand qui expose des produits laitiers mis sur un circuit de vente directe. Cette entreprise, apprenons-nous, dispose d'un dépôt de stockage à Bouira, de six pré-revendeurs, de plusieurs fourgons pour la livraison de ces produits et de dix véhicules pour le démarchage.

Les autres stands sont dans l'aile gauche du bâtiment. Ceux de Lydia Travel et AB Hôtel, dont nous avons déjà dit un mot en d'autres circonstances ne présentent pas un grand intérêt pour nous, car ne constituant pas à nos yeux des facteurs de développement importants. Un fabricant de traits à souder qui dispose de deux ateliers à Chorfa et emploie 140 ouvriers nous paraît plus rentable. La difficulté pour cette modeste entreprise, ainsi que cela nous a été expliqué, est liée au personnel qualifié. «Nous avons besoin d'une main-d'oeuvre diplômée comme d'un ingénieur de maintenance ou d'un ingénieur en génie mécanique», déplore Amazigh, le responsable de cette entreprise. Le Mont Djurdjura, une unité de production d'eau minérale, créée en 2004, est présente aussi à ce salon. Cette production se décline selon Amam, le directeur des ressources humaines. Il emploie quelque 700 travailleurs et l'unité a des projets d'agrandissement.

Nous avons déjà parlé des huit exposants à ce salon. Peut-être nous reprochera-t-on de ne pas être assez entrés dans le détail. Le fait est que notre intérêt procédant de l'intérêt général, nous avons surtout voulu tenir compte de deux paramètres qui nous ont paru essentiels: la libre et rapide circulation des biens et la création de richesse et de postes d'emploi.

Pigma Color était présente à de nombreuses expositions. Lors de la visite du ministre de l'Industrie à Bouira et de son passage à la zone industrielle de Oued El Badri, l'une des premières unités à avoir été visitées en ce mois de juin a été Pigma Color. Et il ne s'organise pas une exposition ou ne se programme pas une visite vers ce site industriel sans que cette unité de production n'y figure en bonne et due place. Cet intérêt des officiels pour une entreprise qui prend de plus en plus de poids dans la balance commerciale s'explique aisément. Tant que le bâtiment va, Pigmacolor, qui semble faite pour ce secteur, va. Une grande partie de sa production lui est dédiée en priorité. Mais Pigma Color existerait bien plus encore, tant qu'existera une maison, car l'autre partie de la production est pour son intérieur: la peinture décorative.

Une entreprise un peu à part

Cette production qui intègre dans sa stratégie deux segments du secteur que sont les bâtiments et l'intérieur des logements est, ainsi que nous l'avions dit, dans une phase d'expansion. Non contente de compter en son sein deux filiales à Bouira, Venixia, elle, a signé il y a huit mois, un partenariat avec Loggia, une entreprise italienne spécialisée dans la décoration des intérieurs.

«Nous visons l'excellence», confesse, toute fière, la représentante de Pigmalion. Au sujet de l'emploi, elle déclare que l'entreprise embauche plus de 380 travailleurs et que «étant donné les nouveaux besoins de main-d'oeuvre» auxquels contraint sans cesse son extension, elle pourrait employer autour de 420 travailleurs dans un proche avenir.

Ces mots venaient à peine de sortir de la bouche de cette responsable que, déjà, trois filles se présentent avec chacune un dossier. Deux étaient des stagiaires. La troisième était une ancienne. Celles qui n'ont pas encore terminé leur stage sont prêtes à mener de front travail et étude. Mais quelle chance ont-elles, donc, toutes les trois? La responsable qui a retenu leurs candidatures, interrogée à ce propos, a promis qu'elle allait étudier leurs dossiers et que la réponse sera en fonction de leurs contenus.

Mont Djurdjura, l'unité de production d'eau minérale et gazeuse a, elle aussi, retenu quelques demandes d'emploi. Moins sans doute que Pigmalion qui a plus de moyens.

Mais Insim, dans tout ça?

Qu'expose, donc, ce samedi, cette école de formation qui organise ce salon des entreprises privées? Il serait absurde qu'ayant répondu présente aux portes ouvertes organisées par la formation professionnelle et ayant eu son propre chapiteau pendant trois jours sur la place publique Wissam, elle n'ait pas songé à participer à sa propre exposition!

«Voici notre stand et voici nos produits, a lancé dans un sourire la responsable, de derrière son bureau. En fait de produits, elle désigne des dépliants qui parlent de l'école, de sa création le 22 janvier 1995 et de l'enseignement qu'elle dispense dans ses classes.

Le diplôme délivré par cet établissement est dit d'État et comporte 6 spécialités en BTS, (marketing, commerce international, comptabilité et gestion, GRH, banque et assurances), et 3 spécialités en BT (achat et approvisionnement, commercial et comptabilité.). La formation dure trente mois, dont six en stage pratique. Les futurs stagiaires doivent justifier du bac ou de la troisième année de lycée.

Pour Mme Merzouki, la directrice de l'école de formation professionnelle Insim, cette rencontre avec les entreprises privées constitue pour ses stagiaires «une grande opportunité» dans la mesure où elle leur permet d'arracher «un contrat avec ces entreprises».

Le slogan sous lequel se place cette formation étant «je me forme pour avoir un job». Le second point développé par notre interlocutrice est de créer à travers de telles rencontres les conditions «de vulgarisation de nos produits».

Enfin, troisième point lié à cette formation ouverte sur le monde des entreprises est le suivant: «Je cherche un job» qui corresponde à mon profil et à ma formation. Cette impression teintée d'un peu de pessimisme par laquelle nous démarrions cette journée, pourtant splendide s'est vite dissipée au contact de ces dizaines de jeunes stagiaires, si enthousiastes et si confiants en l'avenir, et de ces hommes et femmes qui, au sein d'entreprises performantes, se posent en fer de lance de l'économie nationale.
Ali DOUIDI



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