Algérie

Hier et pour la deuxième semaine d'affilée, la situation dans la wilaya de Bouira, du moins dans sa partie berbérophone, restait toujours tendue.Des établissements scolaires, principalement les lycées et les collèges, toujours fermés dans toute cette partie de la wilaya, et des tentatives de marches le long de la RN5 par des lycéens d'Ahl-Ksar, Bechloul et El-Esnam, ainsi que celle de certains lycées de la ville de Bouira, sont dispersées par les forces antiémeutes de la gendarmerie à la sortie-ouest d'El-Esnam et les forces anti-émeutes de la police au niveau de la cité Ouest pour celle de la ville de Bouira.
A Haïzer, tôt le matin d'hier, des collégiens et des lycéens ont déserté les bancs des établissements pour se rejoindre dans la rue sur la RN33, au niveau de la ville pour initier une marche dans laquelle tous les slogans relatifs à tamazight et ceux hostiles au pouvoir sont scandés par les jeunes manifestants.
A Ahl-Ksar, Bechloul et El-Esnam, des dizaines de lycéens ont initié une marche le long de la RN5 avant que les forces anti-émeutes de la gendarmerie, envoyées depuis Bouira, ne les dispersent aux environs de midi.
Du côté de l'université Akli-Mohand-Oulhadj, alors que les cours sont toujours suspendus, vraisemblablement jusqu'à début janvier, puisque, à partir de jeudi prochain, les vacances scolaires et universitaires d'hiver vont commencer. Aux abords de l'université, principalement du côté de l'hôtel Sofy, plusieurs étudiants se sont donné le mot pour converger vers les lieux, mais la police, qui guettait le moindre attroupement, en positionnant des dizaines d'éléments anti-émeutes aux alentours, les dispersait aussitôt. Même les deux cafés qui étaient ouverts et dont les terrasses étaient utilisées par les étudiants pour se regrouper autour des tables servies, ont été sommés de fermer par la police.
Toujours dans la ville, alors que les étudiants n'ont pas réussi à se regrouper, des lycéens ont réussi à organiser une marche en scandant les mots d'ordre en faveur de tamazight et d'autres hostiles au pouvoir avant que les policiers ne les chargent à hauteur de la cité Ouest, alors qu'ils se dirigeaient vers l'université. Quelques minutes après, nous avons appris que quatre citoyens ont été arrêtés lors de cette intervention de la police. Il faut dire que dans la ville de Bouira, la tension était largement perceptible puisque des appels anonymes à des marches pour hier étaient largement partagés sur les réseaux sociaux. Mais en parallèle, des appels au calme et à la retenue ont été lancés pour ne pas laisser le mouvement dévier de sa revendication initiale, à savoir une meilleure prise en charge de tamazight avec la généralisation de son enseignement et l'annulation du caractère optionnel de son enseignement. Aussi, pendant que certains essayaient de dévier ce noble combat pour lequel se sont sacrifiés des centaines de martyrs à travers plusieurs générations, des militants sincères qui se comptent parmi les enseignants de tamazight, des responsables du mouvement associatif ainsi que de simples citoyens épris de paix et de stabilité ont multiplié les contacts ces derniers jours pour recadrer le mouvement de ces derniers jours et rappeler à tout le monde le caractère pacifique de la revendication amazighe. Un caractère pacifique qui a été l'essence même de sa réussite et sa pérennisation à travers les décennies face à un pouvoir qui a toujours cherché à entraîner le MCB, dans les années 1980 d'abord, puis le mouvement citoyen durant le Printemps noir 2001, vers un terrain de violence pour justifier la répression et ses méthodes dictatoriales. Heureusement qu'à chaque fois, le pouvoir butait sur la sagesse et l'intelligence des dirigeants de ces mouvements qui ont adopté, dès le premier séminaire de Yakouren en 1980, le caractère pacifique du mouvement de la revendication de tamazight qui n'est jamais sortie du cadre pacifique, démocratique et des droits de l'Homme.
Aussi, ces derniers jours, lorsque des énergumènes ont cru bon d'amplifier certains dépassements regrettables au niveau du campus universitaire, dans une quête de détournement du combat pour tamazight vers un terrain raciste et racial, entre Arabes et Kabyles, ils ne savaient pas que le noble combat pour tamazight est un combat intergénérationnel qui puise sa philosophie et son souffle depuis le combat de leurs aînés du MCB et, avant eux, des premiers militants berbéristes qui n'ont jamais succombé aux intimidations et aux tentatives du pouvoir de les entraîner vers un terrain d'affrontements.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)