Bouira

La Chambre d'agriculture de la wilaya de Bouira a finalement réussi à lancer la première expérience de l'élevage de poissons au niveau des bassins, au profit d'agriculteurs qui étaient jusque-là réticents ou carrément désintéressés.L'objectif, selon le secrétaire général de la Chambre d'agriculture, M. Akkouche Malek, était d'amener les agriculteurs possédant des bassins d'accumulation d'eau à accepter l'idée d'élevage de poissons dans leurs bassins pour, d'abord, essayer un tant soit peu une autosuffisance en termes de besoins en poissons pour la famille du concerné et pourquoi pas, son environnement immédiat, parents et voisinage ; ensuite, expliquer à l'agriculteur les bénéfices d'un tel élevage ; la présence de poissons à l'intérieur du bassin, étant un facteur de fertilisation à travers les rejets des poissons dans cette eau utilisée pour l'irrigation et qui se retrouve enrichie avec de l'azote. Ainsi, et toujours selon le SG de la Chambre d'agriculture de Bouira, la première idée de lancer cette expérience a germé il y a un peu plus de deux ans, après que le prix du poisson eut atteint des proportions alarmantes. Le ministère de l'Agriculture, du Développement agricole et de la Pêche avait lancé à l'époque un appel aux différents partenaires pour encourager la pisciculture, à savoir l'élevage de poissons dans les bassins ou autres retenues collinaires. Des journées de sensibilisation ont été organisées et de là , des conventions ont été signées entre les Directions de la pêche de certaines wilayas avec les différentes Chambres d'agricultures des wilayas, afin de faire intéresser les agriculteurs à l'aquaculture.A Bouira, et après avoir signé une convention avec la Direction de la pêche de Tizi-Ouzou à laquelle la wilaya de Bouira est rattachée, la Chambre d'agriculture de Bouira s'est lancée dans ce challenge qui 'consiste en l'introduction de la pisciculture dans la wilaya. Aujourd'hui, le résultat est là : la Chambre de pêche de Tizi-Ouzou, en collaboration avec la Chambre d'agriculture de Bouira, a enfin pu concrétiser cette idée en aidant, pour le début, cinq agriculteurs à se lancer dans l'élevage de poissons au niveau de leurs bassins privés.Aussi, ce dimanche, des enseignants de l'ISPA (Institut national de la pêche et de l'aquaculture d'Alger ), le directeur de la pêche de Tizi-Ouzou, le président de la Chambre d'agriculture de Tizi-Ouzou, ainsi que le SG de la Chambre d'agriculture de Bouira et plusieurs cadres de cette Chambre, et des dizaines d'agriculteurs, se sont déplacés sur le terrain, après avoir ramené depuis Sétif cinq poches d'alevins de 300 sujets chacune, pour les lâcher au niveau de ces bassins. L'idée est de faire cette expérience sur terrain, en expliquant aux agriculteurs présents toutes les démarches à suivre pour réussir cette culture de poissons en milieu fermé, au niveau de leurs bassins.Ainsi, méthodiquement, l'enseignant de l'INPA, Lounès Djaâfar, ingénieur d'Etat en aquaculture, expliquera aux présents, sur place devant le bassin, les méthodes à suivre pour réussir l'opération. D'abord, le mesurage de l'eau du bassin et sa température, afin de s'assurer que l'eau est proche du PH neutre qui est de 7, c'est-à-dire ni trop acide, ni trop basique. Et la température de l'eau qui doit être proche de la température de l'eau des retenues collinaires. Ceci tout en rappelant que les alevins sont une espèce résistante, la carpe chinoise qui résiste à la chaleur jusqu'à 40°C et le froid jusqu'à 0°C, ainsi que la famine pendant plusieurs jours. Sur place, les mesures ont donné la température de l'eau testée à 22°C, et le PH à 6,9, c'est-à-dire des données excellentes pour le bassin qui devait, comme il l'expliquera également, contenir auparavant et pendant une vingtaine de jours des sacs en jute, remplis de fumier à base de bouse de vache sèche, lequel fumier, une fois au contact de l'eau, développera les phytoplanctons ainsi que des zooplanctons, qui sont la nourriture idéale pour les alevins qui seront lâchés.Pour avoir une certitude que ces planctons sont développés, il suffit de voir la couleur de l'eau du bassin qui deviendra vert et opaque au bout de ces vingt jours. En outre, pour bien s'assurer du développement parfait des alevins, des jaunes d'œufs pétris sont jetés à l'intérieur tous les trois jours. Mais le plus souvent, une fois le phytoplancton formé à l'intérieur du bassin, la chaîne alimentaire du poisson est assurée avec plusieurs espèces de mouches et autres insectes volants qui y viennent déposer leurs œufs sur la surface de l'eau ; des œufs qui constituent également une nourriture pour les alevins. Lorsque les poissons auront atteint six à sept mois, des compléments en nourriture, avec du son très moulu, sont également souhaitables.Les poissons seront considérés comme comestibles après 12 mois. Cela étant, avant de lâcher les alevins dans le bassin, il faut mesurer également la température de la poche ainsi que le PH afin de s'assurer qu'il n'y ait pas unegrande différence entre l'eaude la poche dans laquelle sont transportés les alevins et celle du bassin. Signalons que cette expérience, qui est lancée au niveau de cinq bassins appartenant à des agriculteurs, est appelée, selon le directeur de la pêche de Tizi-Ouzou qui reste très optimiste, à se multiplier chez d'autres agriculteurs et, pourquoi pas, arriver même à lancer cette aquaculture au niveau de certaines retenues collinaires dont le nombre dépasse la trentaine à Bouira.Rappelons qu'après la phase pratique de la première journée, une phase théorique est organisée durant la deuxième journée en présence des agriculteurs. Des experts et des enseignants ont été appelés par la Chambre d'agriculture de Bouira pour montrer, projections vidéo à l'appui, les étapes de cet élevage, ses bienfaits et les méthodes d'entretien et de récolte au niveau des bassins.