Boufarik: 257 morts dans le crash d'un avion militaire

Peu après son décollage de l'aéroport militaire de Boufarik, un avion de transport de l'ANP, un Iliouchine, s'est écrasé hier à 7h50 dans un champ agricole inhabité.Le bilan de ce drame s'élève à 257 personnes dont 10 membres d'équipage, les passagers sont pour la plupart des personnels de l'ANP et des membres de leurs familles. L'avion devait assurer la liaison avec Tindouf avant de revenir vers Béchar. Selon des témoignages recueillis sur place, l'avion qui venait juste de décoller s'est écrasé dans un champ agricole. Les habitants de la région se dirigèrent immédiatement vers le lieu du crash mais ils n'ont pas pu s'approcher, une épaisse fumée se dégageait de l'appareil après que des flammes aient été aperçues sortant de la carlingue. De nombreux automobilistes empruntant l'autoroute Est-Ouest se sont arrêtés.
Des témoins affirment avoir aperçu des passagers en feu sortir de l'avion et courir dans tous les sens avant de tomber sur le sol. Sur place, il était impossible de s'approcher, un très important dispositif ayant été mis en place juste après le crash, empêchant toute personne de s'approcher, même les journalistes. La Protection civile était présente sur les lieux avec des dizaines d'ambulances (plus de 70) et près de vingt camions anti-incendie. La consternation se lisait sur les visages. Selon un communiqué du ministère de la Défense, les dépouilles des victimes étaient transférées vers l'hôpital central de l'armée à Ain Naadja pour y être identifiées.
Le général de corps d'armée et vice-ministre de la Défense, le chef d'état-major Gaid Salah a écourté une visite d'inspection en 2ème RM et s'est rendu immédiatement sur les lieux du crash pour s'enquérir de la situation et a ordonné la mise en place d'une commission d'enquête chargée de déterminer les circonstances du drame.
Le crash le plus terrible
Le crash d'hier est le premier qui touche directement la flotte des ‘'Iliouchine'' de l'armée de l'air algérienne. Jamais auparavant cet appareil fiable et très sûr n'a enregistré de problèmes de vol, techniques ou autres, dans l'espace aérien national. Il est l'un des plus fiable et sûr parmi les avions militaires et civils actuellement en exploitation dans le monde, et est même utilisé par les missions de l'ONU. Pour autant, plusieurs crash avaient été enregistrés auparavant, ayant concerné des avions américains de transport de troupes ou de matériels de type Hercule C130, outre des accidents, très rares, sur les avions de chasse. Le 30 juin 2003, un Hercule C130 de la base de Boufarik s'est écrasé sur un quartier de la banlieue de Blida, Hai Fettal, dans la commune de Beni Mered. Le crash a fait 15 morts dont les quatre membres de l'équipage. Parmi les onze victimes civiles figurent 9 enfants âgés entre 3 et 15 ans, ainsi que deux femmes. Le C130 assurait la formation d'un pilote, et c'est lors d'un exercice ‘'atterrissage-décollage» que l'avion avait décroché, manquant de poussée, et s'est dirigé vers le quartier Fettal, mitoyen de la base de Boufarik, pour aller s'écraser au milieu des habitations. Se basant sur l'analyse des deux boites noires (enregistreurs de vol et de données), la commission d'enquête sur ce crash avait conclu à l'erreur de pilotage. Cette commission d'enquête était présidée par le général Gouba Saïd, chef d'état-major des forces aériennes.
Le 6 mars 2003, un Boeing d'Air Algérie s'était crashé au décollage de l'aéroport de Tamanrasset, faisant 102 victimes entre passagers et membres d'équipage. Au mois de février 2014, soit onze ans après le crash de Hai Fettal, un autre C130 de l'armée de l'air, appartenant au GLAM (groupement des lignes aériennes militaires) s'écrase, cette fois-ci, près d'Oum El Bouaghi avec à son bord 74 passagers, des militaires et des membres de leurs familles, et quatre membres d'équipage. L'appareil avait décollé de Tamanrasset pour un vol de routine à destination de Constantine. Le C130 s'est écrasé alors qu'il était en phase d'approche de Constantine, faisant 77 victimes, et un jeune militaire a miraculeusement survécu à la catastrophe. L'appareil est tombé au pied d'une montagne alors qu'il effectuait une approche sur la piste de l'aéroport de Constantine. L'appareil s'est brisé en trois morceaux au moment de l'impact, près de Oum El Bouaghi.
L'accident était le plus meurtrier de l'histoire de l'aviation militaire algérienne. Le C130 assurant la liaison Tam-Constantine était le troisième appareil de ce type à se crasher, deux autres ayant été perdus par Air Algérie. Deux ans auparavant, en novembre 2012, un bimoteur des forces ‘'air'' algériennes, un CASA C-295 (cargo tactique militaire développé en Espagne par Airbus Defence and Space) s'était écrasé en France (Lozère). L'appareil transportait une cargaison de papier fiduciaire pour la fabrication de billets pour la Banque d'Algérie. Il avait à son bord cinq membres d'équipage et un représentant de la Banque d'Algérie. Il n'y avait eu aucun survivant. Par ailleurs, le 24 juillet 2014, un Mc Donnel Douglas 80, affrété par Air Algérie auprès de l'espagnol Swiftair pour assurer les vols de nuit Ouagadougou-Alger, s'était écrasé au nord du Mali, faisant 120 morts, dont les six membres d'équipage, tous de nationalité espagnole. Le rapport de la commission d'enquête du bureau enquêtes et analyses (BEA) français avait conclu à l'erreur humaine. En 1994, un B737 d'Air Algérie opérant pour le compte de la société américaine Phoenix s'était écrasé près de la ville de Coventry, dans le centre de l'Angleterre. Les cinq membres de l'équipage, tous des algériens, sont morts. L'appareil assurait le transport de vaches pour une foire agricole à Amsterdam, aux Pays Bas. Enfin, un avion-cargo de type Lockheed L-382 appartenant à Air Algérie, qui assurait le vol AH 2208 Alger-Frankfurt (Allemagne) s'était écrasé en août 2006 près de Piacenza, au sud de Milan (Italie). Les trois membres d'équipage sont morts lors du crash. Quelque temps après, les autorités de la ville de Milan ont érigé une stèle et décerné aux pilotes algériens une médaille de bravoure pour avoir ‘'sauvé l'Italie d'une grande catastrophe, en évitant de s'écraser au dessus de la ville''.