Zineb est apicultrice depuis presque dix ans. Pour exprimer l’étendue de la passion qu’elle voue pour son métier, elle nous confie qu’elle considère ses abeilles comme ses propres enfants. Mais pour se faire une place justement sur le marché du miel, Zineb a du se battre …
Un combat au quotidien. Elle dit avoir développé son sens commercial par nécessité. On ne peut pas être éleveur d’abeilles sans être commercial. Alors Zineb va à la conquête du marché du miel, elle participe aux foires, aux salons… Il faut se faire un nom, prouver sa crédibilité sur un marché «anarchique», «informel»…précise-t-elle.
Son collègue Sofiane, apiculteur aussi, plutôt pessimiste, nous dit que le marché du miel répond à la loi de la jungle: «les requins mangent les petits poissons». Il fait allusion au miel importé qui aujourd’hui «écrase la production locale» ajoute-t-il.
Pour Zineb, la quarantaine, mariée et n’ayant pas encore d’enfants, pas question de céder à la logique de son collègue. Elle se bat et ne rate aucune foire.
Zineb est d'ailleurs comme une abeille dans la pratique de son métier. Elle est tout le temps, en train d’inspecter ses ruches, quand il fait beau. Les abeilles ont besoin de beaucoup d’attention, de suivi…
«Parfois, je suis obligée de rester jusqu’au soir» nous dit-elle.
Son mari est allergique aux abeilles. Elle se fait alors aider par son neveu. Notre apicultrice habite à Boumerdès, plus précisément à Boudaouou. C’est là bas qu’elle a son rucher.
En plus d’un marché désorganisé, anarchique…Le miel selon Zineb souffre aussi d’une concurrence rude. Selon ses propres dires, le nombre d’apiculteurs en Algérie a triplé, mais la production a baissé.
«Il y a de nombreux facteurs qui font baisser la production» souligne-t-elle.
Elle énumère: «le climat, les maladies d’abeilles, la rareté de la pluie…».
Dans le souci d’être encore plus précise, notre interlocutrice, nous confie que la production ne cesse de baisser depuis 2011. Elle regrette le fait que les apiculteurs en Algérie, n’aient aucun représentant.
«Personne ne peut parler en notre nom, on est livrés à nous-mêmes», ajoute-t-elle.
L’apicultrice qui dispose d’une carte de fellah, ne veut pas être pour autant désespérée. Car après tout, elle vit de son métier d’apicultrice, elle qui était avant 2007, une femme au foyer, elle a pu au fil des ans devenir apicultrice et se faire malgré tout une place. Même si dans ses débuts, c’était difficile.
«J’avais fait une demande d’aide au Fonds national de développement agricole, en vain» se souvient-elle.
C’est grâce à une association qui s’appelle Touiza qu’elle a pu concrétiser son projet, une association qui lui a permis de voir son rêve d’éleveuse d’abeilles se réaliser. D’ailleurs, à ce jour, elle ne cesse d’en être reconnaissante.
La production de Zined ne se limite pas seulement au miel des fleurs sauvages ou ce qu’elle appelle "miel multi fleurs", celui de sa région Boumerdès. Elle va au-delà de sa wilaya, à la conquête d’autres régions d’Algérie. Djelfa ou encore El Bayedh. Miel de jujubier que ses abeilles récoltent à Djelfa où la plante du jujubier pousse, et le miel d’Euphorbe, elle le récolte à El Bayedh. Car chaque miel a ses vertus thérapeutiques ou nutritionnelles.
Pour les besoins de la récolte dans des régions ailleurs que sa wilaya, elle transfert ses ruches et le va et vient entre sa région et l’intérieur du pays, elle le fait grâce à une proche et son mari. Elle inspecte ses ruches là bas une fois par mois, et sur place, elle a du engager quelqu’un. Pour le miel du jujubier, c’est 4.400 da le kilo, celui d’Euphorbe à 2.800 da. Le miel des montagnes, lui est fixé à 3.200 da le kilo.
«Les prix sont ainsi abordables, lorsque c’est nous qui les vendons» assure-t-elle.
Zineb, ne nous dit pas quel budget, elle consacre annuellement à l’élevage de ses abeilles. Mais, selon elle, il y a beaucoup de dépenses à faire annuellement: combinaison, gants, caisses, enfumoir…Chaque année, il faut penser à renouveler éventuellement ses accessoires de travail. Récemment, Zineb a acheté 10 ruches et cela lui a couté 100.000 da. Zineb préfère aussi ne pas dire combien elle gagne dans son métier d’apicultrice, mais ce qui est sur, c’est qu’en 2015, elle a récolté près de 5 quintaux de miel.
Pour elle, c’est très peu. Pour le moment l’une de ses préoccupations majeures, est d'écouler la marchandise qui lui reste mais aussi et surtout, de préparer la récolte du mois de mai, à la fleur d’orange, qu’elle récolte de la région de Blida. Le nom de marque de son miel, Zineb l’a baptisée en nom de sa mère, Zahra. Aujourd’hui, ses clients fidélisés au fil des foires et salons, la contacte pour s’approvisionner en miel. Son arme, c’est sa carte de visite.
Nous avons demandé à Zineb, si elle a déjà fait expertisé son miel dans un laboratoire, elle nous répond avec regret par un non.
"C'est nécessaire pour nous éleveur d'abeilles de faire expertiser notre miel, mais c'est tellement cher" avoue-t-elle.
Mais ce qui est sur selon elle, "c'est que le passage par la case laboratoire reste une nécessité si je veux exporter mon miel".
Pour le moment, ce n'est q'un projet.
Hamida Mechaï
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 12/03/2016
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: aps.dz ; texte: Hamida Mechaï
Source : elwatan.com du lundi 7 mars 2016