Tizi-Ouzou - Boudji

Boudji , le chanteur de la paix



Expert en nucléaire, il a quitté son pays malgré lui, pourtant s’il y a bien une phrase qu’il aime répéter c’est “j’aime l’Algérie et les Algériens”.

Pour différentes raisons. Il a préféré s’installer en France peut-être pour mieux “s’éclater” et être reconnu en tant qu’artiste et non en tant qu’homme de sciences mais il a réussi à jumeler les deux. Zennouche Boudjema, c’est de lui qu’il s’agit est originaire du village Aït Laziz dans la commune d’Akbil, daïra de Aïn El Hammam. Boudji comme on le surnomme est l’un de ces artistes qui ont énormément bataillé pour sortir de l’ombre, pourtant il n’avait pas besoin de “l’art”, étant donné qu’il est diplômé en nucléaire, mais pour lui la musique il l’a dans les tripes. C’est durant les années 90 dans les milieux universitaires algérois que Boudji fredonnait des airs universels même si c’est durant les années de la langue de bois qu’il commençait à gazouiller des chansons engagées dans son village. Toujours souriant, ayant toujours de l’énergie à revendre, c’est d’ailleurs ce qui a fait aussi de lui un humoriste invétéré. Vinrent les années noires où l’art ne pouvait côtoyer l’intégrisme islamiste, l’art et l’obscurantisme ne pouvant se “pifer”, Boudji a pris sa valise et est parti sous d’autres cieux pour s’extérioriser et dépenser son énergie qu’il aurait bien aimé dépenser dans son pays ou dans son village et c’est par un matin printanier qu’il a pris son envol afin de s’épanouir et cela lui a réussi puisque c’est grâce à sa façon personnelle et à ses chansons qu’il a acquis la réputation “d’homme international” et “chanteur de la paix”. Auteur, compositeur et interprète, Boudji a acquis ces titres du fait de sa persévérance et de ses idées de même qu’il est aussi défenseur de la liberté de la presse comme il a aussi apporté son soutien comme beaucoup d’autres artistes aux journalistes algériens et maghrébins emprisonnés, ceci en jouant en France et plus précisément lors de la Fête de l’humanité en 2005.

Boudji, qui est son nom de scène est un animateur solo confirmé. Non seulement Boudji compose des chansons,mais il est également l’auteur d’un recueil de poèmes intitulé La raison d’exister. Son dernier album Boudji World Music a été mis sur le marché national ce mois de mai, il comprend onze titres dont certains interprétés en français à l’exemple de Amour, L’histoire de ce monde, ou encore Le déserteur. Son album comprend aussi des titres en anglais comme Peace and love et bien sûr en Kabylie : et c’est dans sa langue maternelle qu’il rend un grand hommage à la maman dans la chanson A yemma.

La JSK est aussi le titre de l’une de ses chansons qu’il a interprétée en kabyle bien sûr ; ne pouvant oublier son village Aït Laziz, il rend aussi hommage à son village en le décortiquant quartier par quartier, fontaine par fontaine dans la chanson Le Dieu des montages. Lors de son passage en Algérie nous l’avons rencontré, nous avons aussi parlé de la “mésaventure” de la mosquée en 2006, il le regrette et il regrette aussi que les gens se taisent. Comme nous avons aussi profité de notre rencontre autour d’un thé pour lui poser quelques questions auxquelles il a bien voulu répondre.

A signaler qu’après s’être produit un peu partout en Europe et aux Etats-Unis, Boudji compte se produire en Algérie durant cet été. Bonne chance Boudji.

B. M.

D. D. K. : Qui est Boudji ?

l Z. B. : Boudji World Music est le nom de Zennouche Boudjemaâ, né le 20 juin 1962 au village Aït Laâziz, commune Akbil, wilaya de Tizi Ouzou, lequel est aujourd’hui auteur-compositeur et interprète mais également écrivain et poète établi en France.

Parlez-nous un peu de votre parcours

l Bachelier, ingénieur en génie nucléaire ayant travaillé pendant 14 ans au centre nucléaire d’Alger. Diplômé en techniques nucléaires de l’AIEA (Agence internationale à l’énergie atomique), Vienne, Autriche, diplômé de paix du GIPRI (Institut international de recherche pour la paix à Genève) Genève, Suisse et Chancelier national de la paix et représentant en France de l’AEWP (Association internationale des éducateurs pour la paix dans le monde), ONG dont le siège est aux USA, titulaire d’autres nominations internationales honorifiques.

De ta fonction d’ingénieur en génie nucléaire, tu as embrassé la chanson et l’écriture, qu’est-ce qui t’a amené à faire ce virage à 360°

l C’est vrai, j’ai carrément fait un virage de 360° vers la chanson. La musique est une flamme qui était enfouie au plus profond de moi-même et qui grandissait chaque jour en moi jusqu’à ce qu’elle prenne le dessus.

Tu as quitté le pays depuis une décennie, comment as-tu trouvé ton village lors de ta visite en avril dernier?

l Depuis environ une dizaine d’années. Je suis revenu six fois. J’ai trouvé mon village illuminé par le beau soleil du printemps et j’ai rencontré aussi plusieurs jeunes et enfants du village, qui m’ont salué à mon arrivée que je ne connaissais pas avant, eux me connaissait bien sûr à travers les médias. Cette visite m’a plongé dans une nostalgie profonde et a réveillé des souvenirs intenses de mon enfance et de ma jeunesse.

Parlez-nous de votre album

l Mon album CD est composé de 11 titres en quatre langues, il a été édité et distribué par le label Belda Diffusion d’Alger. Il est disponible en Algérie chez les bons disquaires. De nos jours, il est très difficile pour les artistes de trouver en Algérie des éditeurs et des maisons de distribution qui s’occupent d’eux et de leurs produits. Ils trouvent beaucoup de difficultés pour faire diffuser leurs produits.

Quelques jours seulement après la sortie de ton album, tu es classé en 1re position au top 20 de Bledgrove. Quel est ton sentiment ?

l Je suis vraiment ému et au même temps très content de me retrouver en première place du Top 20 de Bledgroove parmi presque tous les chanteurs algériens anciens et nouveaux avec leurs tubes, tous styles confondus. Je tiens à remercier le public algérien qui a voté pour moi et m’a fait confiance.

Le nucléaire, la chanson et maintenant l’écriture, un mot sur ton recueil

l Oui, mon livre La raison d’exister a été édité par la maison “L’édition du bout de la rue” Vanves, France, en décembre 2007. Il est en vente dans toute la France. Mon CD album de 11 titres est également distribué en Allemagne depuis novembre 2007 par le label allemand “People to people”.

Propos recueillis par Boudinar M’hanna



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