Algérie

Boudjemaâ El Ankis tire sa révérence


Boudjemaâ El Ankis nous a quittés le 2 septembre 2015. Il était un monument de la chanson algérienne chaâbie, un véritable maître et un être humain d'une bonté extraordinaire. Son décès a été synonyme de perte immense pour le monde culturel algérien de manière générale, mais surtout pour la chanson chaâbie car des artistes de sa trempe, dans ce style extrêmement difficile, se comptent sur les doigts d'une seule main. Durant un demi-siècle de parcours artistique, dans la chanson chaâbie, El Ankis est devenu un véritable pilier dans la même veine de Guerouabi, Ezzahi et Dahmane El Harrachi entre autres. Parler du chaâbi sans citer El Ankis s'apparente à évoquer la littérature française sans citer Victor Hugo par exemple. El Ankis est un pilier incontournable de la chanson chaâbie, voire de la chanson algérienne. Il a réussi à apporter sa propre touche et son propre style au chaâbi comme l'ont fait les autres piliers dont son ami de toujours Ezzahi qui, faut-il le rappeler, lui vouait un respect extraordinaire jusqu'à son décès. Même quand Ezzahi a atteint le summum de la gloire, il n'a jamais cessé de se considérer comme étant un élève du grand maitre qui n'est autre que le fils prodige d'Ait Rahouna, près d'Azeffoun, en Kabylie maritime, mais également de la casbah d'Alger, les deux berceaux étant des bastions du chaâbi. El Ankis n'a pas brillé juste parce qu'il a interprété des chefs- d'oeuvre de Mahboub Bati ou de Mohamed El Badji. Il s'est distingué magistralement parce qu'il a su détourner les musiques de ces génies et d'autres compositeurs en les enrichissant aussi bien par sa façon unique d'interpréter que par ses multiples improvisations sur scène, faisant de lui un chantre en la matière. Quand on écoute les différentes version d'El Kawi, Youm el Djemaâ khardjou ryam, ya bahr ettoufan, Ya lmaknin ezzine, Rah el ghali et tant d'autres merveilles du chaâbi, chantées par El Ankis, on est subjugué et surpris de découvrir qu'elles ont été complètement remaniées par ce monuent, à sa façon et avec son savoir-faire. Quand on écoute pour la première fois la version de la mythique chanson Saâ akhira de Mohamed El Badji, chantée en duo par El Ankis et Ezzahi, le mélomane reste pantois devant tant de génie dans l'interprétation, mais aussi dans l'improvisation. Quand El Ankis et Ezzahi s'associent sur scène, le résultat est spectaculaire et à la limite du magique à chaque fois. Il suffit d'écouter les soirées animées par ces deux géants, disponibles sur YouTube pour s'en apercevoir. Il y a une complicité déconcertante et très attrayante entre El Ankis et El Anka. C'est dire que quand l'amitié et l'art se réunissent, Ils engendrent la perfection. Le véritable nom d'El Ankis est Boudjemaâ Mohand Arezki. Il naquit le 17 juin 1927 à Alger au sein d'une famille originaire d'Ait Rehouna près d'Azeffoun dans la wilaya de Tizi Ouzou. Tout comme une bonne partie des grands chanteurs chaâbis, dont son ami Ezzahi, El Ankis n'a pas produit beaucoup d'albums car pour cette catégorie d'artistes, chanter n'a absolument aucun rapport avec l'activité commerciale. El Ankis a fait ses preuves et est devenu le géant que nous connaissons de par ses prestations magistrales lors de centaines de soirées animées à Alger et un peu partout dans le reste du pays. En Ankis était un grand admirateur de Mhamed El Anka, le maitre des maitres du chaâbi. D'où son choix d'avoir comme nom d'artiste le diminutif d'El Anka, afin que ce geste soit un hommage permanent à celui dont il doit une grande partie de son art car l'ayant profondément marqué et inspiré.
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