Algérie

Bouchebka (Tébessa)



Un poste frontalier pris d?assaut Chaque fin d?année, le même phénomène a lieu au niveau du poste frontalier Bouchebka, situé à quelque 50 km de la ville de Tébessa. En ce 25 décembre, les candidats au voyage, ont défié la rigueur du froid pour se déplacer jusqu?à Bouchebka. Les gens sont venus de toutes les régions de l?Est. Pourquoi, se demandent certains, on apprécie ce poste et pas d?autres, comme Ras El Ayoun ou El Merridj du côté de Ouenza ? Tout simplement, parce que, une fois Bouchebka traversée, on est directement en territoire tunisien et en même temps au poste de la PAF du pays voisin. En tout les cas, ce sont les personnes non véhiculées qui jettent leur dévolu sur le poste de Bouchebka. Il est 7 h et la foule est déjà compacte dans les locaux exigus de la Douane algérienne. Les touristes s?empressent de remplir la fiche pour la déposer au guichet de la PAF. Il fait un froid de canard, car les locaux ne disposent pas de chauffage. On se demande, pourquoi des familles entières sont venues en ce jour glacial au poste de Bouchebka. Un jeune, accosté, nous explique : « Beaucoup de nos concitoyens ont fait le change et ils sont obligés de sortir pour se voir apposé sur leur passeport, le visa de sortie. Sans le cachet sur ce document, ils ne pourront pas avoir droit au change de 2004. » Devant le poste de la PAF, c?est la bousculade. Un agent essaie de mettre de l?ordre. Il demande poliment aux hommes de reculer pour laisser le passage aux femmes. On recule un peu, puis on revient à la charge. Après les formalités d?usage, un agent appelle les titulaires de passeport. Quelqu?un rouspète et se dit lésé. Il ose même dire qu?il y en a qui ont usé de leurs connaissances pour passer les premiers. Les agents de la PAF ne s?énervent pas pour autant. Ils usent même de diplomatie pour expliquer au citoyen énervé qu?ils considèrent tout le monde sur un pied d?égalité. Les esprits se calment et les agents continuent leur travail. Dans la salle, c?est la bousculade. De nouveaux voyageurs sont venus grossir la foule. Malgré le froid. Toutefois, la situation semble aller vers le mieux. Les agents ont opté pour un rythme plus accéléré. Enfin, à 11 h, nous obtenons le fameux visa ou cachet de la PAF. Une fois traversée la barrière, nous sommes au poste tunisien. Là aussi, on se bouscule à qui mieux mieux pour obtenir la fiche et rejoindre la chaîne qui s?étire jusqu?à l?extérieur des locaux de la douane. Le policier demande à un concitoyen si c?est pour rester ou juste pour obtenir le visa. « Une entrée et une sortie SVP. » Le policier s?exécute. Il appose un cachet à l?encre noire et un autre à l?encre rouge. C?est fait, on peut retourner en Algérie. Des centaines de familles ont fait ce petit va-et-vient juste pour régulariser leur situation vis-à-vis de la banque. Maintenant, c?est-à-dire dès l?automne de l?année 2005, ils auront droit à un nouveau change. Cela leur permet de réaliser quelques bénéfices, car, une fois rentrés en possession des 150 euros accordés par la banque, ils pourront les vendre au marché parallèle contre 17 000 ou 18 000 DA, ce qui représente un gain de 3000 ou 4000 DA. Une famille qui dispose de 5 passeports arrive à gagner au change l?équivalent de deux millions de centimes ou presque. C?est ce qui explique la ruée sur le poste de Bouchebka. Cela, nous dit-on, se poursuivra jusqu?au 31 décembre.


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