Bouc émissaire

Il est tout même surprenant, voire renversant, que c'est toujours l'entraîneur qui paye les pots cassés. Le mal n'est-il pas ailleurs ' Les mauvais résultats, toujours imputés au staff technique, bouc émissaire par excellence, lui sont souvent fatales, comme partout ailleurs.A la seule différence qu'ailleurs, l'environnement des clubs est sain, respire la santé alors que de ce côté-ci de la Méditerranée, il est pollué, malsain, voire infect. La différence est de taille quand l'entraîneur subit les pires pressions, travaille dans des conditions exécrables et est soumis à un traitement inhumain. Mustapha Heddane a tout dit dans une seule phrase, lui qui vient de claquer la porte de la JSMB, lassé par les multiples ingérences dans son travail. «Les supporters voulaient m'imposer des joueurs, alors j'ai préféré partir que de me soumettre à leurs injonctions», a-t-il dit après avoir jeté l'éponge. Il n'est pas le seul dans son cas. Tous ses pairs ont, à un moment ou à un autre, subi les mêmes injonctions. C'est pourquoi la valse des entraîneurs a pris des proportions, jamais vues ailleurs. Pourtant, le mal qui ronge nos clubs n'est certainement pas dans le corps des entraîneurs. Tout le monde sait qu'il est plutôt dans la gestion humaine de nos clubs. Comment se fait-il que les supporters s'ingèrent directement dans le choix des joueurs autant que les dirigeants, les présidents et on ne sait qui encore ' C'est trop facile de pointer du doigt les entraîneurs, le maillon faible de la chaîne, alors que les joueurs, royalement rémunérés, n'offrent rien sur le terrain. Pire encore, et Boualem Charef en connaît un bout, ils se liguent souvent contre l'entraîneur pour le pousser vers la porte de sortie quand celui-ci se montre intransigeant, sérieux et refusant les moindres concessions. Les compétences de cet entraîneur sont pourtant connues et reconnues de tous comme pour les autres entraîneurs, tous «liquidés» injustement.