Algérie

Boubker Elmouttahid, un expert en sécurité informatique au parcours atypique



Un cursus scolaire et universitaire classique peut mener vers la réussite professionnelle dans des domaines de pointe. Sans le bac, la réussite dans ces mêmes domaines n'est pas impossible. Avec de la volonté et la conscience de ce qu'on veut vraiment tout est possible. A ceux qui en doutent, le parcours du Marocain Boubker Elmouttahid, expert chez l'éditeur McAfee, rencontré lors de l'ICT Management d'Alger, est un exemple édifiant.
Sans le baccalauréat, ce quitus indispensable dans nos contrées pour espérer accéder à des disciplines scientifiques, Boubker Elmouttahid a quand même pu gravir les échelons dans le domaine de la sécurité informatique, acquérir de hauts niveaux d'expertise et devenir responsable des grands comptes d'entreprises. Quadragénaire, Boubker Elmouttahid, marié et papa de deux enfants, est natif de Rabat. «J'ai étudié à l'école publique jusqu'en classe de terminale, filière scientifique. Je n'ai pas réussi à décrocher le bac». C'était en 90-91. Il n'a pas obtenu de diplômes au Maroc. «Je me suis lancé dans le commerce, pendant près de quatre ans, avec toujours l'envie et l'objectif d'aller vers mes véritables ambitions. J'ai toujours eu un faible pour l'informatique», raconte-t-il.
«En 1996, j'ai émigré aux Pays-Bas où j'ai recommencé ma carrière professionnelle. J'ai débuté par des petits jobs le jour et des études le soir, notamment de langue anglaise. J'ai fait ma propre formation dans le domaine de l'informatique. J'ai rapidement trouvé un poste chez HP où je m'occupais du service après-vente. Au bout de six mois ou plus, je suis passé dans un centre d'appel, Stream Global Services, qui avait comme clients de grands noms de l'informatique, y compris des éditeurs de logiciels. Et là je me suis intéressé plus au domaine des réseaux».
Il continuait à étudier tout en travaillant. «Il faut dire qu'aux Pays-Bas, il y a tous les moyens pour suivre des formations, même en dehors d'un cursus scolaire ou universitaire». «J'ai commencé avec les cartes réseaux, les protocoles, puis je me suis intéressé aux diplômes et certificats que je pouvais obtenir dans ces domaines. J'ai d'abord visé la certification Microsoft. J'ai étudié durement pour passer tous les certificats MCSA (Microsoft Certified Solutions Associate) et MCSI (Microsoft Computing Safety Index), ainsi que d'autres, pour lesquels j'ai consacré plus d'un an», raconte notre interlocuteur.
Son travail au centre d'appel lui a donné une proximité avec des grands noms de l'informatique. Il tente sa chance à la moindre opportunité. En mars 2000, il est recruté par McAfee, l'éditeur de logiciels de sécurité (anti-virus,…), devenu depuis fin 2010 filiale du géant Intel, le fabricant américain des microprocesseurs d'ordinateurs. «J'ai d'abord été chargé du support des comptes français et nordiques de McAfee. J'ai commencé à me familiariser avec la terminologie et les techniques de lutte contre les virus et autres attaques informatiques». Une formation en interne était nécessaire pour rentrer dans le moule de la boîte. Au bout de quelques mois, il est nommé «team lead» pour diriger une équipe d'ingénieurs de très haut niveau pour assurer un service «Platinium Support» dédié à certaines entreprises, clientes de McAfee, y compris en Algérie. «J'ai eu des comptes comme Air France, Sonelgaz (en 2002), Renault, Ikea, Nokia, Ericsson, et bien d'autres grandes entreprises dont on se chargeait des questions de sécurité de systèmes d'information».
Son métier est non seulement de «fixer les problèmes» (les résoudre) mais également d'alerter les directeurs des systèmes informatiques (DSI) de ces entreprises sur les menaces informatiques dès qu'elles sont signalées, et des mesures à prendre. «J'ai passé mon premier examen de sécurité informatique chez McAfee. C'était le "Comptia Plus", mon premier diplôme de sécurité, que j'ai obtenu en 2005. J'ai commencé, à ce moment-là, à investir davantage de temps et de moyens dans d'autres études dans ce domaine passionnant. J'ai passé plusieurs formations pour obtenir le CISSP (Certified Information Systems Security Professional), qui s'adresse aux professionnels de la sécurité informatique et réseaux. C'était vraiment une référence, en 2006, d'avoir un tel certificat. Il y avait environ 10.000 à 12.000 diplômés dans le monde à cette époque là», continue Elmouttahid.
L'appétit vient en mangeant, Boubker envisage d'aller encore plus loin dans la certification en matière de sécurité informatique. Il obtient coup sur coup le CISM (la certification pour le management de la sécurité des SI) et le CRISC (Certified in Risk Information System Control).
La volonté précède la réussite
En 2007, il accède au grade d'ingénieur chez McAfee. Il a en charge des grands comptes d'entreprises et responsable de tout ce qui est présentation et démonstration des produits de la firme de sécurité informatique. Trois ans plus tard, il est nommé «architecte solution sécurité» au sein de la division «Security Management» de McAfee en raison de sa «connaissance des technologies du marché de la technologie».
Une décennie chez McAfee a permis à Boubker Elmouttahid de connaître tout le portefeuille logiciel de la société. «J'ai installé et j'ai fait des démonstration sur tous les produits McAfee». Hormis une filière scientifique dans l'éducation au Maroc, notre interlocuteur n'a pas démarré de connaissances solides en mathématiques ou en informatique. Son véritable atout professionnel c'est de chercher à être «tout le temps à jour» des problèmes de sécurité dans les systèmes informatisés. Ses résultats, il les doit à sa volonté de réussir et d'avoir une vision claire de ce qu'il veut, à savoir se «hisser parmi les meilleurs» dans ces domaines. Car, comme il l'explique lui-même, «avoir un travail, une famille, une maison et une voiture», comme c'est le souhait de tout émigrant, «ce n'est pas suffisant pour moi». «Je voulais marquer ma présence en tant que Marocain et Arabe par la réussite dans des domaines de pointe. Donner une image que les gens ne voient pas dans les médias». Sa recette c'est de «rester positif», croire en ses «propres compétences» et d'utiliser tous les «shortcuts» (raccourcis) «qu'offrent des systèmes de formation non conventionnels contrairement à nos systèmes statiques (au Maghreb, ndlr)», affirme Boubker Elmouttahid. Aux jeunes qui souhaitent quitter leurs pays, il conseille : «Il ne suffit pas d'aller à l'étranger pour réussir ou changer sa vie en mieux, parce que là-bas aussi il y a des gens qui souffrent et qui veulent changer leur vie. Il faut y aller avec la volonté de réussir. Et si vous ne l'avez pas chez vous, vous ne l'aurez pas ailleurs. Et si vous n'avez pas tenté de réussir dans votre propre pays, vous avez de très faibles chances de réussir ailleurs», conclut-il.




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